Ali Bongo. Avec ce président, le FCfa a encore de beaux jours !

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Comment avez- vous analysé la perte par les francophones, au profit de l’Afrique du Sud du poste du président de la commission de l’Union africaine occupé précédemment par le Gabonais Jean Ping ? Va- t- il occuper un poste stratégique au Gabon ou sur la scène internationale ?

Ali Bongo. Cela ne m’intéresse pas de m’enfermer dans une querelle entre francophone et anglophone. Cela ne correspond pas à ma manière de voire le monde et cela ne correspond plus à la réalité de notre continent.

Ce qui importe, c’est que l’Union Africaine (UA) continue à ce solidifier et à se doter d’outils nécessaires pour apporter la paix et le développement à notre continent. Nous sommes tous unis derrière cette cause.

Le Gabon travaillera avec Madame Dlamini Zuma, que j’ai, bien entendu, félicitée, afin de renforcer notre institution, tout comme l’Afrique du Sud aurait travaillé en bonne intelligence avec notre compatriote s’il avait gagné.

Je salue au passage l’efficacité de M. Ping dans les travaux qu’il a menés : son travail est très estimé ici, au Gabon, comme ailleurs en Afrique. Quant à savoir ce que M. Ping va faire par la suite, je ne peux pas répondre à sa place.

Quelles pourraient être les conséquences pour la zone CFA de la crise que connaissent les pays de l’Union européenne concernant les dettes souveraines et qui voient l’euro se déprécier ? Car, rappelons-le, l’euro a la particularité d’assurer une convertibilité fixe au FCFA via le Trésor français.

Ali Bongo. Les fondamentaux des économies de la Zone franc incitent à l’optimisme. Il n’y a pas de crainte quant à une éventuelle ou probable dévaluation de franc CFA. Par ailleurs, en raison des principes de gestion des réserves de change dans cette zone, aucun impact significatif sur les transactions n’est attendu.

Néanmoins, il faut reconnaître que l’investissement direct étranger a diminué, tout en restant positif, en raison du potentiel de ces économies. Soulignons l’importance du recours à l’aide publique au développement, relativement inégale entre les pays.

Tout assèchement des sources publiques de financement européen aurait des incidences plus ou moins importantes sur le budget des Etats, et plus particulièrement sur ceux des pays de l’UEMOA, qui sont le plus concernés par ces aides. Malgré l’atonie de l’économie européenne, bon nombre d’observateurs estiment que les économies africaines font preuve d’une surprenante résilience.

Cette résistance est due à plusieurs raisons : le niveau favorable des cours des produits de base, la réorientation des exportations vers les marchés émergents et la faible intégration financière des économies africaines.

Par ailleurs, les pays de la Zone franc ont su anticiper depuis plusieurs années les changements nécessaires à leurs économies en diversifiant leur appareil productif et leurs partenaires ou en améliorant leurs conditions intérieures : soldes budgétaires renforcés, recul de l’inflation, progression du taux de couverture des importations par les réserves, réduction des ratios de la dette…

Toutefois, il est vrai que les récentes turbulences sur les marchés financiers laissent entrevoir une passe plus difficile pour l’économie mondiale. Dans le cas où la croissance continuerait de ralentir dans les pays avancés, la demande mondiale serait bien évidemment freinée et la contagion affecterait beaucoup plus les pays émergents.

En cas de retournement durable des cours des produits de base, l’Afrique pourrait bien être affectée, sachant que la plupart des pays africains sont dépendants de ces produits.

N’ayant pas mené de politique contracyclique, les pays de la Zone ne seraient alors plus en mesure de pallier le ralentissement des activités avec leurs partenaires européens : la hausse de la dépense publique resterait ainsi le seul levier pour maintenir leur croissance.

Marchés Africains

 

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