Communiqué de presse de SOS Journalistes en Danger relatif à l’agression de deux photojournalistes
Le mercredi 15 septembre 2010, une horde de miliciens à motos et bénéficiant de la protection des forces de sécurité, ont pourchassé le photojournaliste Tony SODJI et son assistant Patrick Kuévi TEVI. Les deux journalistes couvraient la circulation sous haute surveillance policière, du leader du Front républicain pour l’alternance et le changement (Frac) Jean-Pierre Fabre, qui se dirigeait vers le Temple Méthodiste Salem de Hanoukopé à Lomé, où devrait se tenir une veillée de prières. Après une course poursuite, les deux photojournalistes ont été rattrapés dans une maison, où ils ont pris refuge, non loin de l’immeuble FIATA, vers 12H 15 GMT.
« Patrick TEVI a été tabassé alors que ces individus qui disaient le voici, le voici, en me doigtant, se sont rués sur moi. L’un d’eux m’a blessé les paumes des deux mains, avec un objet contondant que je n’ai pas réussi à identifier », a rapporté à notre Collectif, le confrère Tony SODJI. Ce dernier qui a reçu des soins dans une clinique sur place à Lomé, devrait se déplacer sur Abidjan, sur les conseils des médecins, pour des analyses en vue de déterminer si l’objet qui a servi à le blesser, n’est pas empoisonné.
La moto des confrères a été saisie et mise en fourrière dans un commissariat, avec mention « cas politique » et ne leur a été remise que dans la soirée de leur agression, aux environs de 18 heures.
S.O.S Journaliste en Danger s’élève avec la dernière rigueur contre cette agression contre les deux confrères, qui n’est qu’un aspect de la stratégie de musellement de la presse, décidée et mise en œuvre par le pouvoir de Faure Gnassingbé, dont la réélection est fortement contestée depuis six mois, malgré la répression sauvage qui s’abat sur les populations acquises à l’opposition.
Dans la même logique de tentative de musellement de la presse, le Chef de l’Etat a introduit devant les tribunaux dont l’indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif est sujette à caution, des plaintes en diffamation assorties de prétentions exorbitantes en guise de réparations de dommages et intérêts.
Rappelons que déjà le mercredi 1er septembre 2010, alors qu’il couvrait l’arrivée de Jean-Pierre Fabre, au Temple Méthodiste de Salem, Tony SODJI a été blessé au tibia, par l’éclat d’une grenade qu’un élément de la gendarmerie a balancée vers lui. La scène se passait juste avant que le Capitaine de Gendarmerie Kondo, n’assène un coup de matraque dans le dos, au leader du Frac, Jean-Pierre Fabre.
La répression ciblée dont font l’objet les photojournalistes sur les lieux de reportage, a commencé depuis l’affaire du Colonel français Romuald LETONDOT, à la suite de laquelle le ministère de la Défense nationale avait sorti un communiqué incriminant la presse togolaise.
S.O.S Journalistes en Danger s’inquiète de la dégradation continue des conditions d’exercice de la profession de journaliste au Togo, et interpelle les autorités politiques en charge d’assurer la sécurité des citoyens en général et des journalistes en particulier dans l’exercice de leur profession.
S.O.S Journalistes en Danger, lance un appel à toutes les organisations de défense de la liberté de presse et d’opinion, à œuvrer en faveur du libre exercice de la profession de journaliste au Togo.
Fait à Lomé, le 22/ 09/ 2010
Le Coordinateur provisoire
Ferdinand Mensah AYITE