Et aujourd’hui encore, l’exploitation et le pillage se poursuivent en Afrique, sans honte ni vergogne
Agrégé et docteur es lettres, ancien élève de l’École Normale Supérieure de France, Maître de conférences à l’Université d’Orléans, enseignant à École supérieure du professorat et de l’éducation Centre Val de Loire, à l’École des hautes études en sciences sociales, président du Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN) et du Cercle de Réflexion République et Diversité, etc., Louis-Georges Tin est sans doute l’un des descendants d’Afrique les plus brillants de notre époque. On s’oblige à l’écouter qu’on l’aime ou pas. On s’abreuve avec plaisir à l’érudition de ce Martiniquais âgé de seulement 41 ans. Rares sont les intellectuels noirs qui, comme lui, ont défait des liens de la lobotomie de l’establishment européenne pour aborder avec originalité les sujets qui fâchent et qui divisent en notre ère. Il évoque ici, avec la même pertinence et à l’aune de la dernière tournée africaine du président François Hollande, la question cruciale des réparations de la Traite négrière transatlantique par les Européens, fauteurs de ce crime multiséculaire contre l’humanité, crime le plus vaste de tous les temps mais aussi le plus esquivé par les négationnismes. Lisez.
Le président François Hollande a visité le Cameroun au début du mois de juillet 2015. Ce pays d’Afrique centrale – où des nombreuses personnalités de la scène américaine se sont découvert une origine ethnique à partir de leur ADN – est le dernier à faire l’objet de découverte d’un site portuaire d’où furent déportés outre-mer un nombre important de captifs africains. La découverte du site de Bimbia, repéré à partir d’archives esclavagistes américaines, a été faite par la politologue Lisa-Marie Aubrey qui y a révélé des centaines de négriers dont certains battaient pavillon français. Mais contrairement à l’atmosphère dans les États caribéens, il n’en a même pas été question au cours de cette visite. Il n’en a jamais été question en Afrique manifestement. Qu’est-ce qui explique à votre avis l’absence presque totale, sur le sol africain, de débat ou de revendication sur la Traite négrière, l’absence de commémorations ou de débat sur les réparations?
Louis Tin : Depuis très longtemps, sur ces questions, la stratégie des puissances européennes a été de promouvoir en Afrique l’oubli, et plus souvent encore la culpabilité. « Vous avez vendu vos frères », voilà le discours régulièrement servi aux Africains. Dans ces conditions, le sentiment dominant en Afrique Centrale et de l’Ouest a été non pas la colère, porteuse de mobilisation, mais la honte, propice à l’inaction.
Or il est essentiel de déconstruire les discours et de revenir aux faits. Qu’il y ait eu des chefs ayant collaboré avec l’Europe dans le cadre de la Traite négrière est un fait attesté. Mais il convient d’analyser l’histoire sans mauvaise foi. Permettez-moi à cet égard trois remarques successives.
D’abord, il est tout à fait impossible de coloniser ou d’asservir une région sans recourir à la collaboration de quelques individus sur place, désireux d’être chefs à la place du chef. En Algérie, les Français se sont appuyés sur certains groupes qui leur étaient favorables, et ce, jusqu’à la fin, avec les Harkis. En Amérique du Sud, les Espagnols ont fait de même ; en Amérique du Nord, les Anglais aussi. Pour autant, personne ne songerait à dire que la Colonisation de l’Algérie, c’est la faute des Algériens. Que le génocide des Amérindiens, c’est la faute des Amérindiens. Mais pour la Traite négrière, on affirme que c’est la faute des nègres. Voyez la mauvaise foi.
Encore faut-il noter que cette collaboration s’est faite dans un contexte de contrainte, et souvent même, de terreur. En effet, à partir du 16e siècle, arrivent les premiers navires européens, qui mettent en place le commerce triangulaire, lequel est avant tout une guerre raciale asymétrique. Les vaisseaux sont remplis d’armes destinées à la chasse et à la capture des hommes et des femmes que l’on entend réduire en esclavage.
