Peut-on faire de la politique au Togo sans que Dieu n’intervienne ?
INTRODUCTION : L’HEURE DES AUDACES EST VENUE
Le Togo reste un pays singulier à bien des égards. Avec un Président de la République qui n’apparaît plus en public dans son pays, tout en étant aux abonnés absents à la conférence des chefs d’Etat de l’Union africaine, la question de la présidence usurpée se pose de nouveau. Car en cas de maladie cachée et donc d’invalidité ou d’absence prolongée du Togo, le Président togolais pourrait être considéré, selon la constitution comme « démissionnaire ». Ce point mérite une attention particulière car au sein de l’Armée qui a porté Faure Gnassingbé au pouvoir en 2005, et l’a maintenu 2010 et 2015, il n’y a pas que des « républicains ».
Les partis politiques de l’opposition togolaise, tout comme les syndicats, associations et mouvements de la société civile ne peuvent faire l’économie du bilan et de la critique des stratégies adoptées. Car les stratégies sont toutes perdantes. La raison est simple : le manque d’unité chronique et le refus de se départager sur la base d’un processus de vote démocratique avec le retrait de la candidature qui a obtenu le moins de suffrages à chaque tour. N’est-ce pas ce que demande le peuple togolais, qui reste celui qui continue à souffrir en subissant les conséquences des errements stratégiques et d’organisation de l’opposition togolaise dans son ensemble ? L’heure des audaces est venue et il n’est donc pas déplacé d’oser proposer un début de structuration de l’avenir par les forces de l’alternance (politiques, sociales et de la société civile), en laissant de leur côté, à leurs petits calculs, ceux qui ont choisi le vagabondage politique, la culture de l’erreur stratégique, la légitimation du régime de Faure Gnassingbé, la trahison du peuple togolais ou carrément tout ceci en même temps ?
PRESIDENCE USURPEE : ENTRE MALADIE CACHÉE ET ABSENCE PROLONGÉE DU TOGO ?
Peut-on faire de la politique au Togo sans que Dieu n’intervienne ? Apparemment non, jusqu’à il y a quelques dizaines de jours où la Providence a fait que le Togo :
n’a de Président qu’un Faure Gnassingbé invisible avec des rumeurs sur une maladie grave qui l’empêcherait d’exercer le poste de Président usurpé et non légitime du Togo ;
n’a de Premier ministre, Selom Klassou, que de nom, puisque ce dernier,- même nommé par Faure Gnassingbé avant son exil sanitaire -, n’est en fait rien du tout selon l’article 78 de la Constitution togolaise tant qu’il n’a pas présenté son programme de politique générale devant le Parlement qui devra alors le confirmer ou pas dans son poste ; ceci peut expliquer pourquoi à ce jour, il n’a pas encore présenté la liste des probables ministres du nouveau Gouvernement ;
n’a de Président par intérim qu’en théorie puisque la dernière fois que le poste de Président fut vacant, ce sont les militaires non républicains togolais qui, par un véritable coup d’Etat, ont choisi à huis clos et manu militari d’évincer le Président de l’Assemblée nationale de l’époque, Dr Ouattara Natchaba Fambaré, un comble pour un professeur de Droit public et spécialiste de la Constitution. C’est Faure Gnassingbé qui a été porté au pouvoir à l’époque en 2005 pour servir de porte-drapeau à ces militaires non-républicains et non démocrates. Alors aujourd’hui en 2015, si la maladie fictive, fabriquée ou imaginaire devenait une maladie inéluctable et fatale pour l’exercice réel du pouvoir au Togo, personne ne sait si l’actuel Président du Parlement, Dama Dramani, continuerait à conserver ses prérogatives et pourrait exercer ses fonctions de Président par intérim et passer du numéro 2 du pays à celui de numéro 1 d’une Présidence intérimaire et usurpée, et donc illégitime aux yeux de la population. Est-ce que cela ne le disqualifie pas pour une éventuelle transition ?
Plutôt que de faire attention aux spéculations, espérons que si le Président-invisible ne réapparaît pas avant la fin du mois de juin 2015, il faut croire qu’il faut le déclarer inapte à gouverner pour des raisons de santé. Le nouveau premier ministre désigné mais non confirmé par le parlement, ne peut davantage assurer l’intérim du Chef de l’Etat empêché pour cause d’absence prolongée du Togo du fait d’une ou plusieurs maladies officiellement dissimulées. Si donc les forces armées togolaises perdent leur prête-nom, les militaires non-républicains pourraient, avec ou sans massacres de la population comme en 2005, refuser de respecter la Constitution et adouber le Président de l’Assemblée nationale issu des rangs du parti Union pour la République (UNIR), le parti de Faure Gnassingbé.
