A propos de l’article « Bravo, Prince Gnassingbé ! » de Sénouvo Nestor Agbota ZINSOU [Agon PICDAGOU]

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Son inconduite antidémocratique ne peut de ce fait être celle d’un « prince »

Quel chef-d’œuvre littéraire que l’article de Monsieur ZINSOU intitulé « Bravo, Prince Gnassingbé ! ». Je l’avoue, j’ai été conquis par le style ô combien aérien et délié de notre dramaturge national, bien que le titre au départ ait suscité quelque inquiétude car je craignais que son auteur annonce un retournement de veste alléché par quelque promesse d’une entrée confortable au gouvernement à un poste important taillé sur mesure. Et la première phrase loin de me rassurer aggrava mon appréhension. Je pris peur et manquai de renoncer à continuer la lecture. Mais la honte de faillir à mon devoir fut le plus fort. J’ai donc retenu mon souffle et ce fut un soulagement bienfaiteur sur ma santé de constater à la fin de ma lecture que mes craintes n’étaient pas fondées. Cependant, si je me permets quelque réflexion contrairement au conseil de l’auteur qui invite à ne plus réfléchir sinon à « réfléchir autrement » (je ne sais pas ce que cela signifie), Monsieur ZINSOU est pleinement responsable de m’avoir inspiré ces crain-tes dangereuses pour le cœur et l’esprit : à cause du titre qu’il donne à son texte et du contenu cousu de contradictions qui signalement un manque de réflexion notoire très révoltant ! En effet, comment soutenir que Faure Gnassingbé est un « menteur » professionnel et lui reconnaître quelque capacité de ‘’franchise’’, et comment lui décerner le titre de « prince » alors que sa prétendue ‘’franchise’’ n’est qu’un aspect de sa personnalité de « menteur » puisqu’en refusant de signer il ne change rien à son image de menteur patenté. Par conséquent, le fait de ne pas avoir signé ne relève pas d’un acte de ‘’franchise’’ mais d’un autre volet de cette même personnalité de menteur, un volet autrement plus inquiétant encore comme nous allons le voir. C’est pourquoi, on ne doit pas donner un titre pareil quand on présente Faure Gnassingbé sous les traits d’un menteur si particulier. En effet, M. ZINSOU propose des traits moraux très éloignés de ceux d’un Prince. Il traite plutôt d’un monstre, sans avoir le courage de recourir au vocable adéquat. Mais tout dépend de la conception qu’il se fait d’un « prince ».

En vérité, on ne décerne pas le titre de « prince » à une canaille de cette espèce quand bien même il serait un suppôt du « Prince des Ténèbres », autre appellation de Satan. En fait, à ce type de « prince » – dans lequel type on devrait ranger « le jeune roi de la Bible, Roboam » (cité par M. ZINSOU), les adeptes diaboliques de « la raison d’Etat » se réclamant de Machiavel, etc., il faut opposer le « bon Prince », amoureux de son Peuple et au service de ce dernier et de Dieu qu’il s’efforce de servir de toutes ses forces et de toute son âme. Tel le « Prince Salomon », fils du Roi David, et futur roi d’Israël. Il était alors « l’oint du Seigneur » rempli de sagesse et habité par le Saint-Esprit. Faure Gnassingbé est bien loin de cet exemple. Il semble que cela ne soit pas aussi net dans l’esprit de M. ZINSOU. On dirait qu’il est acquis à l’idée que Faure Gnassingbé est un « prince » sans doute méchant mais un « prince » avant tout. Dès lors son « ironie » vise non pas la nature même du pouvoir de Faure Gnassingbé mais sa conduite non conforme à l’idée que M. ZINSOU se fait du « prince ». Or nous sommes en République au Togo et Faure Gnassingbé n’est pas un « prince » en aucun cas ! Son inconduite antidémocratique ne peut de ce fait être celle d’un « prince ».

