Le péché originel de la presse ‘Bleu’ persiste. Son incapacité à adapter sa plume à des circonstances particulières et d’une portée politique indéniable. Son inaptitude à se conformer au ‘journalisme de guerre,’ ou à la ‘propagande de guerre.’ Pendant dix ans, elle n’a pas su prendre avantage sur ce type de journalisme pour contre-gérer la manipulation des Ivoiriens par la presse RHDP et la « propagande de la guerre-propre » conduite par les mediamensonge du trio Etats Unis, Angleterre, et France. Cette panne communicationnelle a accompagné la défaite militaire de La Majorité Présidentielle en Avril 2011.
Media « Bleus » Absents des Débats Stratégiques
En temps de guerre, d’un côté, le journaliste doit soutenir la cause républicaine disait Ernest Hemingway pendant la guerre d’Espagne. De l’autre, il ne devrait pas selon Saint-Exupéry taire les exactions commises par certains de ces républicains. Et ce, quel que soit la noblesse de leur cause. Le contexte Ivoirien est tout particulier. Il s’agit d’une guerre entre criminels. Mais surtout une guerre de criminels contre un peuple. Il n’y a donc ni régime républicain dans ce pays, ni cause noble défendue par les despotes qui l’ont envahi.
Malheureusement, on peine à trouver dans la presse ‘Bleue’ des informations aux critiques ‘vertes’ scrutant la réalité quotidienne et passée de ce pouvoir sans béquille populaire, mais reposant plutôt sur le fantasme ethnico-religieux. Pourtant, la guerre déclenchée par Ouattara Alassane contre les intérêts Ivoiriens c’est aussi une guerre de l’information, et son issue dépend de la lecture qu’en font les Ivoiriens, les communautés sous-régionales Africaines, les opinions occidentales, et les organisations sous commandement des Etats Unis et leurs Etats vassaux.
Même si la liberté d’opinion et d’informer sous le règne de Raphaël Lakpé, président du Conseil national de la presse est une farce, la mutinerie des 12-16 Mai 2017comme d’autres mouvements sociaux, n’a pas fait l’objet dans les media ‘Bleus’ de débats et analyses pouvant mettre à découvert les entrailles du système despotique d’Abidjan dorloté par l’occident. Ils étaient en panne—comme les autres media Ivoiriens—pour la simple raison que les media-fournisseurs-occidentaux n’ont pas accordé un intérêt particulier à cette colère des mercenaires de Ouattara. Respectant ainsi un principe du ‘journalisme de guerre’ qui consiste à ne pas gêner un allié stratégique.
Faillite du Journalisme Numérique de Guerre
La violence inouïe déployée à l’encontre des journalistes des media traditionnels « Bleus » a contraint dans une certaine mesure ces derniers à avoir une plume parfois superficielle. Ceci n’est pas une excuse. Mais un fait. Malheureusement, les media online et les bloggeurs de la même orientation ‘éditoriale’ qui auraient dû leur donner un coup de pouce, ne sont pas terribles. Ils n’ont pas su profiter des avantages infrastructurelles, des ressources humaines, de la sécurité, du coût comparatif…pour faire le gros du travail informatif en insistant au moins sur les violations des droits humains: personnes kidnappées ou arrêtées, emprisonnées illégalement ou assassinées. Les crimes de guerre et les tentatives d’ensabler les preuves…La chute des cours des produits agricoles.
Le journalisme numérique Ivoirien est incapable de franchir les lignes que la presse traditionnelle « Bleue » ne peut dépasser. Par conséquent, il n’a pas puis jusque-là, brisé la censure et imposé un journalisme titillant. Il a simplement failli. Les scoops creux du genre « Coup de tonnerre » alors qu’il n’y a qu’une brise qui souffle, ou encore « Alerte » alors que rien de sérieux ne pointe à l’horizon, ont fait la Une des articles de certains sites malheureusement aux articles sans « contenu » Ce fantaisisme journalistique additionné à l’auto-proclamation de ‘journaliste d’investigation’ qui signe certains papiers online, ne délivreront jamais la Côte d’Ivoire des serres des impérialistes et de leurs agents internes.
Dépendance au Media Occidentaux
L’exigence du ‘journalisme de guerre’ repose sur une plume qui « froisse, » « choque », « dérange », l’adversaire, et ‘engage’ le peuple à se libérer. Au lieu de cette orientation rédactionnelle, les media de l’opposition se sont limités pour l’essentiel, sur les grands sujets, au copier-coller des papiers publiés par les media Français. Articles qui sont très souvent mi-figue, mi-raisin. Et parfois contre le président Gbagbo si l’on sort la phrase appât du contenu du texte et rectifie ou requalifie le titre qui sert à vendre leurs torchons.
Cette dépendance s’est vérifiée au lendemain du dernier « Accord »—avant la grande tempête—entre les mercenaires-mutins et les chefs rebelles au pouvoir. Dès que les media Français muets durant ces jours troubles pour ne pas déranger Ouattara ont brisé le silence et ont pondu quelques articles sans réel impact sur la libération de la Côte d’Ivoire, la presse « Bleue » et leurs appendices online n’ont pas attendu pour les recopier. On a donc pu lire sur certaines Une ces titres. « Ce que les occidentaux pensent des 4 jours de mutinerie « , « France 24 livre les secrets de l’accord avec les mercenaires,… » Mutinerie: Alassane Ouattara voulait démissionner selon La Lettre du Continent.’ ‘RFI, Côte d’Ivoire: l’amertume des ex-combattants démobilisés de Bouaké.’ Ces articles belliqueux sont repris sans une caution introductive ni une mise en évidence des extraits phares hors contexte ou alignés sur les thèses défendues par la résistance Ivoirienne—comme le font quelque fois Abel Shlomit et Ali Camus pour confirmer le fond ou s’éloigner du contenu de ces articles.
Où Sont les Experts Ivoiriens, Africains, et Panafricains?
Le contexte oblige non seulement les media ‘Bleus,’ mais aussi ceux qui se pavanent avec de grosses références académiques, à produire des textes, des photographies, des enregistrements sonores, et des vidéos de terrain présentant des sujets accablant le système Ouattara, sa complicité avec les forces exogènes, sur un éventail de points de vue et d’angles, mais fusionnant vers un seul but—Encourager à mettre fin à la dictature qui sévit en Eburnie. Ce travail de l’intellectuel militant et du journaliste engagé, pourrait se faire avec des collaborateurs bénévoles sur le terrain. Des gens à mesure de protéger leurs sources.
Les sujets à leur disposition ne manquent pas. La paupérisation de la population, le pillage de l’environnement, la mainmise de groupes étrangers sur les ressources du sous-sol du pays, l’expropriation des terres agricoles, l’occupation des forêts classées, le pillage des fonds publics, les prisonniers politiques,…, l’éclatement de la société Ivoirienne.
C’est donc à ces experts et media de dicter la réalité factuelle de ce qui se passe en Côte d’Ivoire aux media occidentaux pour ne pas devenir instrument et victime de la propagande dominante.
Par Feumba Samen
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