Entre 1796 et 1805, par exemple, créant un climat de violence exacerbée, l’Angleterre apporte en Afrique de l’Ouest 1 615 309 fusils, soit une moyenne de 442 armes à feu par jour, ce qui est évidemment considérable, surtout pour l’époque. La stratégie de l’Europe est de déstabiliser la région, et de profiter des rivalités existant entre chefferies diverses. Dans ces conditions, la plupart des chefs africains qui résistent sont successivement assassinés. D’autres, pour échapper à ce sort, s’engagent dans la voie de la collaboration, plus ou moins contrainte ou intéressée. Dans la version européenne de l’histoire, on dirait qu’il y avait de gentils marchands qui passaient au large de l’Afrique, et qui ont trouvé sur les rivages des personnes en vente avec des étiquettes, qu’ils se sont contentés d’acheter et d’embarquer au passage. Non, ce n’est pas exactement comme cela que les choses se sont passées.
Enfin, ces arguments visant à culpabiliser les Africains visent à faire oublier que les premières victimes de l’esclavage sont évidemment les Africains eux-mêmes. Il faut évoquer non seulement les 12 à 17 millions de personnes déportées, mais aussi tous ceux, deux à quatre fois plus nombreux, qui sont morts sur le sol africain en essayant de protéger leurs proches, femmes, enfants, amis, voisins, etc. Ceux-là sont les victimes africaines dont on ne parle jamais. Je vous laisse estimer le nombre des victimes au total. Et on parle encore moins de tous ces résistants comme la reine Zingha, en Angola, qui ont combattu les négriers et les colons. Les premiers « nègres marrons » sont les Africains, Victor Schoelcher lui-même le reconnaît, et il faut les célébrer dignement. Les premières victimes et les premiers héros de cette histoire, ce sont les Africains, qui doivent absolument s’approprier cette mémoire. C’est déjà le cas dans des pays comme le Bénin, le Sénégal, le Ghana, le Nigeria, et au niveau de l’Union Africaine. Mais il faut aller plus loin. Toute l’Afrique est concernée par cette histoire.
En clair, les pays africains sont victimes des pédagogies négationnistes sur l’histoire de leur propre continent, lesquelles sont cyniquement centrées sur ces thèses collaborationnistes qui anéantissent toutes idées de réparations ou de recherches…
Absolument. Je profite de cette occasion, du reste, pour préciser que les réparations pour lesquelles nous militons ne concernent pas que l’esclavage colonial, mais la Colonisation dans son ensemble. Quand on sait que la Colonisation au Congo belge a coûté la vie plus de 6 millions de personnes (soit plus de la Shoah par exemple), quand on voit que l’esclavage colonial, aboli en France en 1848, a été remplacé par le travail forcé, qui a duré dans les colonies d’Afrique et d’Indochine jusqu’en 1946, et qui a concerné plus d’Africains encore qu’à l’époque de l’esclavage, je ne vois évidemment pas pourquoi il faudrait limiter la question des réparations à la période esclavagiste. Il y a encore en Algérie des régions sinistrées par les essais nucléaires, et tous les trésors pillés pendant la Colonisation, masques sacrés, trônes royaux, récades et statues, se retrouvent aujourd’hui au musée du Quai Branly à Paris, au musée de Tervuren en Belgique, ou au British Museum à Londres. Et aujourd’hui encore, l’exploitation et le pillage se poursuivent en Afrique, sans honte ni vergogne. Pour tout cela, et pour le reste, nous demandons réparation.
Vous avez pris part au mois d’Avril 2015 à New-York à un important sommet international sur les réparations de la Traite négrière organisé par The Institute of the Black World et la Commission pour les Réparations des Caraïbes (CARICOM). Que s’est-il passé ? Quels sont les progrès enregistrés jusque-là dans le processus ? Autour de quoi s’articule désormais l’action politique ou judiciaire autour des réparations ? Quelles sont les forces en présences?
