Sylvanus E. olympio ne pensait pas si bien dire en déclarant le jour de l’indépendance de notre pays: “Sentinelle que dis tu de la nuit? La nuit est longue mais le jour vient”. Chacun pensait alors qu’on était à l’aube et que bientôt allait se lever sur notre Togo chéri, les premiers rayons du soleil, porteurs de rêves et d’espoirs. Malheureusement, le crépuscule est retombé sur le Togo à l’aube de ce 13 Janvier 1963. Et depuis, le peuple Togolais a été plongé dans une nuit longue, très longue.
La marche vers le triomphe n’est pas seulement semée de roses et de lauriers. Elle est aussi et surtout parsemée d’embuches et d’épines. Voila pourquoi il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus.
La marche vers notre libération a été longue. Tout le long du parcours la mort n’a pas épargné nos rangs. Beaucoup de compagnons sont tombés, mais la force de notre peuple est de toujours se relever chaque fois qu’il tombe. Il gémit mais ne rompt pas. Il est tombé le 13 Janvier 1963, Il est aussi tombé dans la faune à Mango, à Otadi, à Agombio, dans la lagune de Bé, à Soudou, au jardin Fréau et plus récemment en Février- Avril 2005.
Depuis 47 ans, notre peuple ploie sous le poids des brimades, des humiliations et des injustices mais, et c’est là le paradoxe, il s’est toujours relevé et a toujours eu la force de lever la tête et de voir cette lueur d’espoir poindre à l’horizon. Il sait que la délivrance viendra surement un jour. Aujourd’hui plus que jamais cette délivrance nous tend les bras. Nous devons tous œuvrer pour transformer la victoire en triomphe.
“De la nécessité d’aller aux élections en rangs unis” n’était pas un article dirigé contre quelqu’un. C’est juste un état des lieux objectif et un aperçu des maux qui minent notre opposition. J’ai juste pensé qu’on pouvait ensemble trouver les remèdes à ces maux car il est plus facile de se présenter devant l’adversaire en connaissant d’avance ses propres faiblesses. La clé de ces élections sera certainement la rue et non les urnes. Pour que l’armée ne soit plus du coté du voleur, il faut la connaitre et lui parler un langage nouveau, différent de celui qu’on a connu jusqu’à présent. Quand aux leaders, tous ont leurs qualités et leurs défauts, nul n’est parfait.
Pour avoir dit certaines vérités non enrobées, les inconditionnels de Jean Pierre Fabre disent que je suis RPT tandis que le clan du régime au pouvoir pense que je suis à la solde de l’opposition. C’est à mon humble avis, la preuve de l’impartialité que je me suis tenu d’observer à tout prix.
Je comprends le désarroi des milliers et des milliers de Togolais qui se retrouvent en l’UFC et en ses valeurs, je comprends aussi l’attitude de ceux là qui identifient la main derrière la plume comme une manipulation du RPT. Mais en même temps aussi je comprends la réaction du clan Gnassingbé-RPT qui fidèle à ses habitudes a dépêché des gendarmes et des militaires dans mon village pour entreprendre des recherches auprès de ma famille, recherches accompagnées tantôt de menaces et tantôt de propositions alléchantes. Ma boîte est pleine de menaces de mort et d’envoûtement aussi bien du RPT que des inconditionnels de Jean -Pierre Fabre.
Plutôt que de m’indexer, pourquoi ne poseriez-vous pas la question à Jean-Pierre Fabre de savoir si ce qui est dit est vrai ou faux. Il serait bien de lui demander ce que lui et son groupe allaient faire les nuits chez Alexis Aquereburu à Baguida avec Bodjona? Vous pourrez aussi lui demander s’ils ont pris de l’argent ou pas?
Pour ma part, je pense que nous n’avons pas besoin de ce pacte pour prendre le pouvoir et nous ne pouvons pas attendre encore 5 ans. C’est maintenant ou jamais. Avons-nous vraiment besoin de négocier pour une victoire certaine et sans ambages? Notre préoccupation doit être de savoir comment prendre le pouvoir au soir de la victoire du 28 Février. Pour ce faire, quelle serait notre stratégie?
