Ce qui choque le plus dans la crise Ivoirienne, c’est le comportement de Barack Obama qui menace Gbagbo, tel George W Bush menançant Saddam Husein. C’est à croire que le jeune Prix Nobel de la Paix a beaucoup à apprendre du concept de paix.
Il est vrai qu’en 2008, Barack Obama est venu trouver une crise vieille de 6 ans à laquelle il ne comprend peut-être pas grand’chose. Un bourbier français comme au Rwanda en 1994. Au sujet des récentes élections présidentielles en Côte d’Ivoire, il faut simplement dire au Président Obama que le monde vient d’assister à un épisode de la conspiration contre la démocratie commencée en 2002. Il ne s’agissait donc pas d’une élection, car pour être crédible, celle-ci ne pouvait faire l’économie du désarmement des rebelles et de la réunification de la Côte d’Ivoire.
La Communauté Internationale a déployé pour convaincre, l’arme de désinformation massive sur la Côte d’ivoire. La propagande occidentale de diabolisation semblable à celle qui a conduit à la mise à mort de Saddam Hussein est d’une ampleur telle qu’elle a inhibé le sens de la réflexion de certains intellectuels ainsi victime de la manipulation médiatique à haute dose. La sentence est triviale: « Il y a eu une élection présidentielle. Gbagbo a perdu, il doit partir sinon on le tue, point barre’’. Les médias français et américains s’y sont mis comme jamais auparavant, avec parfois des maladresses qui suscitent plutôt la curiosité au sujet de la maîtrise des questions africains par quelque journaliste de CNN. Le parti socialiste français a perdu sa langue et laisse son ancien « Camarade Gbagbo » se débattre seul face aux loups. Les quelques rares voix dicordantes viennent curieusement de la droite française avec les Gaulistes en tête.
Les analystes Gaulistes estiment que Sarkosy est devenu le « wagon de queue » des Etats-Unis qui seraient à la conquête de l’Afrique convoitée par la Chine. On ne sait pas dans quelle mesure une telle assertion est tout à fait vraie ou fausse, dans la mesure où les pays francophones d’Afrique ne sont indépendants que de nom, le Générale De Gaule lui-même ayant instauré après libération, la « non-indépendance de l’Afrique » à travers les réseaux Focart et et le Franc CFA. Donc on ne sait vraiment qui de Sarkozy et d’Obama est le wagon de queue de l’autre. Ce qui est sûr est que l’Afrique a besoin d’une politique différente de celle subie depuis 600 ans. Elle a besoin de son indépendance. Cette nouvelle politique que semble incarner Gbagbo devrait arriver tôt ou tard, avec ou sans l’occident. Il parait que la France et les Etats-Unis aient peur de la Chine qui a une diplomatie plus subtile de conquête de l’Afrique. Eh bien, il faut reprendre ici cette exclamation d’un jeune Ghanaen au sujet de la Côte d’Ivoire et de la peur du colon chinois: « How worst can it be with someone else? »
Lorsque Ouattara avait transformé le coup d’Etat qu’il a fomenté en rébellion armée contre Gbagbo moins de deux ans seulement après son élection, des voix s’étaient élevées pour recommander que les assaillants soient neutralisés avant qu’il ne soit trop tard. Obasanjo avait publiquement envisagé l’envoi d’ un contingent pour étouffer la rébellion dans l’œuf mais, mais la France avait rétorqué que la Côte d’ivoire est « son affaire personnelle’’. Ainsi donc avec la complicité de Compaoré, les occidentaux ont réussi à faire couper la Côte d’ivoire en deux. Et c’est au vu et au su de tout le monde que les rebelles étaient alimentés en Armes pour constituer une véritable armée d’occupation à partir de Bouaké.
Le monde entier a assisté à l’adoubement des rebelles qui ont pris les armes contre un régime pourtant reconnu par l’ONU. D’accords en accords, on a amené Gbagbo à avaler de grosses couleuvres. On lui a imposé huit ans durant, des gouvernements quadrillés par ses pires ennemis houphouetistes pour l’empêcher de mettre son programme politique en application. Le crime que Gbagbo a commis c’est d’avoir cru qu’en faisant des concessions au nom de la paix, il était sur la bonne voie. Il a été contraint à une transition qui a duré huit ans espérant au moins une seule chose: le désarmement des rebelles qu’il n’aura jamais. La raison du plus fort.
