Affaire Kpatcha : Ce que les uns et les autres ont dit !

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Les sages du village de Pya Haut ont conseillé de laver le linge sale en famille. Mais les deux frangins Gnassingbé qui se battent pour le trône royal ont décidé de laver leur linge puant au Grand Marché d’Atikpodji devant tout le monde. Ce que beaucoup craignaient, c’est-à-dire l’ouverture de la boîte de Pandore, est en train de se produire. Au grand bonheur des Togolais qui n’en demandaient pas mieux. On entend des choses terribles qui peuvent vous faire tomber dans les vapes. On apprend par exemple qu’il y avait d’autres coups d’Etat parallèles. La ténébreuse affaire de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat dans laquelle serait impliquée «El Kpatcho» en cache donc d’autres.

L’audition du principal prévenu, Kpatcha Gnassingbé a démarré à 15h 20 après la suspension de séance. Lorsque le député se présente à la barre, l’avocat général a été le premier à lui poser des questions, dit-il, sur sa personnalité. Il a notamment cherché à savoir s’il est marié. Cette question a visiblement mis en boule le député. A son tour, il lui a posé la question de savoir, si lui l’avocat général est marié. Le ministère public est revenu sur le fait qu’il distribue de l’argent. Ce que Kpatcha a rectifié en déclarant qu’il ne distribue pas de l’argent mais aide ceux qu’il peut aider. Et qu’il y a bien une différence entre distribuer et donner. Puis l’avocat a poursuivi en donnant diversement quelques exemples des actes de générosité du député Kpatcha. Le président de la Cour a saisi l’occasion pour signifier aux prévenus que les questions posées par l’avocat général sont destinées à la manifestation de la vérité.

Avant que le principal prévenu ne reprenne la parole, l’un des avocats de la défense a tenu à dire à la Cour que «l’arrestation et la détention des prévenus dans les locaux de l’ANR constituent une question nationale et ne doivent pas être occultées. Tous les lieux de détention au Togo doivent être sous le contrôle des autorités judiciaires, donc des magistrats du parquet. Les gendarmes qui travaillent à l’ANR ont l’impression qu’ils ne dépendent pas des magistrats du parquet, mais de la présidence de la République. Ailleurs, lorsque la procédure a été viciée, on procède à la relaxe pure et simple du client».

Répondant à la question du juge, celle de savoir si Kpatcha reconnaît les faits qui lui sont reprochés, à savoir s’il voulait faire un coup d’Etat, il a nié. Me Gally insista pour que son client parte du début pour arriver à la fin. Le juge a alors donné la parole à Kpatcha pour dire ce qui s’est passé le 12 avril 2009. Il a raconté comment il a été alerté par les aboiements de ses chiens vers 21h après des tirs de roquette. Il éteint les lumières et aperçoit des jeeps et le Col. Félix Kadanga dehors. Celui-ci lance: «Kpatcha, vous êtes mort!». Il téléphone au Gal Béréna pour l’informer de ce qui se passait chez lui, au chef de l’Etat chez qui l’opérateur lui annonce qu’il va rappeler, au Gal Nandja, à un collaborateur du Col. Kadanga, à son frère Rock. Dans cette nuit il aura passé une dizaine de coups de fil. Les tirs ont duré jusqu’à 2h au petit matin, où est arrivé Rock Gnassingbé.

A son arrivée, il a demandé à Kpatcha de venir. Sorti, il a interpellé le Col. Kadanga par son prénom Félix et lui a demandé ce qui se passe. «Ne m’appelle pas Félix, ça suffit ! Je veux une réunion avec ces Généraux corrompus!», lui avait-il rétorqué. Il a déclaré avoir constaté que beaucoup de choses ont disparu chez lui. Il a appelé le Gal Zakari Nandja pour lui signifier que Kadanga a volé son argent. Selon Kpatcha, vu le matériel avec lequel Kadanga est arrivé chez lui, il n’y a pas de doute, il voulait l’assassiner. «Alors que des gens viennent pour m’assassiner, c’est moi qu’on prend pour déposer à l’ANR», a déclaré Kpatcha. Entre-temps il a reçu un coup de fil du président Omar Bongo qui voulait savoir ce qui se passait. Celui-ci lui a demandé d’éviter que le sang coule.

