L’ex- tenor de la rebellion Abdoulaye Traoré crache tout. Il est des moments que tout africain devrait prendre une minute de son temps et se démander si ceux, qui nous gouverne méritent les attentions que nous servent les occidentaux? Nous avions décidé au Lynx de retracer le parcours du plus grand économiste selon la France de tous les temps en Afrique. Mais curieusement aucun livre n’a jamais été écrit et laissé pour que les petits africains de demain se souviennent de l’homme. Pour le moment dans son palmares ,il fait braquer les banques. Mêmes les plus grands truands n’ont pas aussi des plans monstrueux. Lecture !
Le Temps : Quelle a été réellement l’implication de M. Blaise Compaoré dans la rébellion?
Abdoulaye Traoré : En 2000, Blaise Compaoré nous a envoyés à Pô, après à Frakrô où nous nous sommes entraînés avant de venir attaquer le 19 septembre 2002. C’est pour tout cela qu’il ne peut pas se mêler aux autres présidents du panel de l’Union africaine et venir gâter le résultat de leur travail. Lorsque j’ai parlé dans la presse en 2008, j’ai dit qu’on ne pouvait pas aller aux élections sans le désarmement. Blaise Compaoré était Facilitateur, mais on est allé aux élections sans le désarmement et voilà les conséquences. J’ai bien dit en 2008 que Blaise Compaoré allait venir mélanger ce pays et faire tuer beaucoup de gens. J’avais prévenu que les gens allaient distribuer les fausses cartes d’identité au Nord ; j’avais également signalé la participation de la France. C’est la France, avec le Général Johanna et Alain, qui nous faisaient contourner les positions des Fds pour pouvoir prendre des villes.
Et comment cela se passait-il ?
Les Français donnaient le système, ils nous disaient comment les Fds sont placées. On contournait, on faisait l’infiltration et lorsqu’ils arrivaient, ils nous distribuaient les armes. En fait, ils nous indiquaient des endroits où ils déposaient les armes pour nous. Par la suite, nous, on va les récupérer là-bas et puis on frappe !
Les Français mêmes, la Licorne ?
Oui, les militaires français, avec l’adjudant Raymond, signalaient les dispositifs de l’adversaire et distribuaient les armes à des points précis. A Man, par exemple, lorsqu’on voulait rentrer là-bas, on a discuté avec eux, ils sont allés cacher les armes quelque part, au cimetière. Ils nous ont indiqué que la poudrière des Fds était à la Préfecture de Man. J’ai fait l’infiltration, et lorsque nous sommes arrivés, nous avons frappé de prime abord sur la poudrière afin de disqualifier les Fds, puis nous avons avancé. C’est le même système que l’Onuci est en train de faire actuellement à Abobo. Ils sont là-bas, ils font entrer les armes et ils les partagent. Ce sont les mêmes qu’ils ont cachées quelque part, qu’ils ont utilisées pour frapper. C’est comme présentement, ils cherchent les poudrières d’Abidjan pour les attaquer.
Mais comment les soldats français trouvaient-ils les poudrières des Fds, par hélico ?
Non, ce n’est pas toujours par hélico, mais avec des complicités internes.
Sur quoi était portée votre mission en Libye ?
Il y avait une rencontre avec certaines autorités, des partisans d’Alassane. Je suis prêt aujourd’hui à dévoiler leurs noms ainsi que ceux de tous ceux qui ont participé à cette rencontre. Il s’agissait de mettre au point un certain nombre de choses pour que je puisse venir bombarder. Mais j’ai refusé en disant que je ne bombarderai jamais.
Quelles autorités ? Des partenaires de M. Alassane qui sont en Libye ?
Voilà ! Alassane s’est toujours caché, il fait venir des gens, il se met toujours derrière et on a des intermédiaires qui nous lient toujours à lui.
Ce sont des Libyens ou des gens qui vivent simplement en Libye ?