À ce sommet international sur les réparations participaient en effet la National African American Reparation Commission (NAARC), la Caribbean Reparation Commission (CRC) ainsi que la European Reparation Commission (ERC) que j’ai l’honneur de diriger. Nous avons pu échanger et mettre en place des stratégies gagnantes en faveur des réparations. Des collaborations intellectuelles, judiciaires et économiques sont en cours. Il faudra aussi mettre en œuvre des logiques de boycott contre certaines entreprises notamment. Il s’agit de leur montrer que certes, réparer coûte cher, mais que ne pas réparer peut coûter encore plus cher…
Les États africains qui ont été directement pillés de la Traite négrière sont-ils pris en compte dans la perspective et la comptabilité des réparations ?
Bien sûr. Mais nous aurions besoin d’être mieux coordonnés avec eux sur ce sujet, et plus encore, avec les sociétés civiles. L’idéal serait que dans tous les pays concernés se créent des Commissions nationales pour les réparations, à l’instar de celles qui existent déjà en Europe, dans la Caraïbe ou aux Etats-Unis. Cela faciliterait les échanges, et renforcerait les stratégies.
Y a-t-il de véritables chances pour que les actions envisagées autour des réparations de la Traite négrière transatlantique aboutissent un jour?
Absolument. Je ne suis pas du tout l’avocat des causes perdues. Je vous assure. Au demeurant, plusieurs pays se sont déjà engagés dans la voie des réparations. Depuis les années 1970, plusieurs peuples autochtones ont reçu des réparations au Canada et aux Etats-Unis, comme récemment encore les Navajos, qui ont reçu en 2014 554 millions de dollars. Le Royaume-Uni a payé il y a deux ans des réparations au Kenya, et l’Italie a payé des réparations à la Libye de Khadafi. Il ne s’agit donc pas d’un combat utopique. Et je ne vois pas pourquoi la France, soi-disant pays des droits de l’homme, serait le seul pays à ne pas pouvoir réparer ses crimes, le seul pays à échapper à cette exigence de justice.
Au cours de la commémoration du 70ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau récemment, le président François Hollande a prôné la poursuite résolue de la recherche et toutes sortes d’enquêtes sur les tenants et les aboutissants de la Shoah déjà si abondamment documentée et faisant l’objet de réparations multiformes notamment de la part de l’État allemand. A contrario, son discours a brusquement basculé à l’inauguration du Mémorial ACTe commémorant l’abolition de l’esclavage des Africains le 10 mai 2015 en Guadeloupe et, plus tard, lors de sa visite à Port-au-Prince en Haïti, ancienne colonie esclavagiste française libérée dans le sang puis reconquise par la dette et l’impérialisme américain. Là-bas, M. Hollande n’a pas prôné moins que l’oubli, le pardon, à l’exclusion claire des réparations. Que vous suggère une telle différence de traitement ?
Les réparations liées à la Shoah sont parfaitement légitimes. Celles liées à l’esclavage et à la Colonisation ne le sont pas moins. Il est certain que M. Hollande a manqué à toute dignité en reculant sur la question haïtienne. Dans un premier temps, devant plusieurs chefs d’Etat d’Afrique et des Caraïbes, il a annoncé le 10 mai 2015 qu’il s’acquitterait de sa dette, et ensuite, il a affirmé (comme si ses auditeurs étaient des idiots) qu’on avait mal compris ses paroles. Il faut peut-être à cette occasion rappeler ses propres mots « Mais a-t-on suffisamment souligné que quand l’abolition fut acquise, la question de l’indemnisation prit des proportions et surtout une orientation particulièrement surprenante puisqu’elle était réclamée à cors et à cris non pas par les anciens esclaves, mais par les anciens maîtres qui exigeaient d’être dédommagés pour la perte de la force de travail qu’ils avaient comptabilisée dans leurs écritures comme la valeur de leur cheptel. C’est, sous la monarchie, Charles X (1825), qui réclama même à la république d’Haïti une indemnisation d’Etat de 150 millions de francs-or afin d’indemniser les anciens colons qui le réclameraient. Certains ont appelé cette exigence la rançon de l’indépendance. Eh bien ! quand j’arriverai à Haïti, j’acquitterai à mon tour la dette que nous avons» (applaudissements nourris).
