A chacun son 5 Octobre 1990

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La contestation par la violence de la dictature togolaise en place depuis plus de 43 ans a connu son paroxysme le 23 septembre 1986, comme en témoigne de manière irréfutable, notamment pour les amnésiques parmi les « nouveaux zélateurs de la démocratie togolaise » et autres « nouveaux sophistes et populistes de la démocratie togolaise », la commémoration annuelle jusqu’à ce jour de cet événement, naguère au niveau national togolais, et de nos jours uniquement au niveau de l’armée togolaise.

Ce « tremblement de terre » qui ébranla la dictature togolaise plus qu’elle ne jamais explicitement avoué, mais dont en témoigne avec éloquence la commémoration évoquée, a connu une « forte réplique sismique » quatre années plus tard, le 5 octobre 1990, sous la forme d’un soulèvement populaire, initié par de jeunes compatriotes, aspirant aussi ardemment que nous-même à la liberté et la démocratie au « Pays de nos Aïeux », conformément aux paroles de notre hymne national : « Que viennent les tyrans ton cœur soupire vers la liberté, Togo debout, luttons sans défaillance, vainquons ou mourons, mais dans la dignité ! ».

Ce sont ce « tremblement de terre » et sa « forte réplique sismique » qui ont fini par ouvrir une brèche dans la forteresse réputée imprenable de la dictature togolaise, en la forçant à concéder la loi d’amnistie du 11 avril 1991 nous ayant permis entre autres compagnons de lutte de revenir au pays le 7 juillet 1991 après 28 ans d’exil, et surtout à concéder la tenue de la Conférence Nationale Souveraine en Juillet et août 1991 qui a inauguré le processus long, chaotique et tristement sanglant de l’instauration et de la consolidation de la démocratie togolaise, dont avec nos compagnons de route de Soudou en 1992 encore en vie, nous en connaissons la réalité dans notre chair plus que de « beaux parleurs » ou les « révolutionnaires de la plage ».

Le devoir de mémoire et de reconnaissance nous commande donc de renouveler avec vénération en ce jour mémorable, comme nous l’avions fait dans notre discours d’ouverture du Congrès National Extraordinaire de l’UFC le 12 aôut 2010, nos hommages à tous « les martyrs de la démocratie togolaise », en particulier à Sylvanus Olympio, Père de l’indépendance togolaise, Père fondateur du Togo moderne et modèle, Première victime de la dictature héréditaire togolaise et Premier Martyr de la démocratie togolaise, à Monseigneur Bernard Atakpah mort en février 1977, Premier Evêque d’Atakpamé et première personnalité publique à dénoncer publiquement les premières dérives autoritaires du Dictateur Père togolais dès le début des années 1970, à Omer Adoté mort au bout de trois jours tortures à la prison centrale de Lomé en septembre 1985, aux martyrs du 5 octobre 1990, aux martyrs de la lagune de Bè en avril 1991, à Marc Atidépé et aux 11 autres martyrs compagnons de route de Soudou en mai 1992, à Tavio Amorin assassiné en juillet 1992, aux martyrs de Fléau Jardin de et de Bè en janvier 1993, à David Bruce disparu en septembre 1994, aux martyrs de la mer de 1998, sans oublier tous les jeunes martyrs des 26, 27 et 28 avril 2005 et Joachin Agbobli assassiné en août 2008.

Mais comme pour prévenir d’avance le danger de « négationnisme » des « crimes contre la démocratie » dont témoignent ces « martyrs de la démocratie togolaise » et que nos condamnons énergiquement à la mesure de notre indignation, nous avions pris l’engagement solennel suivant au cours du congrès cité, sans que ceux qui prétendent défendre la mémoire leurs ne réagissent à une telle initiative, trahissant ainsi l’instrumentalisation politicienne qu’ils font en fait de cette mémoire : « Plus encore que des hommages verbaux, ce devoir de mémoire et de reconnaissance nous commande aussi d’ériger à la mémoire de tous « les martyrs de la démocratie togolaise » dès que possible « le mausolée des martyrs de la démocratie togolaise », pour que la flamme qui y brûlera perpétuellement soit à l’image de celle de la mémoire de leur sacrifice qui brûle à jamais dans les cœurs de tous les démocrates togolais éternellement reconnaissants ».

La sagesse de chez nous nous conseille que, devant un problème difficile à résoudre par la force brute, il faut savoir changer de stratégie et savoir faire preuve de plus d’intelligence, de sagesse et de diplomatie, conformément à l’expression éwé « asso ayé so ploè ». De son coté, la sagesse chinoise popularisée par Deng Xiao Ping, nous enseigne que « peu importe la couleur du chat, pourvu qu’il attrape la souris ».

Aussi, permettez-nous pour terminer, de faire de nouveau appel à la compréhension, à l’humilité et au soutien de tous ceux qui aspirent sincèrement à l’avènement plénier et imminent de la démocratie au « Pays de nos Aïeux », pour qu’en relativisant nos divergences d’opinion sur les stratégies pour la « lutte finale », à la pensée que la politique n’est pas uns science exacte, et en acceptant de « faire la paix des braves » entre tous les « combattants pour la démocratie » au Togo, en nous rappellent que « c’est l’union qui fait la force », nous puissions unir et soutenir nos efforts de la manière la plus efficace pour « parvenir à notre fin » par « l’alternance démocratique pacifique ».

C’est là le plus bel hommage que nous puissions rendre à tous les « martyrs de la démocratie togolaise » dont nous faisons mémoire en ce jour.

Fait à Lomé le 5 octobre 2010

Le Président National de l’UFC
Gilchrist OLYMPIO

 

 

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