Ils pourraient tout autant l’accepter avec une feuille de route tout en le prenant en otage, un chantage qui semble avoir marché avec Faure Gnassingbé, faisant du Togo, un régime autocratique civilo-militaire. Encore faut-il que la Cour Constitutionnelle reçoive l’injonction de constater la « vacance du pouvoir » selon la Constitution. En effet, si Faure Gnassingbé réapparait et qu’il y a un déni de son état de santé réel, il y aura un vide juridique qui conduirait le Togo à imiter l’Algérie du Président Abdelaziz Bouteflika, avec un Président diminué physiquement mais bien présent.
Bref, le Togo risque d’entrer dans une nouvelle période d’incertitude et peut-être d’agitation alors que la Constitution de 1992 avait tout prévu avec les élections à deux tours et un maximum de deux mandats pour le Président. Mais, quelque part, Faure Gnassingbé doit partir. Toutes les ‘ prophéties ’ le concernant sont convergentes sur ce point. Il doit partir !!! Mais personne n’est capable d’affirmer comment. En refusant de partir de son plein gré, des forces invisibles et peut-être Dieu lui-même pourraient intercéder pour la grande majorité du Peuple togolais qui ne peut supporter en réalité une 7e usurpation du pouvoir par le même système. Le choix stratégique du Togo de l’après Gnassingbé dépendra d’interventions extérieures compte tenu du niveau d’injustice et d’illégitimité atteint par un système civilo-militaire se perpétuant à l’aune d’une démocratie de façade, soutenue et entretenue toujours de manière ambigüe par les chancelleries et dirigeants occidentaux. La vente d’équipements de sécurité au Togo sous couvert d’aide au développement, l’alignement du Togo sur les positions occidentales sur tous les problèmes liés au terrorisme et à la piraterie maritime, l’utilisation secrète des aéroports du Togo comme relais dans les positionnements de l’armée française et la réception de l’aide au développement dans le cadre d’un fond commun budgétaire sont gérés sans partage en toute non-transparence par Faure Gnassingbé et son système.
Pourtant, Faure Gnassingbé et son système, n’oublient pas de renvoyer l’ascenseur sous forme de retour sur investissement avec un certain secteur privé français privilégié dans les attributions ou les non-attributions de contrats et autres prébendes. La corruption sert aussi de point d’ancrage au système civilo-militaire togolais, ce qui semble arranger d’abord la France, ensuite une grande majorité de pays de l’Union européenne, dont l’Allemagne, qui derrière la France occupe une place de choix dans les intérêts de son secteur privé sur le territoire du Togo. La question demeure donc : qui dirige le Togo et est-ce pour le bien-être des Togolais y compris la Diaspora ? 1La réponse semble évidente puisqu’aucune amélioration n’a eu lieu avec la Gouvernance du Père Gnassingbé Eyadéma et pas davantage sous celle du fils. Tel père, tel fils ? Apparemment oui ; puisque plus de 60 % de la population togolaise est classée parmi les « pauvres » dont plus de 73,4 % vivant en zones rurales 2.
2. ENTRE UNE OPPOSITION DE LÉGITIMATION DU SYSTÈME ET UNE OPPOSITION DE L’ALTERNATIVE
Personne ne peut contester qu’il y ait un véritable problème avec l’opposition togolaise qui semble incapable de converger et de s’organiser collectivement pour gagner des élections au Togo. Que ce soit les arrangements, les accords politiques officiels, officieux ou ésotériques, il y a toujours des traitres à la cause du mieux-être des populations. Il suffisait pourtant de s’unir pour amener le pouvoir à respecter la volonté du peuple inscrite dans la Constitution de 1992 avec des élections à deux tours. Pour cela il aurait fallu un peu plus de compréhension mutuelle sur la stratégie à adopter. Cette stratégie ne pouvait être d’aller aux élections mais de les repousser tant que les réformes et l’exigence de la fin des deux mandats présidentiels ne redevenaient pas une priorité comme convenu par le peuple en 1992.