Mais il a trahi sa parole. Permettez-moi de souligner que le fait de refuser des réparations revient à protéger les bénéficiaires de l’esclavage, c’est donc être coupable de complicité de crime contre l’humanité. L’attitude de M. Hollande est donc très grave, moralement, juridiquement et politiquement.
Quoiqu’il en soit, nous poursuivons notre combat sur ce point comme sur tant d’autres, et c’est pourquoi, depuis le 10 mai 2013, nous avons assigné au tribunal l’Etat français sur cette question, justement pour que la rançon (qui s’élève tout même à l’équivalent de 21 milliards de dollars d’aujourd’hui) soit restituée au peuple haïtien.
Y a-t-il une explication plausible au fait que chaque fois qu’on parle de Traite négrière, on ne parle que d’abolition et d’abolitionnistes suggérés des gouvernements anciennement esclavagistes alors que dans les autres cas de génocides on évoque surabondamment les faits quotidiens des crimes et des traitements inhumains?
Vous pensez sans doute à la Shoah. Il est certain que cette mémoire est en France mieux acceptée que la mémoire de la colonisation et de l’esclavage (même s’il a fallu des combats longs et difficiles pour la faire reconnaître, ne l’oublions pas). La raison principale est simple. La Shoah a été dans l’ensemble organisée et planifiée par l’Allemagne, «ennemi héréditaire». Quand on célèbre en France la mémoire de la Shoah, on est assez content de rappeler ainsi que l’ennemi allemand, vraiment, a été affreux (même si la France a évidement joué un rôle dans cette déportation). En revanche, quand on célèbre la mémoire de l’esclavage, cela signifie que là, c’est la France qui a été affreuse. Ce n’est pas très agréable à assumer. Et du coup, plutôt que l’esclavage, on préfère évoquer l’abolition, plus glorieuse, en faisant comme si c’était la France qui avait aboli l’esclavage, alors que c’est d’abord, et avant tout, l’élan des Haïtiens (Toussaint Louverture en tête), des nègres marrons, des résistants africains aux Antilles et ailleurs, qui a permis de fait l’abolition de l’esclavage.
Comment explique-t-on que, contrairement à des pays comme les Etats-Unis d’Amérique où des archives esclavagistes sont accessibles à la recherche universitaire, la France ait, apparemment, bloqué l’accès des archives de la Traite négrière dont celles qui se trouveraient dans les villes de Nantes, Bordeaux, etc. ? Que veut-on cacher dans ce pays qui se veut encore «patrie des droits de l’homme» ?
Ce qu’on veut cacher, ce sont les noms des bénéficiaires de l’esclavage. Ceux qui devraient payer des réparations aujourd’hui. Mais cette attitude ne sert à rien. Elle nous retarde un peu, c’est tout. Mais nous avons malgré tout nos sources et nos informations. Récemment, par exemple, par des pistes diverses, patiemment explorées et recoupées, nous avons trouvé que M. Seillière, fondateur du Medef (syndicat des patrons de France) et de Business Europe (syndicat des patrons d’Europe), avait une fortune dont l’origine est liée en grande partie à la Traite négrière. Nous l’avons interpellé. Il a refusé tout dialogue sur les réparations. C’est pourquoi nous l’avons assigné au Tribunal de Grande Instance de Paris le 10 mai 2015. Cela a été annoncé dans tous les médias français et sur les sites d’économie. Le lendemain, le cours de son action a chuté de quelques points, et il a perdu 30 millions de dollars. Nous n’avons pas encore gagné, mais lui, il a déjà perdu.
Le combat que vous menez pour les réparations de la Traite négrière alors que vous êtes citoyens français n’est-il pas en soi un combat illégal et anticonstitutionnel et donc anti-républicain dans un pays dont le juridisme assimilationniste et anti-communautariste est notoire?
