«Avec cet argent, le Togo aurait pu éviter de voter des budgets avec des déficits qui font croître d’année en année la dette intérieure et extérieure. Le Togo aurait pu payer plus de deux fois la totalité de sa dette, si les flux illicites sortis du pays rien qu’en 2008, soit 2 235 milliards de francs CFA, avaient atteint le trésor public »
Jean-Pierre Fabre, le chef de file de l’opposition parlementaire togolaise a présenté mardi l’état des comptes du Togo entre 2005 et 2011.
Jean-Pierre Fabre, le chef de file de l’opposition parlementaire togolaise a présenté mardi l’état des comptes du Togo entre 2005 et 2011. L’exercice du président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) a consisté à mettre à nu, la gestion économique du pouvoir de Faure Gnassingbé depuis sa succession à son père en 2005. Jean Pierre Fabre est clair : si Faure Gnassingbé refuse d’opérer les réformes politiques, c’est à cause des 9 233,5 milliards de francs CFA sortis illicitement du pays entre 2002 et 2011.
Jean Pierre Fabre a présenté, mardi, le rapport publié en décembre 2011 par l’ONG américaine Global Financial Integrity (GFI) sur les flux financiers illicites sortis des pays en développement. Abordant le cas du Togo, l’ancien professeur d’économie de l’Université du Bénin (actuelle Université de Lomé, Ndlr) a indiqué qu’entre 2005 et 2011 coïncidant avec la période du premier mandat de Faure Gnassingbé, 8 233 milliards de francs CFA sont illicitement sortis du pays. L’opposant a précisé que tous ces montants qui ont été détournés couvrent largement le déficit budgétaire que connaît le Togo. Selon lui, le Produit Intérieur brut (PIB) et les dépenses du pays représentent en moyenne moins de 20% des fonds sortis illicitement.
«Avec cet argent, le Togo aurait pu éviter de voter des budgets avec des déficits qui font croître d’année en année la dette intérieure et extérieure. Le Togo aurait pu payer plus de deux fois la totalité de sa dette, si les flux illicites sortis du pays rien qu’en 2008, soit 2 235 milliards de francs CFA, avaient atteint le trésor public », a indiqué Jean Pierre Fabre.
Le député à l’Assemblée nationale accuse de ce fait, le régime Gnassingbé au pouvoir et lui impute la responsabilité de la pauvreté, de la misère et du dénuement total de la population. M. Fabre assure que le Togo est loin d’être pauvre mais «a été appauvri par un régime archaïque et réfractaire à tout changement ».
Le chef de file de l’opposition a précisé que les fonds illicites sortis du pays ne prennent pas en compte les flux illicites internes. Ainsi, avance-t-il le détournement des centaines de milliards à la Banque Togolaise de Commerce et d’Industrie (BTCI), à la société togolaise de télécommunication « Togo Telecom ». De ce fait, il a dénoncé l’existence des malles, des coffres-forts, des marchés publics illégalement attribués, les surfacturations et les sous-facturations.
« Au lieu d’instruire les institutions d’investigation, de recherche ou de contrôle, à l’effet de traquer et d’endiguer le phénomène, les autorités togolaises préfèrent régler des comptes politiques en lançant la police, la gendarmerie et à l’Agence nationale de Renseignement aux trousses d’honnêtes citoyens et de leaders politiques concurrents », a dénoncé M. Fabre.
Le Togo organise en mars 2015, une élection présidentielle. Les préparatifs du scrutin créent déjà une certaine tension entre le pouvoir et les partis d’opposition. L’opposition exige des réformes constitutionnelles et la mise en place d’une Commission électorale nationale indépendante (CENI) paritaire.
Didier Assogba
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