Arsène Dogba explose ! Ouattara, Mamadou Koulibaly,France, Cpi… le politogue dit tout.

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Quand la crise post-électorale éclate, il est à Abidjan. Beaucoup se souviennent quand ce politologue et cadre du Fpi expliquait lors des débats toutes les magouilles de la France Sarkozyenne sans être écouté. Quand les soudards « dozos » de Ouattara prennent Abidjan, il s’exile à  Acrra avant de repartir à Londres où il  vivait avec sa famille. Quand les conditions de vie au Ghana deviennent insupportables pour les réfugiés ivoiriens, il décide d’aller porté son aide comme interprète. Depuis, il n’a plus quitté ses frères réfugiés.

Le Lynx l’a rencontré dans son exil ghanéen. Ici, l’homme parle de Ouattara et de sa dictature. Il explique comment la France, hier, grand soutien de Ouattara est devenue pratiquement invisible à cause des propres difficultés économique de ce pays. Il ne fait aucune concession avec la Cpi et parle du Pr Mamadou Koulibaly qui aurait par ses sorties irresponsables  causé la mort de l’ex ministre de l’intérieur Désiré Tagro. Le drame ivoirien après trois ans de pouvoir de Ouattara en un clic. Lecture !

Lynx.info : Que reste-il des 1100 milliards de Francs Cfa que Ouattara attendait de ses amis de la communauté internationale pour relever la Côte d’ Ivoire ?

Arsène DOGBA: Votre question soulève celle de savoir si les occidentaux sont encore à mesure de mettre autant d’argent à la disposition d’un pays africain, fut-il la Cote d’Ivoire?

Je crois que non, l’occident qui a du mal à surmonter les effets négatifs de la récession économique qu’il a subi ne se permettrait jamais une telle générosité à l’égard d’un pays africain. En dehors de quelques aides au développement dont le poids reste marginal au regard de ce que le régime attendait, il n’y a pas eu de mouvements financiers d’envergure du type dont vous faites référence de l’occident vers la Cote d’Ivoire. C’est plutôt à des mouvements financiers dans le sens contraire que les ivoiriens assistent, impuissants. Les dettes contractées par Ouattara depuis qu’il a eu l’ambition de diriger la Cote d’Ivoire en 1990 sont énormes. Il fallait que Ouattara les repaie cash ou les convertisse en dettes publiques pour que l’Etat de Cote d’Ivoire en endosse la lourde responsabilité, une fois qu’il ne sera plus là. C’est ce qui justifie la folie meurtrière qui a conduit au changement de régime en 2010. Passé cette occasion où Ouattara a été fait candidat exceptionnel par Gbagbo, ses créanciers savaient qu’il leur serait presqu’impossible de recouvrer leurs dettes; Son âge assez avancé, son état de santé préoccupant et la forte probabilité de voir sa candidature rejetée encore en 2015, s’il n’était pas président en 2010, ont renforcé la détermination des occidentaux à le placer à la tête de la Cote d’Ivoire en violation du droit international. C’est en réalité dans un exercice de blanchiment de dettes privées que Ouattara et ses alliés sont au détriment du peuple ivoirien.

Finalement le rêve de voire une justice impartiale en Côte d’Ivoire n’aura été que théorique. Beaucoup dise qu’Alassane ne sciera la branche sur laquelle il est assis. C’est votre avis aussi ?

C’est vrai qu’il ne le fera jamais, mais heureusement, pour les victimes proches de Gbagbo, cette situation ne résistera pas au temps et aux circonstances. La « justice internationale » continue de trainer les pas pour délivrer les mandats d’arrêt contre les pro-Ouattara, c’est vrai, mais tôt ou tard Ouattara, Soro Guillaume et leurs chefs de guerre seront rattrapés par la justice. Ils peuvent donc continuer à jouir de la protection de leurs soutiens occidentaux, mais qu’en sera t-il quand ceux-ci ne seront plus aux commandes dans leurs pays respectifs?  Nous savons tous que le départ de Sarkozy a allégé le poids des soutiens de Ouattara au plan international. Il en sera davantage ainsi quand Obama, et ses alliés de l’Union Européenne ne seront plus au pouvoir. Tous les bourreaux et certains de leurs sponsors seront poursuivis et aucun gouvernement digne ne refusera de les livrer à la CPI. Qu’ils sachent donc que le ciel ne restera pas toujours bleu.

On a vu des journalistes tués ou enlevés. On a même lu dans les journaux que le garde corps d’Affi N’Guessan avait été tué à bout portant. Comment expliquez-vous que ce que la presse française ne tolérait  pas à Laurent  Gbagbo soit un non dit  avec Ouattara ?

