Prenant la parole dans une conférence à Jérusalem, Yaalon a menacé : « Nous allons faire du mal aux civils libanais, y compris aux gamins. Nous avons eu un débat très long et sérieux… nous l’avons fait alors, nous l’avons fait dans la Bande de Gaza, nous allons le faire dans n’importe quel cycle d’hostilités à l’avenir. » Le responsable israélien a paru également menacer de lancer une bombe nucléaire sur l’Iran, bien qu’il ait dit « nous n’en sommes pas encore là ».
Répondant à une question sur l’Iran, Yaalon a dit que « dans certains cas », lorsque « nous avons l’impression que des opérations chirurgicales ne sont pas la solution », Israël pourrait prendre certaines dispositions, comme les Américains l’ont fait « à Nagasaki et Hiroshima, causant finalement la mort de 200.000 personnes ».
Parlant d’une rencontre en juillet 2013 avec le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-moon, Yaalon rappela qu’il avait promis qu’Israël bombarderait la totalité de Shujaiya, faubourg de la ville de Gaza. Il a montré à Ban des photos de villages du Liban et de « certains quartiers de Gaza, dont le célèbre Shujaiya, couvert de nombreux points rouges « dont il déclara qu’ils étaient « des places terroristes dans ce quartier densément urbanisé. Et j’ai dit -en juillet 2013- nous allons les frapper. »
Yaalon a été fidèle à sa parole. Le massacre de Sujaiya a été l’un des exemples les plus brutaux des crimes de guerre israéliens durant l’attaque de l’été dernier sur la Bande de Gaza.
Selon le groupe de surveillance de l’ONU OCHA, Israël a tué 2.257 Palestiniens pendant cet assaut de 51 jours. Dans ce nombre, OCHA dit que 70 pour cent étaient des civils, dont 563 enfants (Défense des Enfants International–Palestine a recensé la mort de 547 enfants). Le 20 juillet 2014, l’attaque sur Shujaiya fut le jour le plus sanglant de la guerre, lorsque Israël a bombardé la totalité du quartier sans discrimination. Les premiers rapports sur cette journée disaient qu’on avait retiré 60 cadavres des décombres. Les derniers rapports évoquaient un décompte de 90 à 120 morts.
Menace de BDS
La conférence était intitulée « Vers ne nouvelle loi de la guerre » et projetait d’aider Israël à utiliser le cadre de la loi pour se défendre de ses crimes dans les tribunaux à travers le monde.
L’autre thème principal du discours de Yaalon, qui a clos la conférence, fut le « défi » de BDS, boycott, désinvestissement et sanctions. Le mouvement mondial conduit par les Palestiniens vise à tenir Israël pour responsable de ses crimes.
Yaalon a cherché à présenter ce mouvement militant populaire comme une sorte de front militaire. Il a dit que « la délégitimisation, BDS et le cadre de la loi » n’étaient qu’un « autre outil » dans la guerre des ennemis d’Israël.
Il s’est plaint de ne pas avoir pu rendre visite aux pays européens à cause de la possibilité qu’on l’arrête pour de supposés crimes de guerre selon la compétence juridique universelle. « Je préfère ne pas aller au Royaume Uni, à Londres pendant 10 ans, ou en Espagne pendant quelques temps. »
« Dommages collatéraux»
En 2011, sous la pression israélienne, le gouvernement britannique a changé sa législation pour faciliter la venue dans le pays d’Israéliens soupçonnés de crimes de guerre. Bien que ces modifications aient fait que plusieurs Israéliens, politiques de haut niveau et officiers de l’armée, aient pu depuis y venir en 2013, le général de brigade à la retraite Doron Almog a annulé sa visite à Londres à cause d’un mandat d’arrêt pour crimes de guerre commis dans la Bande de Gaza.
Yaalon se désola que l’on doive apprendre maintenant aux soldats israéliens que « nous devrions être prêts à renoncer à venir à Londres… mais ce n’est pas loyal, ce n’est pas juste ».
Mais, se référant apparemment aux modifications de la loi, il a dit qu’ils « avaient trouvé un langage commun pour débattre de ces sujets avec nos amis, avec nos alliés ».
Il a aussi dépeint la critique d’Israël dans des corps internationaux tels que le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU comme une « guerre après la guerre » et préconisé que « nous les combattions en retour ».
Il a dit qu’il n’y aurait pas d’enquêtes de soldats israéliens simplement à cause de « dommages collatéraux » – euphémisme pour le meurtre de civils.
Conférence sur la «guérilla juridique»
La conférence a été organisée par Shurat HaDin, association d’avocats israéliens qui est au premier plan dans l’utilisation des tribunaux à travers le monde pour justifier les crimes de guerre israéliens et attaquer les associations de solidarité avec la Palestine.
En 2013, comme je l’ai relaté à l’époque pour l’Electronic Intifada, on m’avait révélé que l’association avait des liens très serrés avec l’appareil sécuritaire israélien, au point d’agir comme un groupe délégué pour le Mossad, l’agence meurtrière d’espionnage international d’Israël.
Pendant son discours, Yaalon s’est confondu en éloges reconnaissants pour Shurat HaDin et sa directrice Nitsana Darshan-Leitner. Il a remercié l’association « pour les activités de Shurat HaDin qui relève l’un des défis d’Israël aujourd’hui, la guérilla juridique, BDS, la délégitimisation de l’État d’Israël ».
Il a dit qu’Israël et ses supporters devraient se servir des tribunaux à travers le monde « pour les combattre en retour », voulant parler de ceux qui critiquent Israël, et c’est exactement ce que fait Shurat HaDin.
« Hasbara n’est pas le bon mot », a-t- il poursuivi dans la partie questions-réponses, « c’est une guerre… Chacun d’entre nous devient un combattant dans cette guerre. En échangeant, en bloguant, en disséminant des articles, en soulevant notre affaire. »
Hasbara (littéralement « explication » en Hébreu) est le mot israélien pour propagande.
Justifier les attaques israéliennes contre des civils fut le thème principal de la conférence. Orateur après orateur se sont succédés pour réinterpréter la législation internationale afin qu’elle puisse, soi-disant, autoriser le meurtre de Palestiniens et autres Arabes.
La justification passait par les bobards habituels sur l’utilisation supposée de « boucliers humains » par les factions de la résistance palestinienne, qui aboutit inévitablement à la mort de civils palestiniens. En d’autres termes, Israël a été contraint de tuer des civils.
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