Pendant qu’il était chez Rock au Régiment Blindé de Reconnaissance et d’Appui (RBRA), il avait reçu un coup de fil qui l’informait que Kadanga s’apprêtait à venir la nuit pour l’attaquer à nouveau chez son frère. Il a alors appelé le président Bongo qui lui a conseillé de se rendre dans une ambassade pour se mettre en sécurité. C’est ce qui explique qu’il était allé se réfugier à l’Ambassade des USA et que ce n’était pas pour fuir, mais pour éviter qu’il y ait des affrontements et que le sang ne coule. Lorsqu’il sera amené à l’ANR, Titikpina y arrive et demande qu’on lui mette les menottes, les mains dans le dos et de serrer. «J’attends le feu vert du chef de l’Etat pour t’exécuter et il n’y a que Kadanga pour échouer dans cette attaque», aurait déclaré Titikpina à Kpatcha.

Il parlera aussi de Robert Bakaï qui serait venu le voir dans son lieu de détention pour lui demander de signer qu’il ne veut pas prendre d’avocat, parce que c’est une affaire de famille. C’est ce qui explique qu’il n’ait pas constitué d’avocats pour sa défense. Plus tard, il reviendra le voir pour lui dire que même s’il doit constituer d’avocat, ce n’est pas ces deux-là (Me Ajavon et Me Gally). Un matin, il est venu lui dire qu’il n’a qu’à s’apprêter à recevoir des visites, mais de ne pas accepter qu’ils soient ses avocats. C’était à l’occasion de la visite des avocats français. Kpatcha Gnassingbé a déclaré avoir compté longtemps sur la conciliation jusqu’au jour où il s’est rendu compte que ce n’était pas possible et c’est là où il a décidé de prendre des avocats.

Kpatcha a parlé des 86 armes de guerre qu’on dit avoir découvertes chez lui et dit qu’une partie est constituée des armes prises chez son feu père et une partie aussi a été ramassée au RBRA par la gendarmerie. Il a expliqué la provenance des deux jeeps dont l’une lui avait été affectée quand il était ministre de la défense. Ces éléments faisaient partie du corps du délit.

Dans un procès-verbal lu par l’avocat général, Kpatcha Gnassingbé n’a pas reconnu certains points, et estime qu’ils ne sont pas de lui, donc rajoutés. Même la signature qui lui a été attribuée, il est formel, ne serait pas la sienne. Il a déclaré n’avoir jamais dit à l’ANR que Agbéyomé Kodjo était dans la logique de prendre le pouvoir. Il a souligné que dans son lieu de détention, on avait insinué de même qu’il était en contact avec Fabre, Agboyibo, etc.

Kpatcha considère certaines déclarations du ministère public comme graves. Pour lui c’est la preuve que tout est mis en œuvre pour l’assassiner: «Je suis content, très content même des propos qui sortent de la bouche de l’avocat général». Allusion par exemple au fait qu’il ait déclaré qu’avec une puissance de feu comparable à ce qu’il y a chez Kpatcha, c’est une unité comme la FIR qui doive aller chez lui et non la gendarmerie.

Le député dont l’immunité n’a pas été levée, a parlé du cas Bawa Zag, un fonctionnaire de l’Ambassade des USA à Lomé, dont la présence au procès lui tient beaucoup à cœur. Kpatcha a déclaré que Titikpina a monté un plan contre lui à travers Bawa. Il attend sa comparution avant de faire certaines déclarations. C’est lui qui l’a informé d’un coup d’Etat en préparation et pour lequel il avait tenu informé Faure Gnassingbé qui lui aurait révélé en avoir eu vent aussi. Kpatcha a demandé au juge Pétchélébia, en tant qu’aîné, a-t-il dit, de jouer le rôle de médiateur entre lui et son frère. Il a demandé pardon au chef de l’Etat. Les avocats du député ont demandé à la Cour qu’elle fasse venir à la barre M. Bawa, les Col. Kadanga, Massina, les Généraux Titikpina, Nandja et Béréna.

Ils ont demandé et insisté que les déclarations qui ont été faites devant le juge Bignan et celles du procureur Robert Bakaï ne soient plus brandies, mais purement et simplement retirées. La partie civile n’a pas été sur la même longueur d’onde.