Bien sûr que non. La réparation est un principe de base du droit naturel. Tout crime appelle réparation. Il n’y a pas de justice sans réparation. Cela figure dans le droit français comme dans le droit international. La France a reconnu l’esclavage comme crime contre l’humanité avec la Loi Taubira en 2001. Et s’il y a crime, il y a bien des criminels, je suppose, à moins que ce ne soit le crime parfait. Et si les coupables sont morts depuis longtemps, il y a malgré tout des bénéficiaires, accessibles aujourd’hui, à commencer par l’Etat français lui-même. Mais pour l’instant, la France refuse de respecter sa propre législation. En ce sens, c’est l’Etat français qui est hors-la-loi, pas nous. C’est pourquoi, depuis 2013, nous avons pas moins de cinq procédures judiciaires en cours, contre l’Etat français, ou contre des entreprises, pour demander réparation.
Du reste, qu’il me soit permis de rappeler la résolution adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies en novembre 2014 dans le cadre de la décennie des personnes d’ascendance africaine (UN Resolution A/RES/69/16). Elle invite les États membres ayant pratiqué l’esclavage colonial « à prendre les mesures appropriées et effectives pour arrêter et supprimer les conséquences durables de cette pratique ». En d’autres termes, les Nations Unies demandent aux pays concernés de mettre en place des politiques de réparation en raison des crimes contre l’humanité dont ils sont responsables, et dont ils ont bénéficié. Donc vous le voyez, et le droit français et le droit international sont de notre côté.
Vous semblez en discussions avec l’Union Africaine en qualité de diaspora africaine. Il existerait quelque idée de création d’une communauté africaine outre-mer reconnue à Addis-Abeba. Confirmez-vous cette information? Comment une telle idée est-elle concrètement réalisable à votre avis puisque l’on sait, entre autres, que de nombreux descendants africains aux Antilles n’assument pas leur origine africaine et vice-versa?
Il y a, c’est vrai, dans les Antilles françaises en particulier, certaines personnes qui souhaitent garder l’Afrique à distance. C’est leur droit le plus strict, bien que cette attitude soit le plus souvent liée à l’héritage colonial. On enseignait autrefois aux Antillais que l’Afrique, c’était la sauvagerie, que l’Europe, c’était la civilisation, et qu’il fallait se détourner de celle-là pour embrasser celle-ci. Ayant intériorisé cette domination raciale, beaucoup d’Antillais affirment même qu’ils n’ont rien d’africain, qu’ils ne sont pas noirs, qu’ils sont uniquement Français, etc. C’est l’un des effets les plus spectaculaires de la domination coloniale. C’est ainsi.
Cependant, ce n’est pas l’opinion de tous les Antillais. Loin de là. C’est en Martinique, avec Aimé Césaire, qu’est née la négritude, qui vise à rassembler tous les Noirs, et même au-delà. Et rappelons aussi que l’idée même du panafricanisme a été conçue aux Caraïbes, à Saint-Thomas, avec Edward Wilmot Blyden, à Haïti, avec Anténor Firmin, à Trinidad avec George Padmore, en Jamaïque avec Marcus Garvey, etc. Sans vouloir nier la contribution majeure de l’Afrique au panafricanisme, évidemment, avec des personnalités comme Kwame Nkrumah, je tiens à rappeler que ce sont les Africains déportés qui, justement à cause de cet exil qu’ils ressentaient de manière douloureuse, ont le plus cherché à retisser ces liens. Si certains Antillais ont oublié leurs origines et leur histoire, s’ils ont oublié ce qu’ils doivent à leurs ancêtres, croyez-moi, ce n’est pas le cas de tous, loin de là, et ce n’est pas le cas du CRAN, qui travaille en effet à créer du lien au sein de la diaspora.
C’est d’ailleurs pourquoi le CRAN n’est plus une organisation française. Nous avons désormais des entités au Maroc, au Bénin, au Sénégal, en Guinée, ou Gabon, au Congo, aux États-Unis, au Brésil, et bientôt, je l’espère, un CRAN-Cameroun également pourra voir le jour. Vos lecteurs peuvent évidemment nous contacter à ce sujet, nos coordonnées étant sur le site du CRAN, www.le-cran.fr.
Propos recueillis par Jean-Marc Soboth