D’abord le Togo notre pays n’est pas un royaume et le sinistre personnage qui usurpe actuellement la présidence de la République – Faure Gnassingbé – est un dictateur sanguinaire sans vergogne ni honneur. Un prince, même au sens moral, ça se respecte et ça a un sens aigu de l’honneur et de la dignité. Il ne faut donc pas tomber dans le panneau de ceux qui voient en Faure Gnassingbé un « Prince » de fait, et lesquels s’acharnent par tous les moyens et subterfuges à créer le climat d’un Togo devenu officiellement du jour au lendemain, et par quelque cérémonie et signatures de documents flanqués de nouveaux insignes, un royaume ayant à sa tête un « prince ». Tout semble indiquer que Faure Gnassingbé veut endosser légalement le titre de prince, et ses conseillers l’aident activement dans ce sens. Tout le démontre mais il faut qu’ils échouent !

Ensuite, je ne vois pas pour quoi (en deux mots) ou en quoi Faure Gnassingbé doit être félicité parce qu’il n’a pas signé à Accra comme les huit autres Présidents le document de la limitation du nombre de mandats à deux. Qui dit que ceux qui l’ont signé respecteront leur signature, même s’ils le voulaient puisque le Destin d’un Etat ou d’un Peuple peut en décider autrement et pousser à fouler au pied le document signé. Nous avons l’exemple historque du Président américain Franklin Delano Roosevelt obligé, à cause de la Deuxième Guerre mondiale, de rempiler pour un troisième mandat. A l’impossible nul n’est tenu. On ne peut donc pas dire que les huit Présidents qui ont signé sont plus honnêtes que Faure Gnassingbé et son compère Gambien, les deux à n’avoir pas signé le document en question? En ces choses la prudence doit prévaloir toujours et signer était la sagesse même, comme l’aurait fait son père ! Faure Gnassingbé et le Gambien sont bêtes, stupides c’est tout ! M. ZINSOU applaudit et crie « bravo » croyant bien faire alors qu’il félicite un idiot qui illustre aux yeux du monde que le Togo est piloté par une brute épaisse sans culture intellectuelle ni politique ! D’où le désastre que connaît notre Pays. Je parie que son père, feu Eyadema Etienne, aurait signé tout en sachant que le papier signé resterait un « chiffon » bon pour se nettoyer son derrière d’ancien soldat français car le vrai papier hygiénique, trop doux, devait lui faire très mal !! Toute cette métaphore pour dire que le Général, habile tacticien paraît-il, se moquait des démocrates et de la Démocratie tout en donnant l’impression de les respecter, juste le temps qu’il lui fallait pour se préparer et renverser la donne à coup de corruptions et d’assassinats. Par conséquent le fils n’est pas, manifestement, aussi futé que son père ! C’est vraiment l’inverse et il est même pire. Gnassingbé fils est absolument différent de Gnassingbé père et il a dit vrai quand, se comparant à son père, il a déclaré naguère : « Lui c’est lui, moi c’est moi… ». M. ZINSOU et les autres se trompent donc quand ils pensent que le fils ressemble à son père. Encore une fois, Faure Gnassingbé est pire que son père « en caractère, tactiques, méthodes ». On peut même se demander quel sang coule dans ses veines tant sa haine et son mépris du Peuple sont étranges… Vous vous rappelez peut-être les jurements médiatiques – je veux dire les protestations – de ce directeur de Théâtre de Lomé très célèbre en Francophonie à qui le consulat Français refusait un visa qui lui eût permis d’aller en France embrasser son enfant, un petit bébé qui venait de naître je crois. N’avait-il pas prétendu qu’au temps du Général les choses ne se seraient pas passées de la sorte et que son problème se serait réglé illico presto ? J’avais, sans réfléchir parce que hors du Pays, beaucoup ri croyant qu’il théâtralisait un peu trop son drame. Une conclusion s’impose : avec Gnassingbé fils c’est vraiment l’enfer et notre homme de théâtre l’avait très tôt senti. Ses demi-frères et demi-sœurs le savent très bien. Il se venge sur eux dit-on car ils avaient maltraité lui et sa mère à cause de leur origine éwé.