Adjinon Lambert: «Je veux que le peuple togolais sache que Massina Yotroféï est un monstre, un sadique, un psychopathe, un nazi»

Le procès d’atteinte à la sûreté de l’Etat dans lequel sont impliqués Kpatcha Gnassingbé, un demi-frère de Faure Gnassingbé et 31 autres prévenus est à son troisième jour d’audience. A ce troisième jour, les prévenus ont continué à faire des révélations présentant le Togo comme un pays de voyous où tout est permis. Kpatcha Gnassingbé, l’Adjudant-chef Djibérékou, Amah Olivier, le Capitaine Adjinon Lambert et le Commandant Atti ont été écoutés. Ils ont tous rejeté les faits qui leur sont reprochés et ont présenté ce projet de coup d’Etat comme un grotesque montage monté par Atcha Titikpina et sa clique pour se débarrasser de certaines personnes.

Celui qui a présenté ce procès d’atteinte à la sûreté de l’Etat comme une conférence nationale bis ne s’est pas trompé. En terme de révélations alléchantes et croustillantes, il y en a eu pour tous les goûts et pour tous les âges. Pour le compte de ce 3ème jour d’audience, ce sont les prévenus Amah Olivier, l’Adjudant-chef Séibou, le Capitaine d’aviation Adjinon Lambert, le Commandant Atti et le présumé cerveau du putsch de pâques, le député Kpatcha Gnassingbé qui ont été entendus.

Autre fait majeur à relever pour le compte de l’audience d’hier, c’est le retour des avocats de la défense qui s’étaient retirés 24 heures plus tôt pour protester contre la décision du président de la Cour Abalo Pétchélébia de ne pas tenir compte des exceptions d’ordre constitutionnel qu’ils ont eu à soulever, exceptions devant en principe entraîner la suspension des audiences en attendant la décision de la Cour constitutionnelle sur les questions soulevées. Mais qu’à cela ne tienne, ces derniers n’ont pas manqué, une fois encore de soulever une autre execption au procès d’hier relative aux tortures qu’auraient subies la plupart des détenus dans les locaux de l’Agence, nationale de renseignement (Anr), chapeautée par le Colonel Yotroféi Massina sous le contrôle du président de la République en personne.

Un incident à signaler au cours du procès, l’intervention inopportune du Capitaine Amana qui avait voulu empêcher Me Zeus Ajavon d’avoir accès à la salle d’audience en jouant à la police de l’audience alors qu’il n’avait pas cette compétence. Très vite, le zélé a été remis à sa place et le procès a pu se poursuivre sereinement.

L’officier des FAT, Amah Olivier fut le premier à comparaître au cours de l’audience d’hier. Celui-ci a catégoriquement réfuté les faits de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de groupement de malfaiteurs qui lui sont reprochés. Il a demandé à la Cour d’investiguer sur les allégations de tortures dont il a été victime dans les locaux du camp RIT. «Si des investigations sérieuses ne sont pas faites sur les graves préjudices dont j’ai été victime au camp RIT, je n’avancerai pas», a-t-il menacé avant de donner des précisions sur ce qu’il aurait subi entre les mains de ses geôliers. A l’en croire, on le mettait à genoux durant des nuits entières, l’arrosait d’eau fraîche en plein sommeil; il était parfois privé de nourriture durant plusieurs jours. On lui faisait passer des nuits à côté d’un groupe électrogène en marche, et pire, il était soumis à des simulations d’exécution. Pour lui, ce procès était l’occasion de dire aux yeux du monde entier, ce qu’on leur faisait subir dans les locaux du camp RIT et de l’Anr. «On m’a obligé à dormir durant 10 jours à même le sol dans un empire de moustiques au camp RIT», a révélé l’officier au bord des larmes qui a également noté que ses geôliers lui apportaient une nourriture exécrable que personne ne pourrait offrir à son chien en guise de repas. Et parfois, ce repas lui était envoyé à 22 heures. «J’ai été laissé avec une seule chemise avec laquelle je me suis habillé pendant 3 mois. Je la lavais la nuit, et le matin, je la mettais», confie-t-il. Cette situation, selon ses déclarations, l’a poussé à faire une crise cardiaque. Le médecin qu’on lui avait promis, ne viendra le voir que 2 mois après la crise.

Selon les avocats de la défense, l’instruction du dossier, à la lumière de tout ce qui est dit, est émaillée de beaucoup d’irrégularités, et pour ces raisons, le procès devrait être suspendu. Les cas de tortures rapportés par les prévenus, selon Me Djovi Gally, seraient particulièrement graves qu’on ne pourrait pas les passer par pertes et profits. «On ne parle pas de détournement de deniers publics, on ne parle pas d’abus de confiance, on parle de tortures, un crime grave et imprescriptible, souligne l’avocat. On ne peut pas passer par pertes et profits ces allégations. Nous devons répondre si oui ou non, il y a eu ces faits».

