L’ANNEE NUMERO 51 DE NOTRE INDEPENDANCE

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L’année 2011 arrive avec la commune mesure de souhaits et de commémoration comme les précédentes, Bonne année 2011 et de belles perspectives de développement, de paix et de véritable démocratie pour la Terre de Nos aïeux le TOG et pour l’AFRIQUE toute entière

Que retenir de l’année 2010 qui s’achève bientôt sur le TOGO? Les élections présidentielles ont-elles permis de raffermir la cohésion sociale et la réconciliation nationale? La paix des « braves » augure-t-elle enfin un nouveau pacte politique pour sortir notre pays de sa lancinante crise sociopolitique? Quel impact sur le débat politique après la scission de l‘UFC engendrant la création de l’ANC?

L’ELECTION PRESIDENTIELE DE 2010

Le plébiscite de Faure GNASSINGBE à l’issue du scrutin de Mai 2010,élu à plus de 60% des suffrages n’eut étonné que la béatitude immaculée des optimistes que nous fûmes. A posteriori une analyse synthétique des processus électoraux en Afrique depuis le discours de La Baule permet d’établir un postulat amer de la démocratie en Afrique: que primo on n’organise pas une élection pour la perdre, deuxio le suffrage populaire ne vaut pas celui du blanc seing des organisations internationales et des pays amis dont la préoccupation majeure tient à des intérêts aux antipodes de la volonté populaire nationale. Et enfin la « victoire » du président sortant est une résultante du tumulte éternel de leadership des oppositions africaines incapables d’union sacrée pour incarner une vraie alternance et une alternative de gouvernance crédible. En sus de ces tares, les procédés de conservation et de monarchisation du pouvoir au TOGO n’ont nulle part d’équivalents en AFRIQUE
Toutes ces situations pathologiques transposées au contexte politique Togolais d’avant les élections présidentielles de 2010 exacerbent les difficultés d’une possible alternance au sommet de l’état. En effet les retombées positives de l’APG (Accord de Politique Global ) attendues, n’ont accouché que d’une souris. Bien que les insuffisances de cet accord furent abondamment soulevées par la plupart des observateurs, il fallut s’en tenir à sa substance essentielle pour amener le RPT à l’acceptation de la mise en place d’un code électoral approprié, d’une nouvelle assemblée constituante, d’une cour constitutionnelle indépendante , d’un renouveau découpage électoral et surtout et avant tout des élections locales prélude à une décentralisation que ne saurait omettre un régime de gouvernance moderne. Tant que ces garde-fous juridiques et acquis politiques n’étaient pas réalisés, on avait le temps d’attendre le temps. Nous n’en étions pas à une singularité près et ce d’autant que la constitution en vigueur ne présageait une révolution démocratique.
Emportés par l’angélisme d’un partage réel du pouvoir, les signataires de cet accord n’en ont retenu que la formation d’un gouvernement d’union nationale dont les faits d’armes patents furent l’organisation des élections législatives. Les objectifs de L’UFC naguère dans ces multiples rounds se résumaient à l’unique deal implicite de permettre à leur leader de pouvoir être éligible à la présidentielle de 2010 au point de se prévaloir de sa virginité originelle pour refuser la « fornication » avec le régime en place. On connait la suite. Mal inspirée par les raisons de la victoire du RPT à ces législatives, l’opposition parlementaire contribua à mettre en sourdine la mise en œuvre des grandes lignes de l’APG. Cet accord a péri sur le débat des primautés entre le pouvoir législatif et la substance essentielle restant à mettre en application de ces accords. L’opposition arrimait déjà sa conviction sur une possible victoire aux prochaines élections présidentielles alors que les piliers institutionnels et les avatars macabres des tueries de 2005 sont restés en l’état.
Techniquement l’organisation du scrutin a bénéficié de l’appui indéniable des bailleurs de fond. Culturellement la population togolaise dans sa majorité fut pour un changement au sommet de l’Etat. Structurellement l’opposition n’avait pas les moyens institutionnels ,financiers, et manquait d’une union sacrée pour assurer l’alternance au sommet. La glorieuse invention du FRAC fut une césarienne de sauvetage pour un bébé né mort dont le sort semblait scellé depuis les accords officieux de San EGIDIO. Pendant que l’opposition républicaine s’échinait sur la suppléance de son candidat naturel victime d’un accident domestique loin de sa terre natale, la machine à frauder de la partie adverse était en marche dans tout le pays et même dans les bastions supposés imprenables de l’opposition.
Si l’on refait un scenario factuel de l’échec de l‘opposition à cette élection présidentielle en mettant dans la marge invisible du « making off », la fraude massive basée sur l’achat des consciences jusqu’au sabotage des VSAT, notre introspection rationnelle nous recommande de reconnaitre le manque de clarté idéologique et pédagogique du FRAC, l’absence criarde d’innovation législative de l’opposition parlementaire pour remettre au gout du débat populaire les grands sujets institutionnels sus mentionnés notamment celui de l’armée, de l’impunité et de la corruption. Et surtout l’hésitation manifeste du maréchal à adouber et accompagner le FRAC dans cette campagne électorale. Sa déclaration à son arrivée à la frontière d’Aflao annonçant une défaite possible de son poulain et demandant à ses partisans de renoncer à la revendication post électorale augurait d’un remake du hold up électoral habituel préparé cette fois-ci avec son aval. Un avant gout du plébiscite de Faure était pressenti depuis les élections législatives. La victoire du RPT ne s’expliquant pas seulement par un découpage électoral inique et par un vote régionaliste et ethnique, autrement, la région des plateaux n’offrirait pas dix députés au RPT. Quel que soit le type de scrutin si une union sacrée de l’opposition ne se réalise elle perdra toujours les élections.
Faure fut donc élu dans le tumulte devenu une rituelle bien togolaise. La constitution togolaise lui accorde tous les pouvoirs avec une majorité au parlement que ne saurait édulcorer le «  régime tempéré » que concocte ses nouveaux alliés. La contestation sur la vérité des urnes est hélas à son crépuscule faute d’une résonance dans la communauté internationale qui a tôt compris que les enjeux géopolitiques et économiques à moins d’un accident diplomatique majeur au TOGO pouvaient bien s’accommoder d’une démocratie palliative. La paix des « braves » a parachevé dans l’abîme le grain d’espoir légitime que nourrissaient les sympathisants du FRAC.

