À vous qui dites…

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À vous qui dites, vous efforçant par une rhétorique mille fois usée de nous faire croire que tout va bien au Togo depuis 2005, que le fils ne ressemble pas au père, qu’il est plus humain, plus instruit, plus ouvert d’esprit et que par conséquent ceux qui persistent à  penser que rien n’a changé ont tort, je dis : « Vous êtes des ignorants, au mieux, ou des cyniques au pire.  L’épreuve d’ouverture d’esprit, c’est quand un mouvement, un homme, une exigence du peuple semble menacer l’existence du pouvoir Gnassingbé. Devant ce genre d’épreuve, le fils   comme le père en son temps, a toujours réagi par la force brutale. Quel est donc l’esprit ouvert qui ne connaît et ne parle que le langage de la force? Le fils, comme le père, a donc toujours échoué sur ce plan.»

À vous qui dites que le fils ne cherche qu’à réparer le mal commis par le père et à construire sur de nouvelles bases, parce qu’il parle de réconciliation, de vérité, de justice, de pardon… je vous demande :«  Savez-vous à quelles fins il tient ce discours? Si vous ne le savez pas, c’est certainement parce que vous ne connaissez pas le Togo des Gnassingbé. Si vous le savez, alors, c’est que vous êtes  délibérément des criminels, pour des raisons que seuls vous connaissez, des raisons sordides sans plus.

À vous qui dites :  « Mais, il faut du temps pour changer les choses, laissez-lui le temps de s’installer, un quinquennat , deux, trois…alors même qu’il continue à réprimer les manifestants dans le sang et la brutalité, je dis ( je ne le souhaite pas ) : «  Vous préparez des affrontements meurtriers au Togo, une Syrie africaine. En Syrie aussi, un fils a remplacé son père au pouvoir. Nous voyons ce que c’est depuis un an que cela dure »

À vous qui répétez aux opposants togolais exigeants, que vous qualifiez vous-mêmes de radicaux, qu’ils doivent prendre patience, je dis : « En fait, votre conseil, bien appliqué équivaudrait à assister impuissants à des meurtres, à des actes relevant plus de la bestialité de gens prêts à tout pour conserver leur pouvoir qu’à répondre aux préoccupations de la population. »

À vous qui dites que la politique, c’est l’art de rechercher des compromis avec l’adversaire, je demande : « Prétendez-vous mieux connaître la nature de cet adversaire que le peuple qui le subit depuis plus de quarante ans? Pendant que l’on rechercherait ces compromis, tant pis pour ceux qui meurent,  ceux qui connaissent les affres de la prison, les tortures, ceux qui sont contraints à l’exil? Je dis encore : « Vous êtes les apôtres de la fausseté et de l’hypocrisie et cherchez à nous entraîner sur le chemin de votre idéologie de la fausseté. »

À vous qui dites : «  Je suis neutre. Je ne suis ni  du côté de l’opposition, ni du côté du pouvoir », je dis, comme il est écrit dans la Bible : «  Parce que tu n’es ni chaud, ni froid, et que tu es fade, je te vomis ». Je veux dire que vous êtes simplement méprisables, parce que vous méprisez notre destin de peuple souverain, parce que vous savez bien de quel côté vous êtes et que vous n’osez simplement pas le dire. On ne peut assister à des crimes et dire que bourreau et  victime sont pareils, quand bien même on reconnaîtrait une certaine humanité au  bourreau. La première chose à faire est de mettre le bourreau hors d’état de nuire  le plus rapidement possible. On parlerait de son humanité après, c’est-à-dire qu’on lui pardonnerait ses crimes s’il y a lieu.

À vous qui dites aux Togolais : «  Allez tranquillement aux élections législatives, dans la transparence et l’apaisement etc. ( le discours diplomatique habituel, les tartuferies bien connues ) et on verra après, je dis : «  Hypocrites! Vous savez très bien que ces élections législatives ne seront pas transparentes, que les conditions ne sont pas réunies pour qu’elles le soient, que c’est précisément là l’une des raisons des manifestations qui ont entraîné une répression sanglante de la part des forces militaires et policières, la mort de manifestants dont un enfant, l’arrestation d’opposants, la restriction des libertés d’expression et de mouvement de certains citoyens… Nous avons déjà connu, dans les années 92, des jours cauchemardesques de la séquestration des membres d’une institution de la République, le Haut Conseil de la République. De quel apaisement parlez-vous? De celui que les Togolais ont connu depuis le coup d’État sanglant du 13 janvier 1963? Vous savez que les élections n’ont jamais été transparentes au Togo et qu’elles ont toujours été suivies de massacres de populations et d’exil des opposants. Je dis encore: vous êtes complices des crimes du régime togolais . »

Et à vous, nationaux et étrangers, qui n’envisagez ces élections que sous l’angle des gains à en tirer  ( argent, postes, titres…), je dis :« Honte à vous! Vous qui sacrifiez l’Homme, toutes valeurs humaines…à des  intérêts sordides. »

À tous je dis : «  Le peuple togolais sait! Il sait où il va. Il connaît ses intérêts, il sait qui sont ses vrais amis, ses vrais défenseurs.

Déterminé, il ne se laissera pas duper. Il ne se laissera pas faire. Il prendra son destin en main. »

Sénouvo Agbota ZINSOU

 

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