De nombreuses voix se sont élevées ici et là pour annoncer, conseiller, insister pour le choix d’une personnalité consensuelle et une candidature commune et non « unique » pour aller à ces élections présidentielles de 2015. Résultat des courses, quelques candidats électrons libres ont délibérément choisi de servir de béquilles à Faure Gnassingbé dans la perspective d’une élection présidentielle sans les principaux concurrents susceptibles de défendre les intérêts du peuple togolais et uniquement les intérêts du peuple togolais.
Alors au lieu de chercher les responsabilités, il semble plus raisonnable de s’atteler à prendre conscience qu’il y a au moins trois types d’opposants au Togo :
Les opposants de circonstance qui varient selon l’odeur de l’argent et le poids du pouvoir
Les opposants qui légitiment le système RPT/UNIR de Faure Gnassingbé en calmant les populations afin de s’éterniser en tant qu’opposition, dont le pouvoir garantit le statut, la protection dès lors que l’alignement permet d’avoir la paix dans la rue
Les opposants de l’alternative que le peuple togolais refuse d’écouter et qui ont depuis longtemps choisi l’option d’une véritable alternative au pouvoir, en évitant de voir le RPT/UNIR (Rassemblement du Peuple Togolais/Union pour la République) cannibaliser les transfuges.
Par ailleurs, à côté du champ politique il est vrai que dans la sphère sociale les syndicalistes et autres organisations de la société civile ont choisi de réclamer, souvent sans succès, leurs droits de manière corporatiste. Mais ce combat légitime pour les droits sociaux ne peut aboutir au service du peuple togolais si une corporation gagne et une autre perd. Car, c’est souvent la stratégie choisie par le système RPT/UNIR pour diviser les luttes. Mais les différents responsables de ces corporations se battent souvent dans un cloisonnement facilitant les dévoiements et les cooptations par le pouvoir. Chacun sait que des anciens syndicalistes sont devenus ministres pour avoir changé de camp et trahi les leurs. C’est donc bien la maladie infantile du peuple togolais qui explique d’ailleurs l’impossible unité de ces trois oppositions. En réalité, les opposants de circonstance ou les opposants légitimant le système RPT/UNIR finissent toujours par rejoindre le RPT/UNIR en catimini ou officiellement.
Au niveau des partenaires internationaux, il suffit de faire du zèle dans la lutte contre le terrorisme et la piraterie maritime pour que la plupart des pays dits démocratiques occidentaux choisissent de considérer les régimes civilo-militaires dirigés par des autocrates comme acceptables, dès lors que la démocratie de façade est orchestrée de manière présentable. Mais en réalité, ceci n’est pas possible sans le soutien des opposants de circonstance et ceux légitimant le système RPT/UNIR. Ainsi, l’opposition togolaise historique peut cacher une autre opposition alternative. Il ne faut donc pas continuer à faire croire au peuple que des élections basées sur des listes électorales erronées, des arrangements non-transparents et un processus de comptage des urnes qui ne va pas à son terme, – avec moins de 15 % de bulletins de votes issus des urnes comptabilisés – peuvent accoucher de la vérité des urnes. Le coup de la surprise face à une tromperie-usurpation électorale ne passe plus, surtout lorsque chacun était prévenu.
Mais l’usurpation par la contrevérité des urnes a eu lieu grâce à l’acceptation d’une commission électorale nationale dite « indépendante » et une cour constitutionnelle aux ordres. Certains continuent à croire que l’on va aux élections présidentielles pour démontrer que Faure Gnassingbé a, pour la 3e fois, usurpé non pas les opposants, mais le peuple togolais. Ce régime illégitime a choisi de donner par avance au moins officiellement 72 millions de FCFA, à chacun des candidats ‘ faire-valoir ’ en lice, pour huiler la machine à légitimer le système RPT/UNIR. Alors, l’erreur stratégique a consisté à refuser de tenter de faire un front uni pour repousser la tenue des élections présidentielles après la date fatidique où Faure Gnassingbé redevenait un citoyen « normal ». Mais, cela suppose une analyse fine et un peu d’humilité pour suivre cette stratégie.
Bref, ceux qui ont bu le « vin qui est tiré » doivent savoir que :
certains peuvent ne pas boire de l’alcool ; et d’autres ne boivent pas de vin frelaté.