La défense a demandé par la voix de Me Zeus Ajavon, que les personnalités citées dans le dossier puissent être écoutées ce matin. Il s’agit des Colonels Massina et Kadanga, du Capitaine Kadanga de l’Anr, du Général Titikpina et du Général Béréna.

Selon Me Archange Dossou, un avocat de la partie civile, dans aucun pays au monde, il n’y a respect à 100% des droits humains. Ces droits, selon l’avocat béninois, ne seraient même pas respectés à 50% dans les grandes démocraties occidentales. Le Togo, martèle ce dernier, fait partie des rares pays d’Afrique à avoir institué les services d’un conseil juridique dès la phase d’audition.

Cette sortie, somme toute malencontreuse de cet avocat, a soulevé l’indignation de l’assistance qui a protesté contre cette lecture machiavélique de la situation des détenus. Selon Me Afangbédji, même si aux Etats-Unis ou en France on torturerait des détenus, ce n’est pas une raison valable pour que le Togo accepte qu’on torture des gens sur son sol. «Si on torture au Bénin et les Béninois ne disent rien, fait-il noter, nous, nous ne pouvons pas accepter que cela se fasse au Togo».

Selon certains prévenus, ces actes de torture étaient portés à la connaissance de certains juges à savoir, le procureur général près la Cour d’Appel, Attara M’Dakena et le juge Kouyou, mais ces derniers n’ont rien fait pour y mettre fin, ils montraient des signes d’impuissance. «C’est ahurissant que des juges togolais se disent impuissants face à des bérets verts qui sont eux aussi, des justiciables», a déploré l’adjudant-chef Seydou.

La réponse du président de la Cour a été aussi ridicule qu’absurde. Selon le juge Abalo Pétchélébia, cette situation s’explique par le fait que les juges togolais n’avaient pas des armes pour faire face à la garde présidentielle et lui imposer leurs décisions.

D’après l’inculpé Djibérékou, cette accusation ne tenait pas la route. Selon lui, le Général Titikpina, à l’époque Colonel des FAT lui en voulait tout simplement parce qu’il lui aurait refusé un service. Titikpina lui aurait demandé d’espionner son supérieur hiérarchique pour ses comptes, demande qu’il aurait rejetée. Le Colonel lui aurait alors déclaré qu’il allait le «montrer».

Depuis cette date, rapporte-t-il, celui-ci se serait opposé à un projet de Faure Gnassingbé tendant à lui offrir une promotion. Titikpina aurait confié au chef de l’Etat que Djibérékou préparait un coup d’Etat, en intelligence avec Rock Gnassingbé. Selon lui, c’est tout simplement parce qu’il était en mauvais termes avec Atcha Titikpina qu’on a voulu lui nuire en le mêlant à cette histoire de putsch.

La comparution du Capitaine Ogbakiti Séidou a été très constructive pour la Cour. «Je ne reconnais rien de cette accusation, je réfute tout», a déclaré d’entrée de jeu cet officier des FAT à la retraite qui a expressément demandé à la Cour l’autorisation de se déshabiller devant elle pour montrer les séquelles visibles et vérifiables des tortures dont il été victime à l’Anr. Une demande qui a été rejetée par la Cour. Ce qui n’a pas empêché le Capitaine de faire sa démonstration.

L’Anr est un centre d’expérimentation de la torture, a-t-il révélé. De ses révélations, on note avec effroi que les agents de l’Anr ne laissent pas dormir les détenus pendant les nuits. Ils faisaient des bruits assourdissants qui les empêchaient non seulement de dormir, mais aussi contraignant les détenus non torturés d’entendre les cris de détresse de ceux qui étaient soumis à ses traitements inhumains et dégradants. Ils étaient également suspendus aux barres de leurs cellules durant des nuits entières et n’urinaient que dans des bouteilles d’eau minérale. Le lieutenant Pali serait le chef d’orchestre de ces tortionnaires, a souligné le Capitaine Séidou qui se plaint de sérieux problèmes de santé. Sa clavicule serait déboîtée au cours de ces traitements qui constituent des crimes graves et imprescriptibles au sens de la Constitution togolaise et du droit international.