LA « PAIX DES BRAVES »

L’accord politique entre l’UFC et le RPT dans les conditions que nous connaissons a crée des émois effroyables dans les cœurs des démocrates authentiques au point d’en pleurer comme des madeleines. Ciel fasse que demain « l’accord historique » nous abreuve de bienfaits!!
Cet accord quelque soit l’avenir heureux qu’il postule est déroutant tant il sonne le glas de la lutte pour le changement idéal que souhaite la majorité des togolais aussi bien dans sa forme que dans ses fondamentaux. Son absurdité est prosaïque:
– En ce que les fondements de l’exercice démocratique sont bafoués. Le candidat du RPT a gagné avec une large majorité qui confine à un plébiscite. Qu’il gouverne et mette en action son projet de société. Aucune préoccupation sociale, aucune entrave constitutionnelle, ne l’obligeât à cette main tendue sélective puisque seuls les AGO répondront à son appel de gouvernement d’union. La rhétorique de la recherche de la paix sociale, et d’un climat politique apaisé ne suffit plus à expliquer cette absurdité. Le dessein est bien au-delà des préoccupations de construction d’une démocratie apaisée. Autrement les pourparlers auraient dû être engagés avec le candidat du FRAC nonobstant les réticences du maréchal. La conceptualisation par les écuries de bons offices entre les principaux protagonistes Faure et Gilchrist résumant la crise politique togolaise aux antagonismes nés de l’assassinat du père de l‘indépendance et sur l’adversité putative entre les anciens nationalistes et les anciens réfractaires à l’indépendance est une hérésie gigantesque pour espérer une vraie réconciliation entre les Togolais. C’est l’injustice sociale et le despotisme ostensible qui divisent les Togolais malgré les piqûres de rappel des scorpions de la division ethnique.
– En ce que la scission du plus grand parti de l’opposition togolaise se soit réalisée sur non pas un malentendu inhérent à chaque groupe social constitué ,mais sur une note de vengeance du chef dont le manque de discernement abroge brutalement l’espoir de tout un peuple et anéantit l’écho politique de ses anciens lieutenants qui à ,leurs corps défendant l’ont hissé au statut de l’homme providentiel , le messie qui devra sauver le TOGO. Les Togolais sont depuis 1990 immunisés contre les hommes providentiels et s’en tiennent à la cohérence du discours politique. En l’occurrence on peut en comparaison de la forme d’attelage au RPT voulue par le maréchal, jeter des lauriers à Edem KODJO, Zarifou AYEVA et AGBOYIBOR et GNININVI en ce que leur participations diverses aux divers gouvernements d’union se firent sur des bases nées de consensus certes discutables. J’avoue que ça avait de la gueule!
– En ce qu’un accord politique se fonde sur un projet de société consensuel avant la formation du gouvernement sensé l’appliquer. Or « l’engagement résolu de l’UFC en faveur d’un changement politique et social authentique et le refus de tout compromis avec le système au pouvoir dominé par l’armée » figure toujours en bonne place dans le manifeste de l’UFC. Le partage de pouvoir, la nomination des AGO aux postes de directions des sociétés d’état, et dans les cabinets ministériels ont fait pschitt..tout comme l’illusion illégale et illégitime de nommer des maires AGO. Le camp RPT s’agrippe à ses positions jouant avec les humeurs du maréchal par des communiqués laconiques sur l’avancement de l’accord historique. La paix des braves n’est donc qu’une somme d’allergies refoulées jusqu’au prochain urticaire. A moins que finalement le RPT ne soit qu’un état d’esprit très difficilement enfouis dans l’inconscient de beaucoup d’ « opposants » qui saisissent la moindre occasion pour le manifester.
Enfin l’absurdité majeure tient en l’exclusivité des pourparlers engagés entre seulement deux partis politiques pour discuter des enjeux institutionnels qui engagent l’avenir de tout un pays. Les dernières sorties du comité de suivi de « l’accord historique » sur le « régime tempéré » et le projet de calendrier des élections locales alors que le contentieux sur la communalisation reste entier, démontrent à souhait son destin « pipolesque ».Se rassurer de l’illusion que «  la paix des braves » est la bonne trouvaille pour la crise togolaise est simplement un pas franchi dans la béatitude contemplative des enjeux politiques et sociaux de notre pays. L’emprunt du déguisement a un terme et il va falloir nous présenter un vrai programme commun de gouvernement RPT/UFC pour estomper notre catastrophisme exacerbé mais légitime.

