Encore appelé T’bool, la danse du feu est une marque du peuple Bassar, localité située au centre du Togo. Une danse dans les origines de ce peuple marquée par beaucoup de mystères. Ne danse pas qui veut ou qui peut à Bassar. T’bol est réservé aux initiés.
La danse du feu est une initiation à la divination, une institution mise en place par les membres de la communauté bassar depuis des générations. Elle n’est pas exécutée par tout le monde, même si l’on a des parents devins. Il y a toujours un choix, parfois dès le sein de leurs mères pour certains et pour d’autres dans le courant de la vie.
L’on reconnaît ces personnes prédestinées de par les difficultés qu’elles rencontrent dans la vie. Elles subissent une série d’échecs, de misère, de mésaventures et d’humiliation et finissent par trouver le chemin de la divination. Instant solennel, car, elles découvrent leur véritable destin, celui de devin, un destin irréversible.
Il y a trois grandes étapes dans cette initiation. D’abord, l’initiation au cours de laquelle on transmet à l’initié les secrets de la danse sur le feu et les vertus de la société comme l’amour du prochain, l’honnêteté et le partage.
Ensuite vient la danse proprement dite sur le feu avec des pieds nus. Et enfin, la divination. Les danseurs dans le feu acquièrent des facultés qui leur permettent de lire les événements à venir dans la communauté.
Une bonne préparation est faite par les chefs spirituels plusieurs semaines avant le jour de la danse. Ils ne doivent ni avoir de rapport sexuels, ni manger des repas jugés impropres. C’est l’étape de la purification des organisateurs.
Une potion préparée secrètement, avec laquelle les danseurs s’imbibent permet d’être immunisé contre le feu et de passer ainsi plusieurs minutes sur des braises sans être brûlé. Le feu devient ainsi sans effet sur le danseur qui peut, selon son inspiration, se livrer à des démonstrations les plus audacieuses. Cette danse n’est en fait qu’une démonstration des forces occultes.
Cette danse s’exécute pendant la nuit à la suite du décès de l’un des initiés ou lors de l’initiation d’un nouvel adepte ou encore à la demande d’un chef de quartier ou de village. Ils mettent en garde la société contre les malheurs qui pourraient s’abattre sur elle dans la mesure où il s’agit bien d’une divination.
La danse de feu, en tant qu’une danse initiatique, est aussi une danse populaire parce qu’elle ameute aussi bien les danseurs des autres cantons que les spectateurs. Ainsi, au cours de cette danse, les initiés des villages et cantons voisins viennent prêter main forte à ceux du village organisateur et vice versa.
C’est aussi le cas des spectateurs qui n’hésitent pas à parcourir des distances incroyables, bravant ténèbres, pluie et brousse pour venir admirer leurs favoris. Et c’est tout ceci qui a contribué à créer dans le temps la cohésion sociale en pays bassar.
Mais aujourd’hui, c’est une danse qui tend à disparaître, vue les rencontres entre cette tradition et le christianisme ou l’islam. Les cotés mystérieux et occulte de la danse, surtout, disparaissent.
Magnim( stagiaire)
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