Le virage du PM Houngbo

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Celui qui s’appuie sur des mensonges se repaît de vents et il court après des oiseaux qui volent » (Proverbes – Bible)

Nous l’avons toujours dit. Le système RPT est un système qui corrompt. Vous avez beau être un innocent, un travailleur infatigable, un redoutable keynésien, si vous tombez dans le système, vous en sortez toujours défiguré, méconnaissable. Tous vos ambitieux projets seront sabordés de peur que vous ne constituiez de l’ombre au chef du parti et président de la République. Usé par le temps, empêtré dans les contradictions, victime des coups bas, vous êtes tenu de ranger dans les placards vos valeurs qui vous sont chères pour apprendre l’art de tronquer la vérité et la réalité. Ainsi, vous diriez par exemple que le sang qui coule dans nos veines est blanc malgré l’évidence, vous diriez que le palmier à huile peut se transformer en maïs sans avoir un pincement au cœur.

Venu tout feu tout flamme dans le système, le Premier ministre Gilbert Houngbo avait gaiement annoncé qu’il se donnait six mois pour apporter un peu de sourire au quotidien des Togolais. Surfant sur son titre d’ancien directeur Afrique du PNUD et sur son carnet d’adresses, beaucoup de Togolais ont cru qu’enfin le pays tenait le chef de gouvernement qu’il fallait pour sauver les meubles après les affres des inondations. Adieu Komlan Mally totalement effacé, bienvenu l’admirateur de l’économiste britannique John Maynard Keynes ! Après dix-huit mois à la Primature, quitte à chaque Togolais, qu’il soit usager de la route de Ségbé ou de celle de Zoro Bar, de dire si le natif d’Agbandi a traduit sa promesse dans les faits. Mais pour notre part, nous sommes surpris de voir un Premier ministre qui a fait la belle ville de New York répandre sur nos rues trouées des poussières qui ont causé des dommages collatéraux aux populations riveraines et qui sont emportées après les premières pluies. Passons.

Il nous souvient par ailleurs que lors d’une émission débat consacrée au bilan de ses 100 jours à la Primature, une question lui a été posée sur le cas de ces cadres qui refusent de partir à la retraite et se cramponnent à leur poste. A été nommément cité l’exemple de l’inamovible DG de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) qui fait aujourd’hui douze ans aux affaires après sa retraite. Sur les plateaux de la TVT, Gilbert Houngbo avait dit aux Togolais que les réformes étaient en cours et que cette situation de non droit allait être corrigée. Un an après, le DG reste collé à son poste, démentant l’ex-Monsieur Afrique du PNUD.

Et l’élection présidentielle du 4 mars dernier a permis à Houngbo d’effectuer son virage à 180°. Le « candide » qui est revenu à Lomé en septembre 2008, fait désormais partie de ces Togolais dont la bouche souffle le chaud et le froid. Dans une interview accordée à « Libération » de retour de sa pérégrination indienne, le Premier ministre a surpris tout le monde en soutenant la version de panne technique du système VSAT déjà démentie par l’expert du PNUD. Le comble, c’est quand, abordant l’affaire de la saisie des ordinateurs et des procès- verbaux, il déclare que « Parmi les documents saisis, il y avait aussi des piles de PV vierges, qui auraient pu servir à une falsification des résultats ». Si tant est que les PV vierges allaient servir à une manipulation des résultats, pourquoi le pouvoir n’avait-il pas laissé faire pour coincer in fine les responsables du FRAC pour «faux et usage de faux », surtout que le RPT estime avoir remporté « proprement » les élections et qu’il a en sa possession les « vrais » PV ? Question de bon sens, Monsieur le Premier ministre. Si c’était avant septembre 2008, il aurait pu s’en rendre compte. Mais aujourd’hui, le système l’a absorbé … complètement.

Zeus AZIADOUVO

 

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