Mardi 29 mars dernier, au cours d’une rencontre d’échange avec les chefs traditionnels, Faure Gnassingbé a lancé le processus de la décentralisation et remis à l’ordre du jour la tenue des élections locales.« Si vous regardez autour de nous, les autres pays ont déjà mis en œuvre cette décentralisation. Et compte tenu des problèmes que nous avons connus, nous sommes restés un peu en marge de la réforme. Il y a eu une hésitation de notre part parce que les gens estiment que les infrastructures ne sont pas à la hauteur, mais s’il faut attendre de tout régler avant d’aller à ces élections locales, on ne les organisera jamais. Aujourd’hui ce que nous voulons tous, c’est de faire reculer la pauvreté dans notre pays et la décentralisation permettra d’améliorer les choses et à mieux vivre ».
C’est ce que le Prince avait fait savoir aux têtes couronnées. Ces garants des us et coutumes qui ont depuis perdu leur notoriété et sont devenus des courtisans du pouvoir, se sont encore laissé séduire mardi dernier par le locataire de Lomé II.
Dans une sortie médiatique, le Chef de file de l’opposition, Jean-Pierre Fabre a estimé que Faure Gnassingbé s’est trompé d’interlocuteurs. A l’en croire, le processus de la décentralisation et la tenue des élections locales doivent se faire sur des bases consensuelles et en concertation avec l’ensemble de la classe politique togolaise. « Ce ne sont pas eux (Ndlr,les chefs traditionnels) qui vont appeler à des élections locales puisqu’ils n’évaluent pas la manière dont les élections sont organisées. C’est avec les partis politiques qui vont participer aux élections locales qu’il faut s’entretenir. Je ne dis pas que les chefs traditionnels ne sont pas concernés, mais ce sont les partis politiques qui sont les premiers concernés »,a-t-il précisé.
En attendant que les partis politiques (du moins le chef de file de l’opposition) soient concertés (sic) selon que le Prince le souhaite, la question des réformes avant toute élection revient sur le tapis. Au-delà des campagnes de proximité à travers les quartiers de Lomé et ses environs, l’Alliance nationale pour le changement (Anc) et la Convention démocratique des peuples africains (Cdpa) réclament les réformes avant la tenue des locales. Dans certains milieux, on s’étonne que Faure Gnassingbé passe sous silence les réformes constitutionnelles et institutionnelles.
Ce qui laisse croire que le pouvoir, comme lors de la présidentielle de 2015, est en train de faire du dilatoire pour aller aux locales et éventuellement aux législatives qui approchent sans faire ces réformes qui sont d’ailleurs prévues par l’Accord politique global (Apg), recommandées par la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) et souhaitées par la communauté internationale. Il faut aller certes aux locales, mais avec les réformes, c’est mieux.
De l’avis de certains observateurs, le pouvoir Rpt-Unir est sur le point d’organiser les locales sans les réformes constitutionnelles et institutionnelles et sans l’assainissement du cadre électoral. Il revient donc aux leaders de l’opposition de faire front contre le dilatoire de Faure Gnassingbé, éviter le scénario de 2015 et arracher enfin ces réformes que d’aucuns qualifient de « fondation de toute élection ». Et c’est sur ce plan qu’ils sont vivement attendus au lieu de se laisser embarquer dans une quelconque élection dont l’issue est connue d’avance.
PCK L’Alternative
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