Loin, très loin sur l’ancienne côte des esclaves
Là-bas, dans mon Togo natal au double tatouage de pays colonisé
La ronde des Hyènes s’éternise… et avec elle
Le rite sordide des «Ouvrez-le-ban» qui leur plaisent tant.
Nos Maîtres n’ont d’yeux que pour leur panse déjà bombante
Eux qui se disent aussi élus du peuple.
Nos regards ternes et lointains scrutent impuissants, l’horizon assombri
Nos lèvres gercées quant à elles sont privées de mots
Nos rivières lacrymales effacent en vain les crimes… Indélébiles
chu u u u ut
Le coeur gonflé de maux, les Brebis ruminent en silence
Leur sort aux portes des abattoirs
Elles qui n’attendent plus qu’en victimes résignées
L’Heure du repos éternel mais aussi…
Le Miracle de la pacifique délivrance!
Longue et dure est l’attente
Et le temps chaque jour passe
Indifférent aux gémissements qui s’élèvent et qui se noient
Dans les tiroirs onusiens qu’on dit débordés.
Trente-et-sept ans déjà
Et les Hyènes se sont illustrées dans leur règne macabre:
bruits de bottes
cliquetis des chaînes
vies dévorées
libertés étranglées
Dis-moi si tu n’as plus le droit d’espérer
Oh peuple bâillonné et meurtri
Toi qui ne vis partagé qu’entre le silence et l’exil?
Ali Akondoh (Poème extrait du recueil « Les lumières du lendemain »