Le plus dur semble avoir commencé. Pourtant, toutes les chances lui tendaient les bras. Après trois mandats consécutifs parfois dans les larmes et le sang, l’homme avait la nième chance de partir en 2020 et du coup taire les haines que tout un peuple lui voue. Que nenni ! Faure Gnassingbé semble n’en avoir cure. Son éducation est un mélange de force brute, de mallettes d’argent, d’arrogance et de mépris pour le pauvre. Il voulait «son» quatrième remake. Il l’a bien eu. Mais à quel prix ?
Les Américains qui lui ont toujours tendus les bras au point de le livrer son demi-frère Kpatcha Gnassingbé en 2009 sont les premiers à avoir levé le pied. Par la voix de son ambassadeur Eric Stromayer à Lomé, on lui a tancé de jouer franc jeu. Patatras ! Dans le jargon politique, cela veut bien dire que, tu en fais un peu trop mec. Les amis de l’UE européenne et surtout de la France qui lui donnaient un quitus avant même la fin des compilations ont cette fois ci tenue un langage alambiqué. On a pris acte. Des semaines après on est revenu envoyé des messages. Ici aussi, le langage politique est clair : « pour qu’il n’y a pas de vide juridique, autant continuer avec l’ami encombrant ». Dans la sphère de celui qu’on a imposé aux Togolais en 2005, on est tous sur la même longueur d’onde. Cette fois-ci, la victoire a été trop belle pour être une vraie victoire : 70% à la soviétique. Au-delà de cette victoire qui devrait jeter les éternels partisans dans les rues pour les fêtes collectives et des réjouissances populaires, les Togolais ont plutôt accueilli les bruits de bottes, le tintamarre des avions de guerre, des drones, des chars… La bidasse n’en demandait pas plus. Elle est éduquée et équipée à s’entrainer sur le peuple. La suite de ce mélodrame à la Togolaise toutes les fois qu’il y a élection est connue : portail du Dr Messan Agbéyomé mis en lambeau. Son salon et les chambres annexes mis sens dessus-dessous. Femmes et enfants physiquement et psychologiquement menacés. La fin de l’histoire paraissait plutôt ubuesque, voire surréaliste mais normal du côté de ceux qui régente la nation depuis cinquante-trois ans. Abdou Assouma, président de la Cour Constitutionnel devenu un chiffon, mieux un impénitent guignol frustrant dans la foulée le métier de juge dans la cité.
Quant au gouvernement qui devrait sortir de terre, son report à la Saint glinglin est bien la confirmation que l’enfant de Sabine est aussi dépassé par les évènements. Pourtant, Agbéyomé l’avait prédit : «Faure, tu as des patates chaudes dans mains». Nous y sommes !
Camus Ali
Lynx.info