
120 millions pour acheter les chiens aux évalas 2012 : Chronique d’une fin prochaine d’un rite extravagant
Eyadema et son RPT, Faure, son RPT et son UNIR qu’on ridiculise en « PUNIR », ont gangréné les rites initiatiques évala en pays kabyè. En injectant des millions de francs chaque année, ils ont contribué à éloigner ces rites de leur signification traditionnelle : passage à l’âge adulte, maturité pour se mettre en couple avec une jeune fille initiée elle aussi. Ils ont contribué à rendre ce peuple indigent et mendiant. Dans leur quête d’une popularité que même le poste de président de la république leur dénie, ces deux zozos ne se sont pas privés de jeter l’argent pendant les évalas.
L’initiation du jeune kabyè consiste à manger la viande de chien et à lutter trois années successives. Les parents du jeune initié se chargent de trouver le chien. Les jeunes initiés d’un canton se retrouvent la veille des luttes, chacun apporte son chien. Les chiens sont abattus, cuits dans une marmite puis la viande est consommée sur place. Mais depuis plusieurs années, Eyadéma et Faure offrent les chiens.
Cette année par exemple, Faure a remis huit millions (8.000.000) de francs CFA à chaque canton de la préfecture de la Kozah. Destination de ces millions : acheter les chiens. La préfecture de la Kozah compte 15 cantons, ce qui donne un total de 120 millions. Si un chien coûte sur la période 20 mille francs au plus, cela revient à dire qu’on aurait acheté 6 millions de chiens. Soit un chien pour un Togolais. (Pour rire, je n’ai pas encore reçu le mien). Et ce n’est pas tout : à la fin, des évalas, le dimanche 29 juillet 2012, Faure a reçu chez lui à Pya, les 3 trois meilleurs lutteurs de chaque canton, soit 45 meilleurs lutteurs de la préfecture de la Kozah. Il leur a demandé s’il y avait parmi eux des étudiants, les rassurant qu’il leur trouverait un emploi sur le champ. Malheureusement, parmi les 45 lutteurs, il ne se trouvait aucun étudiant. Des élèves de la classe de 3ème, des portefaix composaient le groupe des 45. A chacun, il a donné une somme de 200 mille francs, soit un total de 9 millions. A la sortie, certains se demandaient ce qu’ils allaient en faire.
Sans tenir compte bien entendu des frais de location de l’hélicoptère (photo à gauche) qui l’a transporté de terrain de lutte en terrain de lutte. Sans tenir compte du carburant que toutes les GMC, les Toyota, les Ford ont consommé à aller sur chaque terrain de lutte. Sans tenir compte d’autres frais en enveloppes distribuées aux chefs cantons des régions du sud du Togo. D’autres calculs rapidement diront quels besoins essentiels ces 129 millions permettraient de combler. Il suffit de penser aux étudiants, aux salles informatiques vétustes et aux bibliothèques vides. Il suffit de penser aux écoles, collèges et lycées délabrés, à l’absence de livres et de matériel didactique dans ces établissements. Il suffit de penser aux centres de santé. Il suffit de penser aux routes.
S’agissant de la gestion des 8 millions, le chef de canton de Kpinzindè, un canton au sud-est de Kara après l’université, a fait main basse sur l’argent. Les jeunes se sont alors rassemblés et l’ont véritablement tabassé réclamant l’argent. Il faut aussi signaler qu’il a remis au préfet de la Kozah, le colonel BAKALI, une enveloppe pour distribuer 15 mille francs à chaque femme des groupes de femmes (femmes des Forces Armées Togolaises, femmes balayeuses des rues, femmes de l’ex UNFT, les animatrices…), soit un peu plus de dix millions. Le colonel préfet a également fait main basse sur cet argent en distribuant 5 000 francs plutôt que 15 000 francs avec l’argument qu’il va ouvrir à chaque femme un compte en banque pour déposer le reste des 10 mille francs. Malgré les protestations des femmes, rien n’y fait : elles sont reparties en boudant avec les 5 mille francs.
Que d’argent gaspillé pour des futilités, alors que l’essentiel attend.
Toutefois la question essentielle qu’il faut se poser reste : que deviendront les évalas si une année, Faure ne remettait pas les millions pour l’achat des chiens ? Ou si un président de la république n’était pas kabyè ? L’évidence de la réponse est attristante : les évalas vont disparaître. Et ce sera une vraie perte. Je suis Kabyè et triste de ce que les Gnassingbé ont fait de mon peuple.
Justin Hèzu Tiyé de Lama.