Des poutres de bois en guise de bancs, un toit en tôle troué et des murs en paille. À Amato, petit village du centre du Togo, les élèves tentent d’apprendre à lire et à écrire tant bien que mal. Depuis la création de l’école il y a 20 ans, ils sont de plus en plus nombreux à venir étudier, mais l’école n’a toujours ni chaise ni pupitre.
Indigné par la situation des élèves d’Amato, Oscar, membre d’une association humanitaire pour le développement du Togo nous a envoyé ses photos. Il dénonce le manque de moyens alloués à l’éducation dans son pays.
« Seul le directeur est titulaire du poste, les autres enseignants ne dépendent pas du ministère de l’Éducation et doivent être rémunérés par les parents ! »
« À Amato, l’école primaire a été créée en 1994 mais le bâtiment n’a jamais été construit. Du coup, c’est du bricolage. Il y a cinq salles de classe : certaines sont entourées par des murs en paille et d’autres n’ont même pas de cloisons, ce qui donne l’impression que les élèves ont cours en plein air. Les toits sont en tôle ou en paille, mais dans les deux cas, cela ne permet pas d’isoler la classe. Quand il pleut, tous les élèves rentrent chez eux. Lors de la saison des pluies en été, il n’y a quasiment pas cours pendant trois mois !
Certaines salles sont collées et il n’y a qu’un mur en argile partiellement construit pour faire office de mur. Alors, on entend le professeur de la salle d’à côté faire cours, ce qui n’est pas pratique du tout pour se concentrer.
En CP et en CE1, les enfants n’ont ni table ni chaise, ils sont obligés de suivre les cours assis sur des poutres construites avec des bouts de bois. Lors de ma visite, le directeur de l’établissement m’a montré le matériel scolaire reçu par l’école : ils ont à leur disposition quelques cahiers, mais à quoi ça sert quand les élèves n’ont pas de table pour écrire ? En CE2, les enfants ont des bancs, même s’ils sont à 5 sur le même… Il faut attendre le CM1 et CM2 pour que les enfants aient enfin des chaises et des tables.
« Il n’y a pas de cantine, ce sont des dames qui arrivent à la récréation et qui servent à manger mais il faut avoir un peu d’argent sur soi »
Quand elle a été inaugurée, cette école comptait une cinquantaine d’élèves, aujourd’hui ils sont près de 200, parce qu’il y a de plus en plus d’enfants scolarisés. Mais pour tous les accueillir dans de bonnes conditions, il faudrait plus de moyens. Seul le directeur est titulaire du poste, les autres enseignants ne dépendent pas du ministère de l’éducation et doivent être rémunérés par les parents !
Le problème, c’est qu’il s’agit d’un petit village très pauvre et que les parents ont à peine de quoi payer les professeurs. Ici, la plupart des habitants sont des paysans, analphabètes et très pauvres.
Certains élèves suivent le cours à même le sol. Photo envoyée par notre Observateur.
Il n’y a pas de cantine, ce sont des dames qui arrivent à la récréation et qui servent à manger mais il faut avoir un peu d’argent sur soi. Sur 20 élèves, seuls trois vont avoir de quoi se payer quelque chose à manger. Les autres attendent que l’école soit terminée et mangent chez eux. Par ailleurs, il n’y a pas d’accès à l’eau dans l’école, des dames apportent des bidons mais l’eau, puisée dans la rivière voisine, est marron.
L’eau que les enfants boivent à l’école. Photo envoyée par notre Observateur.
Ces conditions ont poussé plusieurs familles à retirer leurs enfants de l’école. Il y a aussi des élèves qui renoncent en cours de route. Quant aux familles plus aisées, celles qui ont les moyens de payer les frais de transport, elles envoient leurs enfants dans de meilleures écoles, dans les villages voisins.
Le chemin menant à l’école. Photo envoyée par notre Observateur.
Au Togo, plusieurs écoles sont dans un très mauvais état, surtout dans les zones les plus pauvres. Les seules écoles dont les bâtiments sont neufs et bien entretenus ont été aidées par des ONG.
Contacté par France 24, l’inspecteur chargé des écoles dans la circonscription d’Amano n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Selon le dernier rapport de l’UNESCO au Togo, après six ans de scolarité en moyenne, 28 % des adultes ne savent pas lire. Par ailleurs, même si le taux de scolarisation a été multiplié par cinq en dix ans, 7 % des enfants d’une tranche d’âge n’ont toujours pas accès à l’école.
Maëva Poulet
{fcomment}