Par conséquent, Faure Gnassingbé est déjà dans les faits pour les Togolais ce que fut « le jeune roi de la Bible, Roboam » pour les Juifs. Et M. ZINSOU brosse de lui une éthopée (description morale) que n’importe quelle imagination saine peut compléter aisément par une prosographie (description physique) que ceux qui ont approché le sinistre « menteur » trouveront « juste » c’est-à-dire « exacte, conforme à l’éthopée ». A le voir sur le tarmac des aéroports, ou ailleurs, on dirait un lion affamé avide de sang !! Malheureusement, Monsieur ZINSOU, encore une fois, passe à côté de ses observations réalistes ( !) parce que, point faible que nous lui avons toujours reconnu, il n’a pas de culture philosophique qui eût fait de lui un flambeau éclairant puissamment le Peuple. Et son exploitation tordue de la Bible ne fait rendre impossible la saisie de sa pensée. Ce n’est pas qu’il ne faut pas exploiter les belles histoires de la Bible mais, attention, il faut le faire à bon escient. Mais en règle générale, il vaut ne pas mélanger le fait religieux et le fait polique.
Certes, on acclame et adule M. ZINSOU pour d’autres raisons plutôt irrationnelles et non véritablement pour sa profondeur de visionnaire politique qu’il croit être. N’est-ce pas que ceux qui l’applaudissent l’appellent toujours « Grand frère… », qu’ils comprennent ou non ce qu’il écrit ? S’ils le lisent !! Ce n’est donc pas manquer de considération que d’avouer que M. ZINSOU n’est ni un politique ni un idéologue. C’est même un « égareurs d’eprits » qui s’ignore ! Trop souvent, il refroidit tant on ne sait plus de quel côté il se tient, pour ou contre qui il écrit !

Enfin, c’est préparer inconsciemment l’esprit du citoyen et du Peuple quant on use de qualificatifs dont le tyran pourra un jour s’emparer et s’en servir pour instaurer un régime monarchique sous prétexte que ceux qui font l’opinion publique togolaise et ont le devoir d’éclairer le Peuple togolais l’appellent « Prince Gnassingbé ». Donc une erreur politique grave d’octroyer le titre de « prince » à Faure Gnassingbé, même « ironiquement ». En fait, nous sommes peut-être en plein dans ce que Hegel dit de l’ironie : « l’ironie est l’intelligence des imbéciles » ! Or M. ZINSOU, à ce qu’il nous paraît, n’est pas dans ce cas. Ce n’est pas de l’ironie qu’il manipule en effet mais bien un mauvais choix de terme consécutif à une méconnaissance de la nature de la réalité politique que Faure Gnassingbé impose au Peuple togolais. Un jeune dictateur est un tyranneau et pas un « prince », comme on a eu à le lire et entendre dès l’arrivée horriblement sanglante de Faure Gnassingbé en 2005. Psychologiquement, ce dernier a certainement profité de cet égarement et s’est complu dans un qualificatif immérité. Cette attribution indue, même pour ironiser, n’est pas acceptable car le Peuple togolais doit savoir qu’il est le seul Souverain et qu’il a en face son ennemi, un ennemi cruel dont il ne faut pas adoucir le portrait.
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Oui, chaque Togolais doit savoir qu’il a en Faure Gnassingbé l’ennemi numero un de sa Souveraineté, et que tant qu’il ne se débarrasse pas, très rapidement désormais, de cet ennemi mortel il demeurera son esclave pour très longtemps encore. Voilà notre devoir sacré par excellence, et nul autre ne le dépasse ! Notre Hymne national nous y convie.

Agon PICDAGOU

 

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