Non, ce ne sont pas des libyens, ce sont des Ivoiriens. C’est une rencontre qu’on fait en Libye comme on peut en faire ailleurs, en Algérie, au Mali, etc. C’est une étude, c’est stratégique, c’est bien fondé. Ce ne sont pas des Libyens. Vous savez, si on veut faire une rencontre quelque part et qu’il y a des doutes sur la sécurité, on va ailleurs. Moi, je ne peux pas aller au Burkina ; si j’y vais, ils vont m’assassiner là-bas. Donc, ils m’ont demandé quel pays m’arrange, ils ont proposé la Libye et nous sommes allés là-bas pour discuter.
Quel rôle a joué M. Alassane Outtara à dans cette affaire ?
Alassane, lui c’est le Boss, c’est lui qui donne l’argent à Bak, et Bak va voir le président, le président donne à Michel Bassolé, Basolé à Zida, Zida à Komoé, Komoé à Sidi. Il y a beaucoup de choses qui passaient de branche en branche.
Entre le président Compaoré et M. Alassane, qui commande ?
Nooon ! Il n’y a pas de comparaison ! Peut-être que c’est lui-même le père fondateur de la rébellion. J’ai dit dans l’une de mes interviews que Alassane n’a pas de décision à prendre; c’est Blaise Compaoré qui prend toutes les décisions, c’est lui qui dit on fait ceci, on fait cela. Vous savez que Blaise compose directement avec la France. Et dans ce contexte, il a détruit beaucoup de pays. Je connais Blaise, je me rappelle que j’ai fait un combat au Tchad pour faire asseoir Idriss Déby, on sait comment ça s’est passé. C’est moi qui ai fait le combat de Mauritanie et je sais comment ça s’est passé là-bas ; il y a beaucoup de pays où je suis passé avec lui et que nous avons fait beaucoup de choses ensemble. Mais maintenant, il y a eu divorce entre Blaise et moi ; je lui ai dit que je ne travaille plus dans ces contextes
Comment s’est passé concrètement le casse de la Bceao ?
Ce qui s’est passé à la Bceao, ce sont des instructions venues d’en haut jusqu’à nous. On a eu des instructions. J’ai une documentation et des Cd sur la répartition des fonds, où l’argent a été gardé, etc. Chacun a parlé sur le Cd, ce qu’il a eu dans le casse, tout. Vous savez, avant comme on était ignorant, chacun a parlé, a fait le travail, sans s’en rendre compte que ça peut le condamner demain. C’est comme le Cd de Koné Zakaria où il explique qu’Alassane est le père de la rébellion, sans savoir que ça pouvait se retourner contre lui, c’est la même chose. Nous étions ignorants. C’est maintenant que nous comprenons que nous avons pris des risques. Sinon j’ai le Cd du partage, le montant qui est parti à Ouaga, combien on a reçu, par où c’est passé, tout…
Et le Président Compaoré, il a eu sa part ?
Tout le monde a eu sa part ! Tout le monde a eu ! Ce n’est pas ceux qui ont donné les instructions qui ne vont pas avoir leur part. A un moment, il n’y avait pas d’argent pour acheter les armes. Donc il fallait trouver un système pour casser la banque pour trouver de l’argent et payer les Pa et les Rpg, etc. Ils ont demandé un montant. C’est comme la campagne d’Alassane Ouattara. Sa campagne, c’est l’argent de la Bceao qui l’a financée. Voyez bien, est-ce qu’un homme, même s’il a travaillé pendant cent (100) ans, peut-il avoir l’argent de la sorte ? Comment ? Soyons clairs, soyons dans la logique, disons-nous la vérité. Il n’a jamais été Président, comment a-t-il pu avoir cet argent pour faire cette campagne qu’il a faite ? On sait d’où ça provient, on sait qu’il y a eu trois agences attaquées : Korhogo, Man, Bouaké. Et on sait les contenus qui sont partis, on sait! Son émissaire venu chercher l’argent, on connait ; les soldats burkinabés venus chercher aussi, on connait ! l’immatriculation de la voiture burkinabé venue convoyer l’argent, on connait ! Donc, qu’ils arrêtent de fatiguer le président Gbagbo. Ce sont eux mêmes qui ont pris l’argent de la Bceao pour faire leur campagne. Nous, on a pris des morceaux- morceaux, moi, je reconnais ce que j’ai pris, mais que chacun reconnaisse ses faits !
Interview réalisée par Germain Séhoué