Togo-Elections : Cette fois-ci, c’est le comble !

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Dans tous les cas, une chose est certaine : Les législatives du 25 juillet vont se dérouler dans les mêmes conditions d’opacité et d’iniquité que les précédentes. Le courant dominant de l’opposition va encore créer une situation où une opposition minoritaire va encore accompagner le régime pendant 5 ans en jouant aux « chiens aboient la caravane passe ».

Alors que la campagne électorale a commencé depuis le 6 juillet, le prélat Barrigah et l’Ambassadeur des Etats Unis ont arrangé, le 8 juillet 2013, une nouvelle rencontre entre le régime et le couple CST/ARC-EN-CIEL, toujours en secret. Comme pour le « mini dialogue top secret » du 14 juin, la presse n’était pas plus informée du contenu de cette autre rencontre que le commun des Togolais. On comprend qu’elle ait eu du mal à informer l’opinion du contenu des discussions entre les deux parties.

Encore un « dialogue » pour flouer une fois de plus

Au sujet de cette rencontre le Coordinateur général du CST en la personne de AJAVON Zeus déclarera pourtant le 8 juillet que « c’est [maintenant]le bon dialogue » ; et AFANGBEDJI  appellera les Togolais à soutenir « le CST pour obtenir de bonnes conditions de déroulement des élections ». Un détail qui ne peut pas passer inaperçu pour tous ceux qui connaissent le fonctionnement du courant majoritaire de l’opposition : AFANGBEDJI n’a pas demandé aux Togolais de se mettre derrière le couple CST/ARC-EN-CIEL, mais derrière le CST. C’est significatif d’un état d’esprit au sein du courant majoritaire de l’opposition.

On sait que APEVON Dodji a fait au nom de l’ARC-EN-CIEL/CST un communiqué à l’adresse de la presse. Gilbert BAWARA fera aussi de son côté et au nom du Gouvernement un communiqué dans lequel il annoncera le report des élections du 21 au 25 juillet. Le communiqué de APEVON est resté évasif sur la question du report des élections, comme si aucune date n’avait été fixée. Dans tous les cas, les deux parties n’ont pas fait un communiqué commun, contrairement à la normale. Qu’on le veuille ou non, ce fait lève un coin de voile sur le climat qui a dû prévaloir lors de la rencontre, et le sens dans lequel le rapport des forces a joué au cours des discussions.

Et comme pour confirmer ce climat, l’annonce de la date du report des élections a soulevé un tollé au sein du CST, bien moins au sein de la Coalition ARC-EN-CIEL comme on pouvait s’y attendre. Au CST, on a ressenti l’annonce comme un coup bas de la part du régime. Agbeyome Kodjo se dit « surpris par la fixation de la date du 25 juillet » ; il parle de « dynamique brisée » parce qu’ «on nous a caché des choses » a-t-il conclu. ATANTI Edem, le chargé des affaires politiques à l’ANC, a vu dans la fixation de la date « un nouveau coup de force ». Jean-Pierre Fabre est plus clair : « Il n’y a jamais eu de discussion ni d’accord au cours de ce dialogue sur la date du 25 juillet » ; et il parle de « double langage ».

Le sentiment dominant au sein de la Coalition ARC-EN-CIEL est que toutes ces réactions au sein du CST sont excessives. Une position modérée ? Les rivalités au sein du courant majoritaire de l’opposition pour le pouvoir (ou pour la première place) ont la vie dure. On le savait déjà, avant même la Conférence nationale. Au sein de ce courant, on sait également que dans cette lutte en cours pour la démocratie au Togo comme en Afrique, la « Communauté internationale » préfère les « modérés » aux « extrémistes », quelles que soient d’ailleurs les positions de ces « modérés ».

Aucun engagement du côté du pouvoir ?

