
Encore une autre attaque signalée à Alépé dans la journée du jeudi 18 octobre 2012. Ce qui allonge du coup, la listedes différentes attaques armées dont fait l’objet la Côte d’Ivoire depuis la date apocalyptique du 11 avril 2011. Une violence qui crée certes, la psychose au sein de la population. Mais bien plus, cela met à nue le système sécuritaire du nouveau régime 17 mois après. Ces failles provoquent des craintes et des interrogations dans les milieux d’affaires et politiques. Surtout que ces attaques se font à répétition. Et elles sont depuis là, le fait d’un groupe d’individus non identifiés. Le commando mystérieux continue en effet de faire parler de lui, malgré les assurances fournies par le régime en place. On se rappelle cette sortie musclée du ministre de l’Intérieur de Ouattara, qui jurait sur tous les toits que «plus jamais, des attaques ne seront plus possible en Côte d’ivoire». En tous cas, pour le temps que ce régime sera au pouvoir. En réalité, le pouvoir quasiment à la peine, se faisait ainsi plaisir avec de tels propos. C’était juste après les attaques des positions des Frci à Yopougon, et d’Akouédo, le plus grand camp militaire de la Côte d’Ivoire. Sans la moindre enquête, l’homme de main d’Alassane Ouattara et son colistier délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi, ne se sont pas gênés pour accuser ouvertement les partisans du Président Laurent Gbagbo, pourtant à la peine en Côte d’Ivoire et à l’extérieur. La menace a été rapidement mise à exécution. Des arrestations, et non des moindres, ont lieu dans le camp Gbagbo. Elles se sont même multipliées sans pour autant mettre fin à la spirale de la violence qui s’empare de la Côte d’Ivoire. Le ministre Lida Kouassi a été enlevé à Lomé, la capitale togolaise en présence de Ouattara lui-même. Et Hamed Bakayoko l’a présenté dans un one man show, sur les écrans de la télévision de Ouattara, comme le cerveau d’un coup qui se préparait depuis le Togo contre Ouattara. Après Lida, le pouvoir fait arrêter le ministre Alphonse Douati et Laurent Akoun, le secrétaire général par intérim du Fpi qui sont actuellement à la Maca.
Douati et Akoun en prison, les assauts continuent
Ils se sont tous mis à la fête après ces arrestations. «Douati et Laurent Akoun en prison, les attaques cessent», s’est-on alors mis à chanter dans la cours de Ouattara. Et pourtant, le pouvoir savait où regarder pour ces attaques qui ne font que l’ébranler. En seulement 17 mois de présence de Ouattara au pouvoir, la Côte d’Ivoire fait face à des attaques tous azimuts. Au moins quinze attaques enregistrées. Soit une attaque chaque mois. Une moyenne qui place la Côte d’Ivoire parmi les pays les plus instables, les plus dangereux, en Afrique, et peut-être même au monde. De quoi faire trembler de peur les Ivoiriens qui ne savent pas de quoi demain sera fait. De l’Ouest à l’Est, du Nord au Sud, la Côte d’Ivoire est en proie à une victoire jamais vécu sa jeune histoire. Les tires nourris et les massacres font désormais parti du quotidien des ivoiriens. Taï, Duékoué, Dabou, Agboville, Bonoua, Samo, Noé, Yopougon, Akouédo, Arrah, Daloa, Soubré, Sikensi, Port-Bouet…, la liste est longue. trop longue même. Aujourd’hui, c’est au tour de la région d’Alépé de s’invité dans le cercle très horrible des victimes. Et ce sont autant de localités qui ont reçu la visite du Commando mystérieux. Aussi simple que ces attaques puissent paraître, l’on enregistre des morts parmi les civils et des Frci. En somme, et comme le résume très bien Paul Koffi Koffi, «les Frci manquent de vigilance». Paul Koffi Koffi avoue ainsi tout. Donnant ainsi raison à l’onusien Koenders qui devant la Jfpi cette semaine, n’a pas manqué de dire que «la Côte d’ivoire n’a pas d’armée». On pourrait dire que c’était prévisible de la part de l’actuel locataire du palais présidentiel. Il avait déjà annoncé cette apocalypse une décennie plutôt.
«Je rendrai ce pays ingouvernable»
En tout cas, Alassane Ouattara vient d’être rattrapé par ses propres paroles. La sagesse populaire africaine enseigne qu’il «faut tourner sept fois la langue avant de parler». La Côte d’Ivoire a encore en mémoire que pour le fauteuil présidentiel, Alassane Ouattara, alors dans l’opposition, n’a pas manqué de prévenir les Ivoiriens en des termes précis et clairs : «Je rendrai ce pays ingouvernable». En d’autres termes, si vous m’empêchez par tous moyens fussent-ils démocratiques, d’accéder au pouvoir d’Etat, aucun autre homme politique en dehors de moi ne pourra gérer le pays dans la quiétude. Tout le monde connaît la suite… En décembre 1999, le «pouvoir moribond d’Henri Konan Bédié», le dauphin constitutionnel de Félix Houphouët-Boigny est chassé par une révolution kaki. Le premier coup d’Etat dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. En septembre 2002, une rébellion armée attaque la Côte d’Ivoire. «rendant ainsi le pays ingouvernable». Alors que le Président Gbagbo venait d’être élu démocratiquement. S’ensuit une décennie de crise, avec à la clé, la partition du pays.
Les conséquences sont énormes. Car durant cette douloureuse parenthèse, le pays tangue, mais reste débout grâce à la dextérité du capitaine du bateau, le président Laurent Gbagbo. En dépit de ses mains tendues aux commanditaires de la rébellion tapis dans l’ombre pour construire une Côte d’Ivoire plus prospère, Laurent Gbagbo fait face à des crocs-en-jambes. Mais il arrive malgré tout, à organiser l’élection présidentielle de d’octobre 2010 à laquelle prend par pour la première fois, Alassane Ouattara qui menaçait de «rendre le pays ingouvernable». S’en suit là encore, une longue crise postélectorale, qui fait au moins 3000 morts. Ouattara accède au pouvoir dans les conditions que tout le monde sait. Il prête serment le 21 mai 2011, à Yamoussoukro, sur la tombe de Félix Houphouët-Boigny. Et comme la loi du karma, la parole prononcée une décennie plutôt fait ses effets. Des attaques armées enregistrées à travers le pays finissent par convaincre plus d’un que la Côte d’Ivoire fonce tout droit dans un chaos. Sous Ouattara, qui avait promis rendre le «pays ingouvernable », l’Histoire se réalise. La psychose gagne du terrain et un jour qui passe devient un ouf de soulagement pour les Ivoiriens. Car après Bonoua, Yopougon, Agboville, Dabou, Noé… et maintenant Alépé et Bongouanou, à qui le tour ? Son armée les Frci et les Dozos qu’il a déployé dans toute la Côte d’Ivoire à la place de la police et de la gendarmerie ne font que semer le désordre te le chaos. Le pouvoir qui a une grande peur de son opposition n’excelle que dans la terreur. Le désarmement mille fois annoncé n’est jamais venu. Parce que le pouvoir ne se retrouve que dans ce désordre. En somme, ce n’est pas aujourd’hui, encore moins demain que le pouvoir ouvrira le jeu politique. La communauté internationale a beau lui dire qu’une démocratie forte repose sur une opposition forte, Ouattara n’est pas prêt à libérer Affi Nguessan, Simone Gbagbo et les autres. Il veut toujours les maintenir dans les liens de la dictature dans ses bagnes, pour les torturer après les avoir voués aux gémonies.
Toussaint N’Gotta