L’atypicité (caractère atypique) du Togo bat certainement le record de toutes les bizarreries. C’est le pays où Gnassingbé Toyi, peut se lever un matin et bitumer la route qui mène de chez lui ou au domicile de sa maîtresse ; c’est le pays où Kpatcha Gnassingbé peut décider de bitumer la rue qui mène jusqu’à chez lui sans que les autorités communales ou préfectorales ou encore gouvernementales ne cillent. C’est le pays où tout est permis aux Gnassingbé : ça, on le sait depuis les 38 années de dictature du père Eyadema. Ce qu’on voit maintenant, ce sont les dépenses colossales du président, à coups de millions pour « l’intérêt public. »
Depuis quelque mois en effet, la générosité du président de la République Togolaise, Faure Gnassingbé, surprend. Ou plutôt fait penser à une cour assidue pour corrompre les électeurs togolais pour les élections présidentielles de 2010. Ce qui est curieux, ce sont les sommes énormes que le président dépense, de sa poche, dit-on.
– 175 millions pour construire les marchés d’Anfoin et d’Aného ;
– 16 430 000 pour la construction du lycée d’Agou-Nyiogbo ;
– 20 millions pour la construction des hangars au grand marché de Kara ;
– La réfection des toits des hangars du marché d’Amoutiévé ;
– 200 millions pour la construction du marché de Vogan ;
– Organisation d’opérations chirurgicales gratuites pendant deux semaines au CHR de Kara et pendant un mois à Atakpamé (régions des plateaux) pour plus de 200 millions ;
– Don de 24 000 francs à toutes les femmes de Kara appartenant à une association affiliée au RPT, soit à plus de 90% de la population féminine de Kara ;
Dons de tubercules d’ignames et de sacs de riz à des associations et ONG œuvrant dans le domaine social sur toute l’étendue du territoire. S’agissant de ces dons, c’est à se demander si Faure s’est débarrassé des stocks encombrant et pourrissant ou il s’est acquitté d’un véritable don, car les sacs de riz dateraient du siècle dernier puisqu’ils sont remplis de charançons. Comment expliquer que le président soit autant riche et entreprenne des travaux que devait exécuter le Togo, c’est-à-dire le gouvernement ? Comment expliquer que le gouvernement de Gilbert Houngbo soit complètement effacé alors que le Togo est une immense ruine qui a besoin d’une main titanesque pour sa reconstruction ? Que fait le gouvernement de Houngbo pendant ce temps ?
D’où lui vient cet argent ? Pourquoi la Cour des comptes n’irait-elle pas farfouiller de ce côté pour identifier l’origine de ces sommes colossales que dépense le président, alors qu’il n’est que président depuis à peine cinq ans ? Serait-il en train de blanchir des billets de CFA ou est-ce la fortune volée par Eyadema père ? Ne serait-il pas en train de se débarrasser des fortunes pillées par le père avant que la Cour des Comptes ne vienne jeter un coup d’œil, si tant est qu’elle le fera, tellement la nomination du juge Yaba, un proche parent du ministre Gilbert Bawara, est sujette à controverses et suscite des doutes. Serait-il lui aussi (Faure) impliqué dans le trafic de la cocaïne comme son demi-frère Kpatcha Gnassingbé emprisonné depuis avril 2009 pour tentative de coup d’Etat et aujourd’hui recherché par la DEA américaine, selon toute vraissemblance ?
Il est quand même curieux qu’un président, fût-il fils d’un dictateur voleur et pilleur, dépense autant de millions en l’espace de deux mois, alors que le pays qu’il est censé diriger ne dépense pas autant. La Cour des Comptes devrait se donner du crédit aux yeux du peuple togolais en commençant par fouiner du côté de Faure Gnassingbé : ses millions sont suspects. Et dépensés comme ils le sont, c’est davantage suspect.
Justin Hèzu Tiyé