D’abord éviter les erreurs du passé
1. Le Togo n’est pas un gâteau à partager.
Le Togo n’est pas un gâteau, pour qu’à chaque fois que les leaders se réunissent ils parlent de partager les postes plutôt que de trouver des solutions au problème du pays. Cela a été le cas de Joseph Kokou Koffigoh et de ses amis de la CFN.
Aujourd’hui, à la faveur d’une réunion à Paris précipitée par pour dégager un consensus autour d’un leader qui doit emmener l’opposition au soir du 28 Février à la victoire et de déterminer des stratégies pouvant nous amener de la victoire et à la conquête effective du pouvoir de quoi parlent-ils? Monsieur Kofi Yamgnane propose un partage des postes comme suit:
– Jean Pierre Fabre, Président de la République
– Kofi Yamgnane, Premier Ministre
– Agbéyomé Kodjo Président de l’Assemblée Nationale
– Brigitte Adjamagbo, Présidente du Conseil Economique et Social,
Et j’en passe. Nous n’avons pas encore chassé le clan Gnassingbé-RPT que nous nous battons déjà pour des partages de postes. Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Ecœuré, Maitre Agboyibor à claqué la porte et est partit. Bref, une rencontre a Paris pour rien. Il n’y a pas eu ni consensus, ni d’accord signé. Arrêtons de faire de la diversion, de la désinformation et de la démagogie.
2. Eviter à tout pris le boycott
Le pouvoir a peur et il sait qu’il n’a pas de chance face a la candidature unique de l’opposition si il ne peut pas semer la confusion dans les rangs de l’opposition, il veut poser un certain nombre d’actes de nature a dégoûter et à décourager l’opposition et à l’amener à renoncer aux élections. La stratégie est de la pousser au boycott. Quelque soit le cas de figure il faut aller aux élections.
3. Eviter que se reproduise le scénario de 1998
En 1998, les militaires fidèles à Eyadema avaient obtenus de la CENI la démission de sa présidente Madame Awa Nana pour confier la supervision et l’organisation des élections au General Seyi Mémène alors Ministre de l’Intérieur. Aujourd’hui comme le pouvoir se sent acculé il cherche à récidiver le même coup. Ils veulent “démissionner” le Président de la CENI avec promesse d’une villa à la Résidence du Bénin et une voiture, et confier la supervision et la proclamation des résultats provisoires au Ministère de l’Administration territorial, en l’occurrence Pascal Bodjona. L’opposition ne doit jamais cautionner cette forfaiture. Vigilance, Vigilance, Vigilance.
4. La parade à la fraude
Il faut éviter à tout prix que les militaires votent quelques jours avant. Les urnes doivent être signées par tous les représentants des partis aux bureaux de vote juste avant le début du scrutin et seulement après avoir constate que les urnes sont vides, et les dépouillements et décomptés des voix se feront sur place et un procès verbal rédigé et signé par tous les partis présents dans les bureaux de vote. Une copie doit être remise à chaque parti représenté.
5. Aller en rangs unis
Aucune force ne doit être négligée. De notre capacité à nous rassembler dépendra le succès de notre action. Nos différences loin de nous opposer et nous diviser doivent au contraire nous enrichir. C’est vrai que l’UFC est le plus grand parti au Togo. Elle peut nous faire gagner les élections à cause de sa base, mais après? Agbéyomé et Péré qui ont été au cœur du système RPT doivent exposer les forces et les faiblesses de ce parti et montrer la voie à suivre pour l’anéantir. Ils doivent aussi être les porte-voix de l’opposition auprès de l’armée qui a opéré sa mutation. Les évènements semblent démontrer que la force est entrain de changer de camp.
6. L’information et la communication
En politique, celui qui contrôle l’information et la communication occupe et maitrise le terrain. Ceci a toujours été le talon d’Achille de l’opposition. Nous devons pouvoir aller a la recherche de l’information, la vraie et communiquer. L’opposition doit pouvoir partager les informations et surtout communiquer entre elle et avec la base. La communication est la clé numéro un.