Les tortures, d’après le Capitaine Séidou, n’étaient pas seulement faites à l’Anr, bien au contraire ; elle leur était également appliquée au camp RIT. Dans une cellule d’à peine 3 mètres carrés, ils étaient trois personnes à y coucher. Dans cette cellule, confie-t-il, ils ont été enfermés pendant seize (16) mois nuit et jour. Et tout ceci, rapporte le prévenu, leur serait arrivé sur ordre direct de l’inénarrable Colonel, devenu Général de Brigade, Atcha Titikpina.

Les mésententes entre ces deux fils de Tchamba seraient nées lorsque le Général a demandé à celui-ci de se présenter comme candidat du RPT aux élections législatives de 2007. Celui-ci déclare avoir décliné cette offre et proposé un autre pour le remplacer. Ce refus, confie le Capitaine, ne fut pas du goût du tout-puissant Titikpina qui décida de lui nuire. Il ira jusqu’à essayer d’éliminer le candidat présenté par lui, dit le Capitaine.

Après le Capitaine Séidou Ogbakiti, ce fut au tour du Capitaine Adjinon Lambert de plaider sa cause. D’entrée de jeu, il a été porté à la connaissance de la Cour que ce dernier avait perdu l’usage de l’une de ses oreilles, à cause des tortures subies dans les locaux de l’Anr. Le Capitaine a déclaré n’être associé ni de près, ni de loin, au projet de putsch allégué. Il a souligné qu’il fut kidnappé en avril 2009 alors qu’il se rendait à l’Eglise. Il fut passé à tabac par les éléments de Massina de 11 heures du matin à 17 heures dans les anciens locaux de l’Assemblée nationale. «Je saignais de partout lorsque je fut conduit à l’Anr, c’est là que j’ai rencontré le Grand manitou Massina. Je suis un naufragé de l’enfer», fait-il savoir avant de poursuivre: «Lorsqu’on parle de l’Anr, les gens pensent que c’est de la fiction. Je veux que le peuple togolais sache que Massina Yotroféï est un monstre, un sadique, un psychopathe, un nazi. C’est une personne qui éprouve beaucoup de plaisir à faire du mal. Je le dis même si après il me tue. Massina a écrit une fiction. Il distribue des rôles à tout le monde. Cette affaire n’est qu’un tissu de mensonge».

Selon Adjinon Lambert, le 1er septembre dernier, lorsqu’ils devaient être transférés à la prison civile de Lomé sur décision du juge, le Colonel Massina s’est entretenu individuellement avec chacun des détenus en leur demandant de rester. «Je préfère aller à la prison civile que de rester à l’Anr avec tout ce que nous avons subi», aurait répondu Adjinon à la requête du Colonel Massina.

Le Commandant Atti, présenté comme celui à qui le pouvoir devait échoir si le putsch avait réussi, a à son tour balayé du revers de la main, ces allégations qu’il a qualifiées de pur montage. D’après lui, c’est parce qu’il était soupçonné par certains officiés des FAT d’être proche de l’ancien ministre de l’Intérieur Boko, qu’il fut cité dans cette affaire. «Lorsque Boko publiait un article dans un journal de la presse, on m’accusait», a-t-il fait savoir. Le cerveau de ces manigances, relève-t-il, n’est autre que le Général Atcha Titikpina qui ne voulait en aucune manière que des officiers d’origine Tchamba, fassent partie de l’entourage immédiat de Faure Gnassingbé. Il veut être le seul à approcher le président.

Le Commandant a apporté aux juges, un témoignage très édifiant tendant à soutenir la thèse du montage. D’après ses propos, on ne lui aurait pas fait subir des traitements inhumains dans les locaux de l’Anr. Il aurait été traité comme un prince Saoudien avec télévision et matelas à disposition. «Massina m’a dit de ne pas citer le nom de Titikpina au procès mais d’enfoncer Kpatcha Gnassingbé. Il m’a fait cette proposition le mercredi 31 août dernier, le jour de la fête du Ramadan. Il m’a annoncé les peines d’emprisonnement que j’encourais si j’enfonçais le ministre Kpatcha ou si je refusais». Selon lui, le député a été simplement berné par son entourage, et tout cela n’était qu’un tissu de mensonge cousu de fil blanc.

Le procès se poursuit ce matin.

Alain Simouba & Olivier A.

 

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