Le communiqué lu par Dodji APEVON n’en est pas un en réalité. C’est une sorte de procès verbal de réunion où, en plus, le souci de ménager la chèvre et le choux pour montrer à la « Communauté internationale » qu’on est « un modéré » par rapport aux autres, est si élevé que l’opinion a du mal à saisir ce que le couple CST/ARC-EN-CIEL a pu obtenir lors de la rencontre pour rendre les prochaines législatives transparentes et équitables. Du coup, la date du 25 juillet annoncée par BAWARA pour le report des élections apparaît comme le seul aboutissement concret du « dialogue ». Mais à en croire les représentants du CST, la date du 25 juillet aurait même été fixée unilatéralement et traitreusement imposée à l’opinion. Le rapport des forces oblige !

Dans le papier lu par APEVON Dodji, il n’apparaît nulle part un engagement précis et concret du régime à mettre en œuvre « les mesures d’apaisement » sur lesquelles « les discussions [auraient]permis de parvenir à des compromis ». Il en est de même des mesures supposées de nature à « améliorer » le cadre électoral. Tout se passe comme si les amis du CST/ARC-EN-CIEL se sont contentés de soulever ce qu’ils ont considéré comme étant des sujets à débattre, puis de donner carte blanche au régime à la fin des discussions, sans demander des garanties en contrepartie.

Les négociateurs du couple CST/ARC-EN-CIEL ont franchi la ligne rouge sur la question de « la nomination et des prérogatives du premier ministre » et sur ce qu’ils ont appelé les « autres réformes institutionnelles et constitutionnelles ». Sur le premier point, on nous dit que « les représentants du gouvernement ont assuré que le Président de la République, en sa qualité de garant de la constitution, respectera celle-ci ». Comme si Faure Gnassingbe qui a « volé la victoire du peuple » en 2010 et que les chefs du CST se sont mis à « dégager » dans leurs manifestations à partir de 2012, s’est subitement métamorphosé en « un Président de la République » crédible et respectable. Et pour les réformes institutionnelles et constitutionnelles, on nous apprend que « les parties prenantes se sont accordées pour qu’elles fassent l’objet d’un débat plus large et plus approfondi. »

On croit rêver ! Et tout cela rappelle si étrangement les « 22 engagements » (2004), la rocambolesque histoire du 12e dialogue avec son APG (2006) et le « dialogue inter togolais » (1999) avec son Accord Cadre de Lomé (ACL).

Repenser la politique d’opposition

Un dernier point, le seul en réalité essentiel : c’est le problème fondamental et récurrent du cadre électoral et des conditions de déroulement du scrutin. On a beau retourner dans tous les sens les dispositions qui auraient fait l’objet d’un « compromis » ou d’un « accord » lors de la rencontre, aucune d’entre elles ne permet de dire que les conditions de la transparence et de l’équité des élections sont réunies à la veille de ce scrutin. Et l’on se met en campagne malgré tout, en nous disant qu’ils vont aux élections même si « les conditions ne sont pas idéales ». En termes moins hypocrites, même si les conditions de la transparence et de l’équité des urnes ne sont pas réunies ! Les masques sont effectivement tombés. Les dispositions lues par APEVON Dodji ne sont affichées que pour permettre au couple CST/ARC-EN-CIEL de rentrer dans la danse sans perdre la face.

Dans tous les cas, une chose est certaine : Les législatives du 25 juillet vont se dérouler dans les mêmes conditions d’opacité et d’iniquité que les précédentes. Le courant dominant de l’opposition va encore créer une situation où une opposition minoritaire va encore accompagner le régime pendant 5 ans en jouant aux « chiens aboient la caravane passe ».

La CDPA-BT en appelle une fois de plus à tous ceux qui refusent de s’inscrire dans cette ligne désastreuse : Il est plus que temps de repenser la politique d’opposition.

Fait à Lomé, le 15 Juillet 2013

Pour la CDPA-BT

Son Premier Secrétaire

E. GU-KONU

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