Analyse de CVU Togo : le pouvoir et la désinformation

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Après que Faure GNASSINGBE ait été intronisé le 3 mai, sans légitimation du peuple togolais, à l’issue d’un scrutin entaché de graves irrégularités, fondant son invalidation, sa légitimité politique reste aussi ténue en 2010 qu’en 2005. De surcroît, elle est contestée par un nombre toujours plus important de filles et de fils du Togo tout entier !

Le voilà aujourd’hui bien embarrassé, pour former un gouvernement, dans la mesure où celui-ci, quelque soit l’origine et la qualité des participants n’aura pas la légitimité du suffrage universel, tout comme ceux qui se sont succédés durant les cinq dernières années. A moins que la volonté de bonne gouvernance et de changement du Peuple togolais soit entendue !

Faure Gnassingbé se trouverait dans une impasse qui l’obligerait à gouverner seul, si les partis politiques composant le FRAC (Front Républicain pour l’Alternance et le Changement), OBUTS (Organisation pour Bâtir Un Togo Solidaire), le CAR (Comité d’Action pour le Renouveau) et bien d’autres, les mouvements citoyens et associations défendant les droits humains au Togo ne parviennent pas à un véritable consensus politique salutaire pour le Peuple togolais.

La nomination trois jours après sa démission, de Gilbert Fossoun HOUNGBO comme nouveau Premier Ministre, sans avoir présenté au Peuple togolais une feuille de route précise, illustre bien la situation de crise politique que nous ne cessons de dénoncer et l’impasse politique dans laquelle se trouve le pouvoir sortant.

Quel que soient l’origine et la qualité des potentiels participants à ce qu’il appelle «  équipe de grande compétence et de large ouverture », celui-ci souffrira d’un manque de confiance chronique, conséquence directe du système de falsification du suffrage universel, auquel Faure Gnassingbé a recouru lors du dernier scrutin présidentiel. Cette panne d’inspiration le contraignant à faire du neuf avec du « vieux », ouvre la porte à l’improvisation et ne présage rien de bon pour la situation personnelle de millions de nos compatriotes.

Cette démarche montre qu’il ne se soucie guère de la situation de précarité du Peuple togolais !

Après avoir déjà sacrifié beaucoup de candidats au poste ministériel sur l’autel de la soumission à un système présidentiel autocratique, Faure GNASSINGBE et le RPT savent bien aujourd’hui que le réservoir des prétendants se réduit comme une peau de chagrin ; et que les bonnes compétences ne souhaitent plus briser leur carrière en s’associant à ce régime, même pour pouvoir faire bonne figure demain.

Mais il s’agit bien pour Faure GNASSINGBE de faire bonne figure, à l’égard du Peuple d’abord, puis d’une certaine Communauté internationale, adepte de l’amnésie et du silence, pourvu que ses intérêts ne soient pas mis en cause.

Tout le système RPT et une partie non républicaine de l’armée s’agitent beaucoup aujourd’hui, pour tenter de semer la division et la zizanie dans les rangs des partis de l’opposition qui représentent aujourd’hui les forces de l’alternance. Ces derniers ayant engagé une lutte de longue haleine pour la vérité des urnes et des comptes publics, dans l’unité d’action et sans violence.

Paradoxalement, en recourant à la force avec les moyens de l’Etat et en s’appuyant sur des réseaux anti-démocratiques, le Pouvoir togolais a unilatéralement « décrété » que tous les coups sont permis. Ce faisant, la Nomenklatura et ses affidés montrent à suffisance qu’ils ne s’embarrassent guère de principes démocratiques et encore moins éthiques, dans l’exercice de leur gouvernance dont les résultats sont en train de d’amener le Togo au rang des Etats défaillants en attendant celui d’un Etat voyou.