C’est simplement parce que Ouattara est l’allié et le sponsor de la France en pleine récession économique. Et, vous comprenez que ce n’est pas aisé de tirer sur un tel partenaire ou son régime. La France a le contrôle de presque tous les secteurs stratégiques de l’économie ivoirienne sous Ouattara, alors comment voulez-vous que la presse Française officielle qui est sous l’autorité du ministère français des affaires étrangères tire sur lui? Ce serait mettre en péril les intérêts français en Cote d’Ivoire. Avec Ouattara au pouvoir, sans exagérer, on peut affirmer que la Cote d’Ivoire fait partie intégrante de la République Française. Un pays dont les affaires étrangères, la sécurité et la défense, l’économie et la monnaie sont aux mains d’un autre Etat ne peut revendiquer une quelconque souveraineté; car ces secteurs constituent les piliers de la souveraineté d’un Etat.

Des opposants comme Mamadou Koulibaly ou Meg Théodore invitent les Ivoiriens à se faire recenser. Pourquoi le FPI appelle t-il au boycott ?

Koulibaly est un grand intellectuel, mais son attitude est difficile à expliquer. Je ne sais pas pourquoi, mais je constate qu’il est toujours en retard sur l’évolution de la politique ivoirienne. Soit il ne comprend rien des événements politiques dans son pays, soit il contribue exprès au pourrissement des situations. Observez à froid ses faits et gestes, et vous verrez qu’il fait partie des maux dont souffre la Cote d’Ivoire. Il fait partie des agents politiques qui se sont retrouvés autour du président Gbagbo pour déstabiliser son régime. Et, il a bien fait son travail. Parce qu’il est souvent en retard sur les événements et qu’il est farouchement opposé au FPI, il minimise toujours les revendications faites par le FPI et n’hésite pas à prendre des positions qui mettent souvent en péril l’avenir du pays. Il a adopté cette position sur la question de la nationalité ivoirienne et la victoire du président Gbagbo en 2010. Mais, son incohérence a aussi causé la mort de Désiré Tagro qu’il a accusé à tord de ne recruter que des personnes de son ethnie à la police nationale. Son présent appel au recensement rentre dans sa curieuse logique d’opposition systématique aux revendications du FPI, même quand elles sont légitimes. Sinon comment comprendre qu’un chef de parti se face recenser alors qu’il ignore les contours administratifs et politiques de l’opération. C’est lui même qui l’affirme dans un texte qu’il a publié le 03 Avril 2014  où il dit être surpris qu’une 171ème catégorie existait sur la fiche de recensement; celle de l’«Ivoirien sans précision». Il s’offusque même que le directeur de l’INS qui l’a recensé lui aie caché cette mention. Quelle confiance peut-on faire à une telle personnalité, surtout quand celle-ci a déjà trahi. Quel citoyen sérieux confierait son destin à un tel leader? On se rappelle qu’au moment où, Président de l’Assemblée Nationale, les ivoiriens s’attendaient à ce qu’il défende les institutions républicaines, Mamadou a choisi l’exil au Ghana et une fois de retour au pays, il s’est rangé du coté de l’ennemi.

Pourquoi le FPI appelle t-il au boycott du recensement? ma question reste posée.

Simplement parce que l’opération n’est pas opportune. Avec plus de 100 milles ivoiriens contraints à l’exil, environ un millier en prison, plusieurs localités à l’Ouest, sont totalement vidées des autochtones et repeuplée par des burkinabé. Comment voulez-vous qu’un recensement général se fasse dans de telles conditions?

On pensait  votre parti fini au lendemain de la crise qui a marqué l’arrestation de Laurent Gbagbo et sa déportation à la Haye. Finalement le FPI semble plus debout que jamais. Le secret ?