Alors, tous les Togolais et Togolaises ne peuvent accepter ce que Claude Améganvi, Président du Parti des travailleurs, a dénommé « opposition institutionnelle 3 » au Togo. Il faut donc être clair et choisir entre ceux qui veulent une alternance crédible et ceux qui veulent continuer à tromper le peuple en faisant des erreurs stratégiques difficiles à rattraper. Ceux qui croient que le Togo ne changera pas sur la base de la vérité des urnes se trompent lourdement et n’offrent qu’un avenir de vengeance et de contre-vengeance aux générations futures. Si c’est cela qu’une partie du peuple togolais souhaite, alors il doit continuer à suivre ceux qui s’inscrivent dans une lecture clientéliste de la démocratie au Togo. Mais, il n’est jamais trop tard pour faire son « mea culpa » et repenser une stratégie unitaire commune sans légitimation du pouvoir RPT/UNIR.
Il faut donc s’identifier et afficher une détermination pour proposer une alternative au peuple togolais. Pour cela, il faut de l’audace. Pour ce faire, il importe que chacun puisse préparer un projet de société avec si possible un programme de gouvernement. Une fois cette tâche réalisée, prendre attache avec tous ceux qui de près ou de loin sont attachés à la restauration de la vérité des urnes au Togo. Une fois ces propositions et programmes recueillis, il faudra identifier des experts indépendants pour démarrer un processus d’intégration de l’ensemble des projets alternatifs reçus et proposer une mouture consensuelle au peuple togolais. Bien sûr de nombreux aspects resteront sans consensus et des conférences réservées uniquement à ceux qui se reconnaissent comme de véritables soutiens et sympathisants de l’alternance politique au Togo pourront y prendre part et voter pour permettre les arbitrages clairs et lisibles des propositions en concurrence.
Chacun appelle à un renouveau de l’opposition. Mais cela ne peut se faire sans un projet de société et un programme de gouvernement. Ce ne sont pas les individus qui sont « importants » même s’il faudra du leadership sur une base électorale, mais le projet et programme consensuel pour gouverner le Togo autrement. La fin d’un cycle de l’usurpation du pouvoir politique se prépare et demande du temps. Les projets pour le Togo doivent dépasser les simples slogans. 4 La liberté de parole, et donc des médias et des journalistes est indispensable. Il faut donc nécessairement libérer ceux qui sont arbitrairement et illégalement envoyés en prison parce qu’ils ou elles œuvrent pour l’avènement d’une démocratie de la vérité des urnes avec la fin de l’impunité. Le régime de la peur, des intimidations et de l’instrumentalisation de la désunion entre les opposants togolais ne peut perdurer lorsque la conscience du peuple togolais est exercée à la vigilance et au civisme.
Aussi, il faut coordonner les appels aussi divers des amis de l’alternance au Togo. Citons sans que la liste soit exhaustive :
celui du professeur Go-Konu, Premier Secrétaire de la Convention Démocratique des Peuples Africains – Branche Togolaise (CDPT-BT) qui rappelle qu’il faut redonner « à la masse des opposants la place historique qui leur revient dans la lutte pour la démocratie et le progrès 5 » ; ou
celui de Nicolas Lawson, le Président national du Parti de renouveau et de la rédemption (PRR) qui rappelle que « si nous voulons le changement, nous devons l’incarner d’abord nous-mêmes 6 »… ; ou encore de de tous ceux qui refuseront d’aller légitimer le pouvoir du RPT/UINR en acceptant de mettre en œuvre un programme politique et économique fondé sur l’arbitraire, l’impunité et le non-respect des droits humains du fait d’une allégeance à quelques militaires non-républicains.
Sur le fond, les partis politiques, les syndicats et les associations diverses de défense des droits des Togolais et Togolaises sur le territoire national comme dans la Diaspora doivent se faire à l’idée qu’il va falloir choisir entre d’une part l’unité d’une opposition alternative ou d’autre part, le système RPT/UNIR. Pour ce faire, sans organisation et un système de vote démocratique sur des projets de société et des programmes de gouvernement si possible budgétisés, il sera difficile de construire des adhésions solides, durables et fiables.
3. RECOMMANDATIONS DE CVU-TOGO-DIASPORA : VERS UN PROJET DE SOCIÉTÉ ALTERNATIF
Le CVU-Togo-Diaspora constate que le citoyen togolais lambda a tendance à s’auto-dévaluer et à se culpabiliser au lieu de se révolter contre le système économique et politique de Faure Gnassingbé qui ne fait pas avancer le bien-être du peuple togolais. En réalité, le système choisi par Faure Gnassingbé prive le peuple d’une liberté de créer des opportunités pour tous et plus particulièrement pour les jeunes. En fait, le système RPT/UNIR augmente les inégalités, valorise le clientélisme, et promeut l’arbitraire dans les prises de décision. Aussi, le citoyen togolais doit apprendre à dépasser les difficultés du moment en évitant de passer son temps à s’attaquer à tel ou tel opposant politique. Il suffit de s’assurer que l’opposant opte pour une alternative nouvelle pour le Togo afin de pouvoir avancer et préparer l’avenir sur de nouvelles bases.