Ce vendredi 7 mai, par une action concertée officialisée sur le site officiel de la République togolaise, republicoftogo.com -devenu au fil du temps un organe de communication propagandiste annexé par le RPT et non un espace d’information reflétant le pluralisme de la République- certains médias de la sous-région, sous influence d’un « nègre blanc » très proche du cercle présidentiel, ont tenté de faire croire, bien malhabilement à un ralliement de l’opposition derrière Faure Gnassingbé. Il s’agit d’une manipulation !

C’est ainsi, que le journal ivoirien NUIT et JOUR, sous la signature du journaliste Michel ZIKI, indique : « Selon une source proche du palais présidentiel togolais, Akoto YAO, lors de cette mission aurait rencontré à trois reprises, le président Faure Gnassingbé. Mais, bien avant, il s’est entretenu avec la coalition des partis d’opposition dirigée par KODJO Agbeyomé, ex-Premier ministre d’Etienne Gnassingbé Eyadema. A sa sortie des deux audiences, l’ancien collaborateur de Bédié n’a pas jugé utile de s’adresser à la presse togolaise. Cependant, certaines indiscrétions font état de ce que Pablo a longuement débattu des questions brulantes de l’actualité sociopolitique togolaise avec le président Faure et son opposition »… « Egalement, il a demandé à KODJO Agbeyomé et à ses partisans d’accepter d’entrer dans le nouveau gouvernement »…

On notera que Michel ZIKI ne fait pas état d’une conversation et encore moins d’une interview de M. Akoto YAO, mais de certaines « indiscrétions ». Mais ces indiscrétions proviendraient de qui ? Rien ne permet actuellement de ne pas croire que tout ce remue-ménage ne proviendrait pas de ceux, au Togo, qui cherchent, par tous les moyens souvent maladroits, à gâcher la réputation de ceux qui promeuvent la vérité des urnes ?

Puis il poursuit toujours aussi péremptoirement : « Cette démarche d’Akoto YAO aurait été vivement saluée par les deux parties. Au point où les opposants auraient, somme toute, décidé d’agir dans le sens qu’il a souhaité. Ainsi, il ne serait pas étonnant que les tous prochains jours, la coalition de l’opposition togolaise fasse une déclaration publique pour reconnaître officiellement la victoire du président Essozimna GNASSINGBE. Et que, consécutivement à cela, elle accepte d’entrer dans le nouveau gouvernement  ».

Décidément ces propos dithyrambiques frisent le délire verbal, surtout quand il écrit à propos de cet émissaire, membre de la délégation du Président Laurent GBAGBO ayant pris part le 3 mai dernier à l’investiture de Faure GNASSINGBE : «  Quand un médiateur ivoirien sauve le Togo  » !

Mais nous voyons tout de suite plus clair sur le but poursuivi, lorsque Michel ZIKI, rapporte aussitôt après : …«  C’est donc, au vu de ce travail d’hercule abattu par l’ex-député de Sakassou que le président togolais a mis son avion spécial à la disposition du médiateur ivoirien »…

Cet article, fut aussitôt relayé le même jour, vendredi 7 mai, par le site officiel togolais « republicoftogo.com », sans doute par le plus grand des hasards, sous le titre « Akoto Yao, sauveur du Togo ? », par un entrefilet de onze lignes qui fait observer : …«  Pour étayer ses affirmations, Nuit et Jour cite une mystérieuse « source proche du palais présidentiel togolais ». Connaissant le peu de rigueur de la presse ivoirienne et sa propension à publier rumeurs et fausses informations, l’article incite à la plus grande prudence »… Soyons prudents, mais en attendant le mal est fait et la calomnie et le mensonge sont distillés !

Compte tenu de son style fort connu, il y a de moins en moins de doute sur l’auteur « blanchement togolais », et il y a fort à parier que c’est la même plume qui a inspiré les deux articles. Ce communiqué est donc un démenti formel aux prétendues annonces, complètement farfelues, d’un « envoyé spécial », qui semble avoir répondu à des motivations bassement matérielles, qu’ont pu lui fournir les commanditaires de cette opération « d’apprenti médiateur ».

