La parade est depuis trouvée pour journalistes récalcitrants et qui ne veulent pas marcher dans la direction du petit timonier [ndlr, Faure Gnassingbé]. Au pays de Faure, l’amende n’est plus proportionnelle aux biens et aux entrées financières du coupable. Pour un pays dont le revenu par habitant est moins de 300 dollars par an, soit moins d’un dollar par jour, et où le journal papier ne nourrit pas son homme, il y a comme une massue qui plane sur la tête de chaque journaliste. La grille d’amende se situe entre 50 millions et 250 millions de Francs CFA. Une belle manière de dire aux journalistes qui oseront encore fouiner au sommet de la république de plier bagages et de partir hors du Togo.
Ici Julie Beguèdou le mahleur des journalistes Togolais
D’ailleurs, tout semble bien marcher pour le moment pour le pouvoir comme pour le prince Faure Gnassingbé. Depuis que Golfe Info est passé à la caisse, aucun de ses journalistes n’écrit plus ce qui fâche, mieux on semble investiguer pour le compte du bourreau. Quant au tonitruant Carlos Kétehou de l’Indépendant Express, condamné dans la même affaire de riz contaminé que Liberté Hebdo à 200 millions CFA de dommages et intérêts, c’est désormais un silence de mer. Et il a raison Carlos. Il sait qu’il faut au moins 10 générations après lui pour payer cette dette. On ne touche pas impunément celle qui a subi le « câblage » de Faure Gnassingbé jusqu’à ce que un enfant s’en suive. Julie Béguèdou n’est pas n’importe qui. Les accointances dangereuses entre elle et les milieux financiers au sommet de l’État sont connues. Mieux, c’est comme dire qu’Ingrid Awadé ne sera pas première dame du Togo et prétendre encore avoir la vie sauve. Et pour avoir écrit qu’un riz était contaminé quand on sait que le service d’hygiène chargé de dire la vérité est aussi contaminé par la filouterie des proches de Faure, le confrère ne pouvait pas s’attendre à autre chose que cette massue qui coûte 100 millions de F CFA. C’est ça le Togo. C’est aussi cela la naïveté des confrères. Il y a des domaines dont il vaut mieux maîtriser les contours avant d’écrire, ou bien mieux faire comme Dimas Dzikodo et son journal Forum de la Semaine : « ni-ni », ni RPT-AGO, ni Opposition, rester au milieu pour ne pas provoquer l’ire les uns et les autres. On n’est pas opposant, on n’est pas non plus aussi du pouvoir, on bascule selon la direction du vent. Ainsi on est toujours sûr de ne pas piétiner la tête du serpent et encore moins sa queue. Ceci permet de jouer au grand journaliste en attendant que le pouvoir mette beaucoup de confrères hors du pays.
Le Lynx est avec vous confrère dans ces moments difficiles et vous souhaite courage et lucidité dans cette rude épreuve. Confrère Yako !
[Yako] terme ivoirien pour dire ses compassions à l’autre
Anicet Moutouari, Camus Ali Lynx.info