Aussi, la question est moins de savoir s’il y a eu des erreurs stratégiques par tel ou tel groupe de l’opposition, mais plus de retrouver, voire dans la situation présente de créer « ex nihilo »’, la dynamique de l’unité des porteurs de l’alternance politique dans toute leur diversité.
A défaut, le citoyen togolais risque de favoriser un mal-être et un état apathique dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas d’alternative !…
CVU-TOGO-DIASPORA recommande à ceux qui dirigent le Togo :
de penser à leur propre avenir lorsque l’alternance aura lieu dans ce pays. Ce n’est pas en continuant aveuglément à poser des actes anti-démocratiques, anti-liberté d’expression en soutien à l’impunité et à la confusion des pouvoirs, qu’ils pourront éviter d’avoir un jour à rendre des comptes aux citoyens, mais aussi aux ayant-droits de ceux qui sont morts, handicapés, humiliés, mis en prison illégalement, appauvris du fait des abus de droit et de la corruption endémique et une véritable incapacité à travailler au service du peuple togolais dans son ensemble ;
de libérer tous les prisonniers politiques et « d’opinion », de respecter les recommandations du Comité contre la Torture du 28 juillet 2006 qui rappelle que l’Etat doit « prendre des mesures législatives, administratives et judiciaires effectives pour prévenir tout acte de torture et tout mauvais traitement dans tout territoire sous sa juridiction » et s’assurer que « le personnel militaire n’est en aucun cas associé à l’arrestation et à la détention de civils » tout en s’assurant que « tout lieu de détention soit sous autorité judiciaire et pour empêcher ses agents de procéder à des détentions arbitraires et de pratiquer la torture 7 » ;
de libérer les journalistes notamment M. Bonéro Lawson-Bétum, le directeur de publication du mensuel togolais « La Nouvelle » kidnappé sans ménagement en pleine ville et en plein jour sur sa moto par des agents/milices en civil du Colonel Yark Arouna Damehane, l’ex-ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, identifié comme un sanguinaire et responsable de nombreuses disparitions, régulièrement cité dans les rapports des organisations internationales de défense des droits de l’homme, 8 ce qui peut faciliter les futures plaintes auprès de Tribunaux à compétence internationale.
CVU-TOGO-DIASPORA recommande à la partie du peuple togolais, – sur le territoire comme dans la Diaspora -, qui veut une alternative nouvelle pour le Togo :
de redoubler de vigilance en distinguant entre une opposition qui légitime le système de Faure Gnassingbé et celle plus discrète qui a depuis longtemps opté pour une véritable alternative ; il s’agit d’une nouvelle recomposition du paysage politique togolais ;
de ne pas de se focaliser sur les choix des uns et des autres d’aller ou pas aux élections présidentielles de 2015 pour déterminer ceux qui souhaitent une véritable alternative mais de constater dans les faits que ceux qui choisiront de participer au Gouvernement de Gnassingbé/Klassou ne peuvent être considérés comme une alternative crédible au service du peuple togolais ;
de recommander à leur mouvement d’attache (partis politiques, associations, mouvements, etc.) qui souhaitent construire une force de l’alternative au Togo de commencer à préparer par écrit une sorte de projet alternatif de société pour le Togo avec un programme de gouvernement budgétisé.
L’ensemble de ces projets de société devront faire l’objet d’une intégration par un groupe d’experts indépendants afin d’offrir une version consensuelle au peuple togolais pour débat, amendements et approbation. Cela suppose que chacun accepte le principe d’un programme commun alternatif à celui du RPT/UNIR de Faure Gnassingbé et de l’ensemble de ses partis, associations et mouvements satellites. C’est vraisemblablement sur cette base nouvelle et sans casseroles qu’un vaste mouvement alternatif constructif pourra émerger avec un système de décision et d’arbitrages qui se fera sur une base du vote démocratique, à main levée s’il le faut.
20 juin 2015.
Dr Yves Ekoué AMAÏZO
Coordonnateur général