Comme chaque année en Allemagne, la diaspora bafiloise serait la première à annoncer les couleurs de la fête culturelle KAMAKA, sixième édition dans la ville de Eschweiler-Kinzweiler le 3 avril 2010. L’évènement est de taille. Les organisateurs disent avoir fait la préparation avec minutie de tous les temps de la messe culturelle bafiloise. Ici les femmes se préparent à parader dans des tenues en pagne. Les hommes ont fait appel aux tisserands bafilois. KAMAKA s’annonce être pour une fois encore riche en couleurs. Les derniers détails se font par des réunions interposées voire extraordinaires. Les répétions de tout le terroir culturel se font dans un hall fermé. Il ne faut pas surtout montrer ces chants qu’on chantera avec des groupes culturels frères qui viendront de Belgique, de Hollande et de la ville de Munich… Le groupe culturel BONAGANA qui s’était invité lors du mondial 2006 pour le compte des Éperviers dit avoir un pas en avance : « Nous avons de nouveaux chants et rythmes de danse que les autres ne connaissent pas encore » glisse une femme qui joue le rôle d’entraineur.
Le secret de cette réussite d’un peuple en Allemagne
Qu’on les aime ou pas, on doit les reconnaître une force : celle de faire front partout où ils déposent leur valise comme migrants. Au Ghana dans les années 1950 où beaucoup migrèrent, on raconte encore cette capacité légendaire de vivre ensemble du peuple bafilois. Une femme native de Notsè raconte : « Quand j’était arrivée à Lagos dans les années 1980, les bafilois étaient déjà structurés et vivaient avec un chef nommé. C’est un peuple remarquable. » En Allemagne, une enquête des organismes CARITAS et AWO recoupée par le Lynx montre que le peuple d’Assoli s’intégrait plus facilement.A l’instar de la communauté chinoise de Paris, les bafilois d’Allemagne règle les conflits et problèmes comme ils l’ont appris à Bafilo. Les « chinois du Togo » semble dire les populations locales allemandes. Les problèmes conjugaux se règlent à la mosquée devant l’Imam avec l’œil vigilant du chef « Ouro ». Un autre groupe composé des « doyens » se retrouvent pour discuter des problèmes liés à la ville de Bafilo. Les enfants ont une éducation de partage communautaire et vont apprendre le coran les samedi avec un maître coranique choisi.
Cette force de vivre ensemble avec les autres peuples n’a pas laissé les politiques différent. En janvier 2010 c’est tout un cortège des socio-démocrates allemands (SPD) qui s’était rendu dans la grande mosquée achetée par les bafilois pour discuter des aides à apporter et s’entretenir sur l’intégration de ce peuple.
Des organisateurs motivés…
Beaucoup de bafilois tiennent le secret organisationnel de leurs parents. Ainsi, Issaka Néni qui joue le doublon du chef charismatique d’Assoli Ouro Iratéï , a cette capacité de faire revivre les moments d’existence du chef défunt par sa manière de parler, de conseiller, et de s’habiller… Une façon bien belle d’immortaliser un chef en pays Assoli ! Pour cette année, l’homme que nous avions joint raconte : « Nous avions voulu par KAMAKA donner à nos enfants une idée de leur culture. Nous sommes fiers aujourd’hui qu’ils en prennent conscience. Beaucoup de nos enfants sont nés en Allemagne » La première génération des togolais en Allemagne date des années 1990. Quant à leur virevoltant Abass connu pour ses capacités de jouer le rôle d’interprête maîtrisant parfaitement l’allemand, « le trotter » sait aussi jouer au tam-tam. Parfait organisateur, le maire Rudi Betram de la ville de Eschweiler n’a pas hésité à faire de lui un interlocuteur avec son administration. Abass Issifou l’homme avec son rire et son humour légendaires glisse au micro du Lynx : « KAMAKA 2010, c’est l’hirondelle du printemps. Nous avions tout prévus. Des plans B au plan Z et rien ne pourra arrêter notre volonté de faire vivre notre culture » L’homme qui le dit sait qu’il peut compter sur ses frères bafilois voire togolais de la diaspora. Ici, la fête à un nom : KAMAKA, un jour : le 3 Avril 2010 et un peuple : Le peuple Assoli.
La mairie et WDR s’en mêlent…
C’est le maire Rudi Bertram qui va annoncer les couleurs le 3 avril prochain. En 2008, c’est tout le bataclan de son administration qui avait pris d’assaut le hall de fête de Kinzweiler. L’objectif comme en 2008, remercié et parler de la bonne intégration des bafilois. Quant à la troisième chaîne de télévision allemande WDR, elle ne s’est pas fait prier. A côté des centaines d’affiches publicitaires des organisateurs, la chaîne WDR a déversé 2500 petites affiches et 1000 affiches grand format de couleur jaune dans la ville de Eschweiler-Kinzweiler. Les confrères « Eschweiler Nachrichten et Super Sonntag » sont en état d’alerte maximale pour la couverture de l’évènement culturel de l’année. Si tous les peuples pouvaient aussi imiter….
Camus Ali Lynx.info