LE SCHISME UFC/ANC
Il s’agit plus d’un malentendu né d’ un « parricide »légitime que d’un schisme idéologique. Qu’il nous souvienne que trois jours avant l’accident fatidique du maréchal ,celui-ci a, dans un billet paru dans certains journaux et sur le net évoqué son intention d’abandonner la lutte à la jeunesse aux motifs bien légitimes d’un scrutin vicié et de la main mise de l’armée sur l’exécutif togolais. La candidature de Fabre ou quelque autre de ses ex-lieutenants devenait légitime ou à tout le moins utile pour ne pas brader l’élan populaire autour de l’UFC. D’où nait l’ire du maréchal après-coup? Où la théorie d’une conspiration avec le RPT depuis Abuja en 2005 puis SAN EGEDIO devient vraisemblable. Tout porte à admettre à posteriori que le scenario de « la paix des braves » était écrit d’avance; que l’UFC participât ou non à l‘élection présidentielle. L’éventualité d’un processus de négociation avec le FRAC était fort plausible après cette occasion ratée pour Faure d’être élu proprement. Mais la conception des accords implicites du maréchal avec le RPT ne trouvera pas sa plénitude avec les représentants « des partis minuscules qui n’apportent rien à L’UFC ».Les stratèges du RPT s’engouffrent dans ce hiatus pour faire exploser le parti historique de l’ablodé. On connait la suite. L’ANC naquit par nécessité de porter haut le flambeau de la lutte pour la démocratie avec les postulats idéologiques de l’UFC originelle. Les AGO/UFC acceptent les fixettes conservatrices du RPT et les recettes éprouvées pour nous servir une soupe « moyo » appelée « paix des braves »
Dans le contexte actuel la naissance de l‘ANC est à saluer en ce qu’il inhibe avec ces maigres moyens l’intention du parti au pouvoir de l’uniformisation contrainte de la pensée politique et l’instauration d’un régime chaud sans contre pouvoirs et des institutions de façade pour caser et repaitre les derniers récalcitrants. Le sénat qu’on nous concocte et les autres chambres régionales servira à ça!

Il reste à l’ANC à promouvoir une nouvelle pédagogie d’action qui omet toute référence à la bisbille avec les AGO; qui ratisse large pour amener dans son giron tous les autre membres du FRAC et les associations des sociétés civiles. Le travail de terrain doit commencer sans tarder et se départir avec tact de la rhétorique référentielle avec le nationalisme de l’ablodé qui a rendu réfractaire une partie de la population au discours de l’UFC antique bien qu’aucune posture historique d’anti-indépendantiste ne lui soit connue.
Depuis vingt ans le monde a changé. Les enfants de dix ans en 1990 sont devenus majeurs et leurs préoccupations à l‘aune de l’histoire tumultueuse de notre pays exigent de nouvelles approches pour élever leur pouvoir d’indignation et de prise de conscience face au chaos qui se dessine.
N’escompter que sur le désarroi réel des populations et leur appauvrissement littéral par la prédation ostentatoire des dirigeants actuels ne suffira pas à renverser la donne. Il faudra innover.