Le temps certes n’est pas de notre coté mais nous pouvons toujours nous organiser et rattraper le temps perdu. Nous devons couvrir tous les bureaux de vote, s’assurer effectivement que les observateurs sont sur le terrain et non enfermés dans leurs chambres avec des charmantes demoiselles que le parti au pouvoir leur aurait généreusement procurées. Il faudra aussi se munir de lampe-torches pour la circonstance parce que le pouvoir a aussi l’intention d’ouvrir tard des bureaux de vote ce qui emmènerait leur fermeture dans la nuit. Ainsi, ils pourront provoquer des coupures d’électricité et profiter de la faveur de l’obscurité pour frauder. Enfin, l’opposition doit se munir de cellulaire Ghanéens en roaming pour pouvoir communiquer depuis les bureaux de vote les résultats à leur QG. Les mobiles Béninois ne seront pas fiables, à cause du rapprochement entre Faure Gnassingbé et Yayi Boni qui ont exprimé la volonté de se soutenir mutuellement.
7. Conclusion
Je souhaite rappeler à nos chers leaders que le temps n’est plus aux querelles stériles et aux coups bas. Le choix de celui qui doit porter les couleurs de l’union doit se faire sur des critères objectifs et non sur des arrangements ou des partages de poste. On a l’impression qu’à l’approche des échéances notre opposition se fourvoie systématiquement en sous estimant l’adversaire. C’est cela qu’il nous faudra éviter à tout prix. Après tant d’années de luttes et de sacrifices, ne prenons pas le risque d’un nouvel échec aux conséquences incalculables.
La question fondamentale n’est pas de gagner les élections. L’opposition a déjà prouvé années après années qu’elle peut gagner les élections. Le problème est de parvenir à prendre le pouvoir au soir du 28 février. Pour ce faire, il faudra pouvoir mobiliser le peuple et la communauté internationale pour ne pas céder devant la répression du régime RPT. Il faudra également s’assurer au minimum de la neutralité de l’armée et finalement s’en remettre à Dieu.
Sur cette base là le choix du candidat unique apparait essentiel mais ce qui l’est encore plus, c’est l’UNION derrière ce candidat. Car dans le combat que nous allons mener pour faire rendre gorge au régime RPT chacun aura sa partition à jouer. Nous aurons besoin de la fougue (Fabre) du courage (Yamgnane) de la détermination (Agbéyomé) de la ruse (Agboyibo) de la sagesse (Péré), de la pugnacité (Olympio) etc. Nous aurons également besoin des bonnes volontés de nos frères du RPT et de l’armée qui savent que l’heure a sonné. Face à ce front uni, Faure et sa clique partiront par les caniveaux.
Il est donc absolument essentiel que nos leaders s’entendent sur des principes et non sur des postes. Les contours de la transition qui suivra le départ de Faure devront être clairement définis dans un programme de gouvernement. Et cela devra être séparé de la question des rôles des uns et des autres. Dans cette hypothèse, nous invitons tous les leaders à s’en remettre à la sagesse de la seule voix restée silencieuse jusque là. Celle de Gilchrist Olympio. Devant le poids de l’histoire et devant le poids de son parti l’UFC, seul lui est en mesure de faire pencher la balance sur tel ou tel individu susceptible de mener le combat. Nous attendons.
Peuple Togolais, tu n’imagines pas à quel point tu es proche de pouvoir enfin reprendre en main ton pays. Pour une fois en 41 ans d’existence, le pouvoir a peur. Les réunions se succèdent les unes après les autres au siège du RPT et au Ministère de l’Administration Territoriale pour définir la conduite à tenir. La fin de règne a sonné du coté de Lomé 2. Les rats s’apprêtent à quitter le navire.
L’espoir renait de nouveau dans les cœurs des Togolais. Allumons tous la bougie de l’espoir et prions pour que Dieu nous prête vie pour voir se réaliser enfin le rêve de tout un peuple, celui de marcher résolument, fier et la tête haute derrière ce leader qui aura été désigné pour enfin nous donner l’alternance tant attendue.
Pour vous qui êtes tombés et avez versé votre sang pour notre libération le Togo renaissant de ses cendres ne vous oubliera jamais. Pour votre mémoire nous érigerons une stèle et nous crierons haut et fort « plus jamais ça sur la terre de nos aïeux ».
Que Dieu bénisse le Togo,
Medjeougani Tchalla