Comme point d’orgue à cette entreprise dont on devine bien la finalité, Agbéyomé KODJO, président d’OBUTS a reçu deux courriers officiels datés ce même vendredi 7 mai.

L’un émane du nouveau premier Ministre Fossoun HOUNGBO, nommé le jour même, qui indique : «  Le Chef de l’Etat, fidèle à sa politique de main tendue, m’a donc demandé de former une équipe de grande compétence et de large ouverture. Dans ce sens, je serai heureux de pouvoir échanger avec votre parti sur les différentes questions liées à la formation du gouvernement le lundi 10 mai 2010 à la Primature ».

L’autre est adressé par la vice-présidente de la Commission Vérité Justice Réconciliation qui précise : « C’est avec une attention particulière que la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) suit l’évolution de la situation socio-politique de notre pays depuis le début du processus électoral. Cette situation, telle qu’elle se présente aujourd’hui, ne peut laisser personne indifférent », et «  convie à une rencontre avec le Bureau de la CVJR, le mercredi, 12 mai 2010 ».

Tout le monde peut aujourd’hui observer, après les dénigrements et moqueries systématiques dont il a fait l’objet depuis le 4 mars, dans les pages du site officiel de la République togolaise republicoftogo.com, la sollicitude subite, dont a fait l’objet ce vendredi 7 mai, le Président d’OBUTS et Coordinateur provisoire du CVU, Agbéyomé KODJO, ne relève pas de la simple coïncidence.

Quoiqu’il en soit, Faure GNASSINGBE, peut user de tous les stratagèmes, il aura beaucoup de difficultés pour rallier des acteurs de plus en plus déterminés à défendre la vérité des urnes, à une démarche politique caractérisée par l’improvisation, qui depuis cinq ans n’à fait qu’aggraver le malheur des togolais.

Nous continuons à lutter pour la vérité des urnes et des comptes publics et le Peuple togolais qui opte pour la vérité des urnes aura l’occasion de manifester pacifiquement dans les villes de son choix.

Il s’agit de dire haut et fort, aux côtés de milliers de filles et de fils du Togo tout entier, qu’il existe des dirigeants togolais, consciencieux, qui sont résolus à défendre l’intérêt supérieur de la Mère Patrie. Il y a lieu d’abord de reconnaître l’invalidation du scrutin du 4 mars 2010, ce qui ouvrira la voie à des négociations pour la formulation d’une feuille de route qui sera suivie par la mise en place d’un gouvernement de transition qui aura une obligation de mission vis-à-vis du Peuple togolais.

Nous réitérons, notre position claire et qui ne souffre aucune ambigüité : la seule offre politique réaliste pour sortir le Togo de la crise politique dans laquelle l’ont conduit Faure GNASSINGBE et le RPT, est un Gouvernement de Transition à terme et mandat précis, auquel sont partie prenante tous le partis ayant participé au scrutin du 4 mars 2010. Il s’agit bien de l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle dans la plus grande transparence. Ce n’est donc certainement pas avec nous que Faure GNASSINGBE pourra former un gouvernement de « vraie-fausse » union nationale, s’il ne prend à l’égard du Peuple togolais et de ses représentants, des décisions seules susceptibles de sortir le Togo de la crise politique qui l’affecte aujourd’hui !

Nous sommes résolument pour une saine concertation entre les parties prenantes de la crise politique actuelle que connaît notre pays. Mais pas à n’importe quel prix, si ce n’est seulement celui où l’intérêt supérieur de notre Peuple préside à toute action politique !

Le salut du Togo ne sera possible que quand tous ensemble, nous saurons mettre en place le réseau de la confiance du futur et de la reconnaissance de l’histoire articulée à la vérité des urnes et à la vérité des comptes !

En avant la Résistance citoyenne, et que Dieu nous illumine davantage pour que vive la République !

Lomé, le 8 mai 2010

Le coordinateur Provisoire

Agbéyomé Kodjo

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