Le secret du FPI se trouve dans la conviction de ses militants et dans leur détermination à transformer la Cote d’Ivoire en un Etat de droit. La répression a été extrêmement violente au lendemain de l’arrestation de Laurent Gbagbo suivi de sa déportation à La Haye; c’est vrai que cela a quelque peu retardé la machine FPI, mais cette dictature n’a pas eu d’effet majeur sur la détermination des militants pour l’avènement d’une société plus juste, plus équitable et plus respectueuse des droits humains. Leur objectif est inchangé. La Cote d’Ivoire doit devenir un état de droit, disent-ils. Alors plus le régime en place s’éloigne de cet objectif, plus le FPI se sent obligé d’agir pour sauver la démocratie. Je suis persuadé que si le pouvoir Ouattara était moins répressif et que les acquis démocratiques étaient préservés, la remobilisation des militants du FPI aurait été quelque peu timide. Bien que la répression se poursuive à ce jour, elle est loin de mettre à mal, chez les frontistes, cette ambition d’une Cote d’Ivoire moderne. La foi en une Cote d’Ivoire démocratique est restée ferme, inébranlable, même chez les prisonnier et les exilés, malgré les actes inhumains et dégradants dont ils sont victimes. Alors la libération des membres de la direction de ce parti n’a fait que renouveler leur engagement et relancer les activités de leur parti. Les effets de la dictature Ouattara ont produit l’effet contraire. Je crois que le train de la lutte pour la démocratie est relancé depuis et il n’y aura plus de stop, ni  de marche arrière; pas même les honteuses élucubrations de Joel Nguessan et Amadou Cimetière, respectivement porte parole et SG du RDR, parti au pouvoir, ne feront reculer les militants du FPI.

À Lider de Mamadou Koulibaly  comme dans les écrits du journaliste Venance Konan, on accuse le FPI de se focaliser trop sur la libération de Laurent Gbagbo…

Quel est leur problème? La libération de Laurent Gbagbo, ses proches et celle de l’ensemble des militants du FPI devait être une affaire de toute l’opposition ivoirienne. Mais, malheureusement, en Cote d’Ivoire, chacun croit que le malheur n’arrive qu’aux autres. Apres avoir claquer la porte au FPI, il ne reste plus à Mamadou qu’à respecter la position de ce parti sans faire trop de commentaires. Quand au sieur Venance, je ne l’ai jamais pris au sérieux parce qu’il n’est pas constant.

Le 05 décembre 2011 sur France 24,  Florent Geel, directeur Afrique de la (FIDH) fixait de trois à sept le nombre de pro Gbagbo qui devrait se retrouver à la Haye. Êtes-vous convaincu que pour les Alliées de Ouattara le vœu est de voir l’autre camp à la Haye ?

C’est malheureusement à cela qu’on assiste depuis. Mais, au lieu de 5 ou 7 pro-Gbagbo seulement, Florent Geel, peut demander la déportation de toute la direction du FPI à La Haye si cela peut lui faire plaisir. Qu’a t-il fait jusque là pour que les chiens de guerre et leurs sponsors (Ouattara, Sarkozy et Blaise Compaore) soient transférés à La Haye? Rien. Toutefois, je ne crois qu’il a le même avis aujourd’hui.

Pour Mamadou Koulibaly du parti  Lider le seul fait que  Konan Banny ait été un acteur actif de la crise ivoirienne fauche déjà la réconciliation. Quel bilan faîte vous de la réconciliation depuis deux ans ?

Dans le cas précis, on ne parle de bilan que lorsque l’on a été témoin d’un travail fait. Or l’institution dont vous parlez, si j’ai connaissance qu’elle été créée, je ne sais pas si elle a travaillé. Pour moi, elle a été mise sur pieds pour donner un revenu à Konan Banny, c’est sa part du gâteau après leur bêtise du 11 Avril 2011. Rien d’autre. On nous dit que la CDVR doit réconcilier les ivoiriens, alors que l’initiateur, Ouattara, n’a jamais voulu que les ivoiriens soient réconciliés. Ce qui explique d’ailleurs le choix de Konan Banny, l’un des acteurs principaux de la crise ivoiriens. Il n’y a donc pas de bilan à faire pour une institution qui n’était pas créée pour travailler.

Aller aux élections en donnant sa caution au RDR ou se présenter aux élections comme tout  parti responsable. Dans quel cas le PDCI d’Henri Konan Bédié peut-il sortir plus affaibli ?

Vous avez dit, « parti responsable », mais est ce qu’on peut dire du PDCI qu’il est encore responsable quand son Congrès manipule ses propres textes fondamentaux pour faire de Konan Bédié, un vieillard largement dépassé par le temps, son président. Le fait d’avoir choisi Bédié comme président induit que ce parti n’aura pas de candidat parce que je ne vois pas cet aristocrate soutenir une candidature PDCI en dehors de lui-même…alors qu’il est très très vieux. Le parti de Houphouët-Boigny a perdu tout repère et sort donc du cadre d’une formation politique normale sur laquelle l’on peut pronostiquer. Toutefois, je peux vous affirmer que dans un cas comme dans l’autre, le PDCI qui gère le pouvoir avec l’ex-rébellion sortira très affaibli.

Interview réalisée par Camus Ali

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