Certains intellectuels, analystes, journalistes Africains martèlent sans retenue que Laurent Gbagba a fait 10 ans et qu’il doit partir. Ceux-ci refusent sciemment d’admettre que Gbagbo n’a pas gouverné librement et qu’il lui a été imposé plusieurs gouvernements de crise avec des feuilles de route dictées par la France d’abord et ensuite par l’ONU. Des intellectuels de ce genre, comme l’a si bien fait remarquer le député sarkosyste Didier Julia, regretteront leurs positions aveuglement hostiles à Gbagbo aujourd’hui, mais n’auront pas le courage d’admettre qu’ils avaient tort. Ils préfèreront parler d’autres choses.
En mars 2010, à New York, le représentant de la Côte d’Ivoire aux Nations Unies, M. Alcide Djédjé et Monsieur Choi lui-méme, à l’époque, avaient demandé qu’il y ait réunification de la Côte d’Ivoire avant les élections. La France et les États-Unis ont dit NIET et ont imposé d’aller aux élections dans ces conditions. Les élections devaient avoir lieu deux mois après le désarmement et la réunification. Mais les Nations Unies, par l’intermédiaire de la France et des États-Unis, ont fait des pressions en disant que le Président Gbagbo ne veut pas aller aux élections et qu’il est possible de faire les élections maintenant, etc…. Et voilà le résultat. Ceux qui se proclament dépositaires des principes démocratiques les foulent eux-mêmes aux pieds, de la manière la plus grossière en se comportant comme en un territoire sans maître.
Nous sommes donc en pleine recolonisation de l’Afrique par la France appuyée par les Etats-Unis de Barack Obama. On croyait que la Guerre Froide terminée, l’Afrique cesserait d’être le musée de la misère planétaire. On croyait que les Etats-Unis qui se veulent champions de la démocratie appuyeraient les jeunes démocraties naissantes. Les ambassades americaines au Togo, au Burkina Faso etc… rendent compte à Washington d’élections acceptables même si cela est loin d’être la vérité. En Côte d’Ivoire, nous vivons le résultats des prises de positions d’ambassadeurs qui sont, on dirait, contre le bien être des Africains.
Mais alors peut-on parler d’élections crédibles et s’en servir comme sortie de crise dans un pays où la communauté internationale a fabriqué deux armées tribales et où une grande partie du territoire est sous contrôle exclusif des rebelles qui y font la loi ? L’homme le plus ignorant de la terre n’a pas besoin de réfléchir pour savoir que l’ONU a crée les conditions d’un génocide en Côte d’Ivoire en faisant semblant d’y instaurer la paix. L’ère du mensonge utile. Aujourd’hui, le mensonge et l’hypocrisie gagnent du terrain, le véritable débat d’idées avec des pour et des contre est escamoté, les slogans, les déclarations unilatérales, le consensus remplacent la discussion et interdisent le doute et la recherche de la vérité.
Les accusations fabriquées au laboratoire des rumeurs de l’hôtel du Golf abondamment relayées par l’ONUCI et reprises en chœur par les médias occidentaux s’inscrivent dans l’habituelle stratégie d’ingérence extérieure dans les affaires du continent, visant à dénigrer leurs dirigeants et institutions, et manipuler davantage l´opinion publique pour justifier l’inévitabilité du génocide envisagé. Monsieur Youssouf Bakayoko membre du RHDP de Ouattara a été amené à l’Hôtel du Golf,par les ambassadeurs de France et des Nations Unies au QG de campagne de Monsieur Ouattara, devant la presse étrangère, dont France 24, pour proclamer les résultats seul sans les autres et sans que les résultats soient validés par consensus comme l’exige la loi.
Et on dit que ces résultats dits provisoires s’imposent parce que certifiés par le gouverneur autoproclamé de la Côte d’ivoire M.Choi, alors même qu’aucune disposition de l’accord de Ouaga ne dit expressément que la certification enlève au Conseil Constitutionnel son rôle de juge du contentieux électoral. Au nom de l’ONU, l’ordre constitutionnel n’existe plus en Afrique. On ne parle plus de « légalité’’ mais de « légitimité.’’ Là encore on se demande de quelle légitimité on parle. De celle que confère seul le grand démocrate Coréen Choi Young Jin?
Les grandes puissances qui détiennent le brevet d’invention de la démocratie ont donc décrété que les institutions de Côte d’ivoire doivent être foulées aux pieds. Et pourtant Ouattara qu’ils disent reconnaître comme président élu a reconnu la légitimité de cette même Cour Constitutionnelle qui a agréé sa candidature et à qui il a adressé une lettre rendant compte de sa prestation de serment faite en République du Golfe. Le ridicule ne tue vraiment pas. Amnesty international et la CPI justiciers suprêmes des occidentaux ont amnistié les « ex-rebelles » de tout forfait et prononcé la sentence contre le camp Gbagbo. Il ne leur reste qu’à fabriquer des preuves pour passer à l’acte.
