Le détective du NYPD qui assurait la sécurité de la marche des opposants togolais aurait remis les photos en question aux organisateurs de la marche pour s’assurer que le photographe caché avait reçu le consentement des organisateurs pour filmer les manifestants. CMAF-Togo a donc pu s’acquérir de ces photos par ce biais pour déposer une plainte auprès des Nations Unis le Lundi 26 Avril 2010 pour tentative d’intimidation, complicité de groupement de malfaiteurs et espionnage. Dans la lettre au Tribunal Administratif des Nations Unies rendue publique cette semaine, CMAF-Togo a demandé une enquête indépendante pour déterminer l’utilisation finale des photos prises par Norbert Guidiglo et rassurer les participants présents à la manifestation qui s’inquiètent de représailles du régime togolais contre leurs familles à Lomé. Selon Issifou Moussa, un des responsables de CMAF-Togo que nous avons contacté à ce propos, il s’agit d’une affaire judiciaire et CMAF-Togo s’abstiens de tout commentaire. Nous avons appris du Bureau de l’Ombudsman de l’ONU qu’une enquête est en cours et que si les faits reprochés au Sieur Norbert s’avéraient vrais, il serait sous le coup de sanctions disciplinaires voire de déportation. Selon un fonctionnaire des Nations Unis ayant acquis l’anonymat, une enquête préliminaire des services informatiques de l’ONU a révélé que les photos ont été envoyées par e-mail le lendemain à une personnalité togolaise de haut niveau résidant à Lomé dont le nom est souvent cité dans les rapports sur les abus des droits de l’homme au Togo.
Un malheur ne venant jamais seul, Amnesty International s’intéresse depuis la semaine passée a ce dossier très grave. CMAF-Togo et Amnesty International ont déposé une plainte conjointe devant le Tribunal de New York qui a aussi ouvert une enquête. « S’il prendre des photos ordinaires dans un lieu publique n’est pas illégal dans l’Etat de New York, l’utilisation de cameras d’espionnage pour le compte d’un gouvernement étranger est un délit grave qui est passible de prison à vie » nous a confié un ami juriste à Washington. Nous avons demandé à un avocat travaillant sur le dossier pour le compte de CMAF et Amnesty si l’immunité diplomatique de Norbert Guidiglo ne va pas rendre la plainte irrecevable. Ce dernier nous a dit que sur la base des preuves fournies, le tribunal va certainement se prononcer en faveur de la gravité du délit et lever l’immunité du diplomate pour le faire juger. Il dit avoir aussi demandé au tribunal un mandat d’arrêt pour éviter que l’accusé ne s’envole dans la nature avant son jugement. L’espionnage aux Etats Unis est passible de la prison à vie. Il est donc évident que Norbert Guidiglo risque très gros dans cette affaire diplomatico-judicaire qui fera couler beaucoup d’encre dans les jours qui viennent.
Quelques semaines seulement après sa prestation de sermon à l’issu d’un scrutin hautement contesté, c’est un nuage noir qui se forme dans les relations entre Faure Gnassingbé et l’ONU. Le régime togolais qui est en train de rassembler amèrement ses miettes de soutiens diplomatiques dans le monde, va-il se risquer de saper son honneur en venant au secours de son homme de main à New York ? Au minimum, le régime devrait l’aider à se procurer des services d’un avocat compétent pour se défendre et échapper à la prison à vie. Mais, des analystes avertis prédisent que le RPT va plutôt sacrifier Norbert et se désolidariser de son acte pour démontrer son attachement aux droits de l’homme. Le poste de membre non-permanent de l’ONU a été trop chèrement acquis pour être risqué à cause de l’imprudence personnelle du quidam Norbert Guidiglo qui a simplement mal exécuté la mission qui lui a été confiée. D’ailleurs, que change la perte d’un seul homme de main à régime qui possède une ressource humaine et des moyens financiers interminables. Ce n’est pas les candidats qui manquent. Il y a beaucoup d’autres candidats tout aussi zélés qui attendent à Lomé leur chance de venir au pays de l’Oncle Sam pour accomplir les mêmes missions. Aujourd’hui seul et abandonné par ses comploteurs au gré du FBI, d’Amnesty et de la cour de l’ONU, S.E. Norbert Guidiglo se souviendra amèrement toute sa vie du prix récolté pour son interminable zèle au service d’une dynastie qui est prête à tout pour se garder au pouvoir. Il servira de cobaye à ceux qui, comme lui, s’obstinent jours et nuits à espionner les opposants aux Etats Unis.
Enquête Réalisée par Joël Yawovi Agbekponou
Ancien Reporter de Togo Presse refugié aux Etats Unis
Journaliste Indépendant,
Correspondant du Journal « Le Palmier Africain »
Washington, DC
joel.agbekpenou@gmail.com