L’autre est resté, plus malin, plus fin, plus fidèle à sa manière. Il a pris sa dose d’humiliation après la forfaiture coloniale française de 2011. Mais ses ères de modéré et de collabo en puissance lui sauveront la peau.
La crise ivoirienne est une belle école pour tous. Il suffit de regarder de près, d’être patient et d’attendre ce que demain nous réserve. Après, on pourra parler et agir en connaissance de cause, notamment si on a des ambitions comme ces 2 cadres du FPI à qui Laurent GBAGBO a eu tort de donner ce conseil : « Il ne me reste plus qu’un seul mandat à faire. Vous êtes 4 à vouloir me succéder comme candidat du FPI. Sur les 4, les 2 que je nomme là ont chacun une équipe, des hommes pour investir le terrain et faire campagne le moment venu. Mais vous deux, vous n’avez personne. Vous êtes réduits à de petites amitiés. Cela ne vous mènera nulle part. Après, ne dites pas que Laurent à favorisé un tel ou un tel autre. Constituez vous une équipe chacun afin d’être à la hauteur quand il faudra désigner le candidat du parti après mon dernier mandat.»
Le Camarade Laurent a eu tort d’être honnête et paternel comme à son habitude. L’un, n’ayant aucune base politique, comptant que sur sa verve et ses diplômes, s’est vite rendu compte qu’il est éliminé d’office. Imbu de sa personne et se prenant pour le plus intelligent de la terre, il a préféré haïr Laurent GBAGBO que de lui vouer une fidélité et une loyauté qui lui aurait permis de recruter du « gbagboïste » comme on dit. Il n’a pas hésité à chercher à gommer le nom de GBAGBO des archives du FPI. Mais, très vite, il a compris que partir est mieux que tenter une aventure aussi immorale et périlleuse. L’autre est resté, plus malin, plus fin, plus fidèle à sa manière. Il a pris sa dose d’humiliation après la forfaiture coloniale française de 2011. Mais ses ères de modéré et de collabo en puissance lui sauveront la peau. Et dès lors que tous les prétendants sont hors jeu et qu’on l’a assuré que Laurent GBAGBO sera libéré seulement quand les élections de 2015 sont finies que sa libération ne lui laisse plus aucune chance d’être candidat en 2020, alors, il a décidé de déclarer son Chef ainsi humilié à la Haye comme un soldat perdu dont on s’occupera après avoir sauvé les meubles.
Mais de quels meubles à sauver s’agit-il ?
En tout cas, il ne s’agit pas de la base politique du FPI qui existe de façon naturelle. Tous ceux, jeunes comme grands, qui aspirent à un changement en profondeur de la Côte d’Ivoire soit par une révolution populaire soit par une révolution conduite par l’Armée loyale aux Institutions légitimes, sont d’office la base électorale et politique du FPI. Ils n’ont ni besoin de déclarations enflammées d’un cadre de parti ni d’offrandes pour voter le candidat du FPI. Alors, les meubles à sauver, ce sont les cadres du parti et les personnes relais qui communiquent avec la base dans leurs régions d’origine. Il faut recruter, débaucher et promettre à ceux qui étaient avec les deux autres candidats potentiels du FPI dont le Camarade Laurent parlait déjà en 2010. Il faut leur faire savoir que leurs gars sont perdus. Qu’ils ne recouvreront la liberté que si on revient aux affaires. Alors, « Je suis ; donc c’est moi ». A prendre ou à laisser, à accepter ou à se retrouver sur le banc de touche. Et bonjour les acrobaties, la constitution de cabinets occultes, la mobilisation de clubs de soutien, la lutte interne féroce, la tentative de mise aux oubliettes des potentiels adversaires, heureusement si loin de la base ou bien si ruiné par l’ennemi.
Mais et si tout ça se révélait inutile à la fin ?
En effet, il faudra sortir vivant de la tempête immanquable qui frappera sans discernement. En ces jours sombres, les zozos FRCI dans leurs débandades voudront perpétrer les derniers vols de voiture, d’argent et de bijoux pour partir. Les plus drogués voudront casser du cadre pro-GBAGBO avant de tenter désespérément de fuir par Alépé, Bonoua, Dabou ou Sikensi. Il ne faudra donc pas être au mauvais endroit au mauvais moment. En effet aussi, il faudra être sûr qu’on n’est pas allé trop loin dans les acrobaties politiques, dans le flirt avec l’ennemi et qu’on n’a pas mangé un totem des guerriers de la Révolution Permanente. Le sabre pourra frapper sans discernement. Pour servir de leçon. En effet enfin, il faudra s’assurer que Laurent GBAGBO est définitivement sorti du Plan de Dieu pour la Côte d’Ivoire, que la flamme de son destin politique s’est éteinte avant de se mettre à tirer au sort sa tunique. Or, sur ce point, bien des surprises nous attendent. Alors revenons à l’introduction de la présente Chronique. Nous sommes à l’école en Côte d’Ivoire pour l’Afrique. C’est à la fin du cursus révolutionnaire qu’il serait sage de prendre des risques et de s’adonner aux roulades politiques sans crainte. Aux gens pressés, le destin ne jamais cadeau. Que ceux qui ont des oreilles pour entendre et comprendre, comprennent.
A Dieu Seul soit la Gloire !
A Très Bientôt.
Hassane Magued
La Révolution Permanente