ENFIN

2011 s’annonce sous des meilleurs auspices pour les Togolais : on augmentera l’indice salariale, on instaurera enfin une branche maladie dans le régime de couverture sociale pour les salariés de la fonction publique avec une cotisation de 3,5% du salaire. Mais de combien sera le relèvement de l’indice salarial? De 3,5% ?
Le PPTE est une grande victoire. Enfin que vaut la jubilation qui en résulte si nous ne sommes que le 35éme pays pauvre très endetté à succomber à cette combine des grands huissiers de la finance internationale. Bon courage au gouvernement pour alléger la souffrance des populations. Avec le cadeau de Noel du club de Paris ça devrait suffire à nous clouer le bec. Non?
Les grands chantiers sont mis en route et d’autres promis pour 2012. Félicitations au gouvernement
L’agriculture Togolaise bénéficie de fonds d’aide multilatérale et des fondations diverses et variées. L’autosuffisance sera pérennisée jusqu’au prochain centenaire de notre indépendance
La modernisation de la justice est en marche en témoigne les jurisprudences nées des affaires REDEMARRE, Antoine FOLLY , et la rénovation de nos prisons!!
Les droits de l’homme ont connu une avancée notable en témoigne les bavures policières sur les manifestants :on ne tue plus, on gazéifie et ou gourdine;les journalistes sont libérés lors des procès par la magnanimité du prince!
La réconciliation nationale est sur la bonne voie. Mgr Barriga a accompli un travail de titan.
Voici résumé le tableau idyllique de l’action gouvernementale.
Mais diriger un pays c’est lui dessiner un destin programmatique sur un chronogramme tenant compte des ressources propres du pays. Que sera le Togo dans cinq, dix vingt ans?
Si la vision qu’a la classe dirigeante de notre pays émane du débat permanent entre développement et lutte contre la pauvreté avant la démocratie, l’on n’entrevoie les prémisses ni la volonté d’un tel dilemme idéoogique.Tant le despotisme, la corruption et la mal gouvernance s’étalent comme des tares incorrigibles. L’économie du pays ne peut se fonder sur la main tendue permanente vers des accords d’aide financiers qu’on brandit comme des trophées de guerre laissant en jachère la mobilisation des ressources internes par une fiscalisation juste et ne prenant pas à bras le corps la lutte contre la corruption, le bradage et la mise sous gage de nos maigres ressources naturelles à des multinationales étrangères. Et le versant démocratie et Droits de l’homme est vainement identifiable.
Politiquement les relents des caciques du pouvoir de nous ramener au monolithisme ante ou à tous le moins à des régimes démocratiques de façade qui n’acceptent de la démocratie que les joutes électorales rythmiques n’accordant aucun crédit au saint principe de l’alternance possible, sont à proscrire. Le RPT a une chance formidable de rentrer dans l’histoire en s’abstenant définitivement de rendre inexistante toute opposition crédible et en s’attelant à mettre sur pied de façon consensuelle, les grands piliers institutionnels indépendants et garant d’une démocratie apaisée et juste. Pour cela il faut commencer par se départir des concepts de conservation du pouvoir par tous les moyens. Envisager que demain le RPT puisse être un parti d’opposition crédible doit commencer par être ancré dans les esprits de ce parti. Les accointances internationales, les techniques électoralistes, les trésors de « guerre », ne suffiront plus à faire avaler la pilule du maintien au pouvoir pendant plus d’un demi siècle par un seul parti fut-il congloméré avec les « ablodevi ».
Les chantiers à défricher sont grands pour que 2011 soit l’année de la refondation consensuelle par tous les fils et filles qui chérissent ce pays. Il faut pour le RPT absoudre le problème Gilchrist et ses AGO dans son propre intérêt et pour la visibilité d’action des hommes de valeur qui ordonnancent le changement véritable. A l’opposition la patience sera maitresse. Les échecs aux élections depuis l’avènement de la démocratie au TOGO doit inciter à reformuler les priorités. La lutte pour l’instauration des institutions républicaines fiables et verrouillées par des dispositions solides fussent-elles supra-législatives (dans un cadre de négociation inter togolais ) , la pédagogie de la culture démocratique par l’effectivité de la gouvernance décentralisée, l’implication permanente dans les débats parlementaires et extra parlementaires des problèmes de société devront prévaloir aux sempiternelles luttes juridiques et judiciaires et de leadership de ses composantes. Autrement en l’état actuel des choses, si l’alternance doit par accident survenir précocement que prévue, elle rimera à la vente du chien pour l’achat d‘un singe. Les démonstrations de force du maréchal sur son UFC démontrent à souhait que l’alternance n’est pas gage de démocratie véritable.
Faire et défaire c’est construire. Prenons le temps de faire une bonne fondation en faisant abstraction du désir légitime d’accéder au sommet prestement.
BONNE ANNE 2011
Ben NKOTOUKI
   

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