Comme par enchantement, les témoins qu’ils brandissent pour justifier les exactions commises sont tous des militants ouattaristes. Une vraie « ouattaresque pantalonnade », pour reprendre Jean-François Probst. Il n’y a plus de doute. Les auteurs de ces exactions sont tous du camp de Gbagbo. Pour les besoins de la cause, les rebelles armés qui ont abattu les forces de sécurité et attaqué à l’arme lourde les véhicules des Forces de Défenses et de Sécurité sont présentés par la propagande occidentale comme étant des « manifestants aux mains nues abattus sans sommation’’. Pour l’ONU et ses ailes marchantes , la CPI et Amnesty international, les victimes enregistrées dans le camp de Gbagbo sont moins que des chiens. Entre Sarkozy et ses sous préfets de la CEDEAO, les échanges de coup de fil se multiplient, et ses sous-préfets africains, Compaoré, Wade, et Jonathan Goodluck adhèrent idiotement à l’instrumentalisation de la CEDEAO. Gbagbo est devenu un dictateur de la pire espèce qu’il faut éliminer à tout prix. Le décor étant planté l’intervention directe des Nations unies et la force licorne seraient trop scandaleuses yeux des populations occidentales qui n’hésiteraient pas dénoncer leurs dirigeants. Il faut trouver comme au temps colonial des Africains pour la basse besogne. Et c’est Goodlock Jonathan qui a été désigné pour jouer le rôle de boucher.
En contrepartie les Nation Unies, Paris et Washington fermeront les yeux comme d’habitude sur le prochain scandale électoral qui propulsera Jonathan au pouvoir en janvier prochain. Les autres sous préfets de Sarkozy que sont Yayi Boni, Faure Gnassingbé, Toumani Touré et consorts jouent aux Ponce Pilate et n’osent pas demander à leur ressortissants en Côte d’ivoire de quitter la Côte d’Ivoire avant le massacre, alors que les occidentaux qui ont demandé de massacrer les ivoiriens font rapatrier les leurs. Et c’est ce faisant que les nations Unies Sarkozy et Obama instaureront la paix le développement et la réconciliation en Côte- d’Ivoire. On voit bien qu’à défaut de lui trouver des armes de destructions massive comme on l’avait fait pour Sadam, la propagande occidentale lui a trouvé le motif du hold up électoral et l’alibi des mercenaires libériens.
Et ça se passe au moment où on fête le cinquantenaire de nos indépendances. Sacrilège !Il y a des institutions ; la Commission électorale siège de façon collégiale et par consensus, mais ceux qui prônent le modèle démocratique se mettent hors la loi et contestent l’arbitrage du Conseil Constitutionnel, alors que dans leur propre démocratie c’est ce qui se fait. Ce sera désormais le représentant du secrétaire général des Nations Unies qui jouera ce rôle de président des instances chargées de la proclamation définitive des élections. Peut-être que l’on viendra à écraser tous ceux qui ont voté pour Gbagbo les chasser tous de Côte d’Ivoire, faire de la purification, pour qu’il y ait une Côte d’Ivoire conforme à la façon de penser de Monsieur Sarkozy et des autorités américaines.
Toute cette mobilisation mondiale sans précédent contre un seul homme ainsi transformé en héros. On n’a pas vu autant au Togo encore moins au Kenya et au Zimbabwé . Il est clair qu’ils veulent imposer quelqu’un qui est de leur réseau au pouvoir et qui leur a vendu le pays à crédit en vue de mettre sous tutelle la Côte d’Ivoire pour pouvoir mieux saisir et exploiter ses richesses. Peu importe le nombre de morts qui pourraient sortir d’un conflit tel qu’ils l’attisent actuellement. Désormais la légalité ne compte plus en démocratie. Cette odieuse absurdité n’inquiète personne. Ils ont fait pendre Saddam et massacré des milliers d’Irakien mais ils n’y ont pas pu imposer la paix.Tout ce qui leur reste à faire, c’est venir envahir la Côte d’Ivoire et installer Ouattara et proclamer la dictature houphouétiste comme régime politique. Il leur reviendra de massacrer tous les chefs militaires et l’armée loyaliste parce qu’ils sont commis le crime de respecter les institutions de la République comme l’enseignent les champions de la démocratie. Même après l’avoir fait, ils ne seront même pas sûrs que Monsieur Ouattara puisse gouverner le pays. Ce qui est dit est dit. Désormais, les vrais démocrates s’ils veulent accéder au pouvoir n’auront qu’ à chercher les moyens comme Ouattara pour constituer une rébellion armée et occuper une partie de leur pays. Ils seront soutenus par Washington et de Paris contre les institutions établies. La démocratie c’est désormais ça!
Par Abass Saïbou & Joseph Takeli