Togo : Des leaders politiques empêtrés dans des contradictions !

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Le voile de malentendus entre les leaders politiques togolais a du mal à se défaire. Chaque jour qui passe confirme, au contraire, que l’écran se consolide. La faute à tout le monde, sauf personne. Dans les faits, l’ensemble des acteurs du marigot politique est en train de camper sur une ligne dure. Chacun, gainant sa langue d’invulnérabilité, refuse de faire un pas vers l’autre qu’il charge avec aversion. Pour preuve, 24 heures seulement après que le Premier ministre, Arthème Séléagodji Ahoomey-Zunu ait soutenu que son gouvernement, assumant sa part de responsabilité, reste ouvert au dialogue avec l’opposition, le leader de l’Alliance nationale du changement (ANC), Jean Pierre Fabre, a fait comprendre qu’il en a cure.

A l’en croire, il ne dialoguera avec le gouvernement que s’il venait à résoudre un certain nombre de préalables. Il a parlé, avec jactance, de la mise en œuvre des recommandations de la Commission nationale des droits de l’homme, de l’Accord politique global de Ouagadougou, de la résolution de l’Union interparlementaire et de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) visant à réhabiliter les 9 députés de son parti qui ont été révoqués de l’Assemblée nationale. Ce faisant, il a martelé que les réformes auront lieu sans que le régime de Faure Eyadéma ne puisse manœuvrer pour se maintenir au pouvoir.

Suite à cet avertissement, il a mis le chef du gouvernement en garde contre toute velléité de sympathie méprisante en arguant que le peuple togolais, déterminé à barrer la route à la fraude électorale, a pris son destin en main. C’est sans contexte qu’il mise sur la mobilisation populaire pour faire basculer l’ordre traditionnel. Il peut compter sur les jeunes et les femmes, matraqués par la misère et le chômage, qui ont fini par être éveillés au spectacle du monde secoué par des vents de contestation.

Sans compter que lui-même, capable de donner ses tripes à dévider, pourrait être truculent au superlatif. Ainsi, de nombreuses personnes déboulonneraient sur le macadam des ruelles tortueuses de la capitale, Lomé, pour faire entendre leurs voix. Avec ces journées électriques, le pays peut basculer à nouveau, dans des convulsions, à l’image de celles qu’il avait vécues pendant 14 ans, de 1993 à 2007. Comme à cette période, les autorités ne resteraient pas sans réactions. Vu sous cet angle, il faut s’attendre à des rebondissements, en raison de la répression des marches et de l’arrestation des opposants et leurs militants. De sorte que les lignes de démarcation entre les leaders du Collectif sauvons le Togo (CST) et ceux de la coalition arc-en-ciel pourraient se creuser davantage.

Il n’est pas superflu de rappeler que la première organisation est un mouvement d’opinion pendant que la seconde est une alliance électorale. Cela étant, des responsables politiques, guidés par des desseins ignobles et intermittents pourraient se débiner en jouant perso. Ne serait-ce que pour s’arroger des strapontins de postes à la faveur de la pénombre des longues nuits, loin des regards indiscrets des foules déchaînées qui avaient, entre temps, cru en eux. En plus du délitement collectif qui plane sur le CST et ses alliés, il faut retenir que la résurgence des tensions peut déboucher sur une série de reports des élections, théoriquement prévues pour ce mois d’octobre. Toute dynamique qui n’aura d’autres effets que de courroucer les bailleurs de fonds et les partenaires au développement du Togo, comme l’Union européenne (UE), qui attendent que le Togo s’incruste résolument dans le processus démocratique. Ce qui est dans l’ordre possible et plausible des choses.

Il suffit que toute la classe politique, dans son ensemble, mette les impératifs de conscience au-dessus des obligations dues à une formation politique. Faure Gnassingbé l’a déjà fait dès son accession au pouvoir. En moins de deux ans, il était parvenu, à coup de réformes, à redonner au Togo, sa respectabilité. Et l’embargo qui plombait le développement du pays avait été levé. Pourquoi ne donnerait-il maintenant pas de bons gages à l’opposition ?

Adama BAYALA (badam1021@yahoo.fr)

Sidwaya

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