11 avril 2011, les ivoiriens n’ont pas capitulé

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Le 11 avril, Laurent Gbagbo est arrêté. La guerre prend officiellement fin en Côte d’Ivoire.

Peut-on, à partir de cette date, parler d’une capitulation des forces de défense et de sécurité (FDS), devant la puissance de feu de l’armée française ? Ou, peut-on encore dire qu’à cette date, les ivoiriens qui revendiquaient haut et fort leur souveraineté et leur soif de liberté, ont fini par abdiquer devant le déluge de feu gaulois ?

Non, car répondre par l’affirmative reviendrait à dire que malgré leur nombre, les armes dont ils disposaient et l’obligation qui leur commandait de défendre la patrie au prix de leur vie, les FDS auraient décidé de se conduire en soldats indignes. Cela reviendrait aussi à dire que – du côté des civils – les ivoiriens auraient renoncé à leur amour-propre, pour se vautrer dans la boue du déshonneur.

Si donc, cette impression de léthargie, n’est pas de la capitulation, alors comment l’interpréter ?

Entre passion et raison

Il s’agit d’abord d’un choix. Le choix de la raison sur la passion. La passion, tout comme la colère est mauvaise conseillère. Cela est prouvé. Car qui aurait pu imaginer les conséquences d’une guerre totale, au de-là même de celles que nous connaissons aujourd’hui ? Qui aurait pu prévoir où une guerre sans merci aurait mené ce pays, si les passions avaient pris le dessus sur la raison ?

Si les passions l’avaient emporté sur la raison, les forces de défense et de sécurité, appuyées par les civils auraient combattus jusqu’au dernier. Les dégâts causés par les armes dans une guerre interminable, seraient inimaginables et longtemps préjudiciables pour ce pays.

Il fallait préserver ce pays, épargner des vies, celle des enfants. Même si – à première vue – cela est douloureux. Il fallait faire comme l’une des femmes parties solliciter l’arbitrage du Roi Salomon, à propos d’un bébé.

Devant la détermination des deux femmes, comment savoir celle à qui appartenait réellement le bébé ? Pour éprouver les deux femmes, Salomon ordonna qu’on coupe l’enfant en deux à l’aide d’un sabre, afin que chacune reparte avec une partie du bébé. L’une d’elle, choisit d’abandonner l’enfant à l’autre, pour éviter la mort certaine à l’enfant. Ce qui prouva qu’elle était indéniablement la véritable mère du bébé.

Parce que la Côte d’Ivoire appartient aux ivoiriens, ils ont fait le choix de la raison et de la sagesse face aux mercenaires qui eux, n’avaient rien à perdre.

Ce n’est donc pas de la faiblesse, ni de l’impuissance, encore moins de la résignation. Mais la raison qui commande de taire les passions pour préserver l’essentiel, si maigre soit-il. Car quel héritage auraient-ils laissés à leurs descendants s’ils avaient fait le choix du jusqu’auboutisme ?

L’instinct de survie

Ils n’ont pas été vaincus. Ils n’ont pas capitulé. Mais ils ont fait le choix de la raison. Certes, il n’y a pas que ce choix.

Ils ont aussi décidé de ne pas sacrifier inutilement leurs vies en laissant ainsi la place libre à leurs adversaires. Ce serait trop facile ! Ils ont décidé de ne pas leur faire ce plaisir. Ils ont choisi de vivre pour lutter, au lieu de mourir et tout perdre.

Dans « Racines », film-documentaire sur l’esclave des noirs. Un esclave conseillait à son frère de se nourrir. En effet ce dernier refusait de s’alimenter sous prétexte qu’il s’agissait de la nourriture de « l’homme blanc ». Mais son frère insista, le pressant de se nourrir, de prendre des forces et de rester en vie, malgré tout. Afin que le moment venu, ils puissent utiliser ces forces pour combattre « l’homme blanc » et s’affranchir.

Les ivoiriens ont aussi suivi ce principe de survie. Un principe qui commande que l’on s’adapte aux temps et aux circonstances, pourvu que l’on reste en vie.

En donnant l’impression d’avoir été réduits à néant, ont-ils pour autant renoncé à leur amour-propre, pour se vautrer dans la boue du déshonneur?

Absolument pas. Ils ont choisi de méditer sur leur sort, de tirer les leçons du drame qu’ils ont subi, pour ne plus commettre les erreurs hier. Ils ont choisi – dans ce moment de patience à toute épreuve – de prendre des forces et le moment venu de triompher sans aucune bavure.

Marc Micael

Zemami1er@yahoo.fr

 

 

 

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