Pour ne pas l’avoir compris, on a ouvert la porte à tous les dangers devenus dès lors incontrôlables!
Cher tonton Godwin, je prends la liberté de compléter ta récente contribution à la compréhension, au moins en partie, de ce que tu appelles » la Question togolaise « .
Nul ne peut aujourd’hui nier que la société togolaise connaît des fissures comme jamais auparavant sinon des fractures profondes! Il ne servirait à rien de se voiler la face, car, la politique, c’est d’abord et avant tout des réalités, des rapports sociaux , économiques et j’en passe..!
A cet égard, je suis surpris par l’assimilation que tu tentes entre Minas et Ewés. Ou les adages que tu cites sont éwé ou ils sont mina! Il s’agit de deux groupes ethniques différents, à la langue différente, à l’histoire différente, à la culture différente ! Même si l’on peut retrouver les mêmes proverbes dans différentes civilisations, celles-ci ne sont pas pour autant de la même racine!
1-Cela étant, je constate que sous Sylvanus Olympio, qui n’aura été au pouvoir qu’à peine 5 ans, les clivages qui traversaient la société togolaise de l’époque étaient davantage politiques qu’ethniques! Tant il est vrai, les termes de l’équation politique se résumaient à l’alternative „ Indépendance immédiate pour les uns alors que pour les autres, cette même indépendance devrait être progressive, par étapes! Depuis, l’histoire a tranché.
2- A te lire, tonton Goodwin, on croirait que l’opposition togolaise et ses leaders ne sont pour rien dans les malheurs croissants des Togolais depuis 1990, point de départ du mouvement populaire plus que jamais dans l’impasse.
Mauvais choix politiques, absence de stratégie , inexistence d’une ligne politique claire, combinaisons suicidaires , amateurisme écoeurant, manque de rigueur caractérisé, esprit de chapelle sinon de régionalisme obscur, telles sont les causes non exhaustives de l’engluement d’ une opposition où l’esprit de calomnie et de diffamation l’emporte sur l’analyse et la discussion saine!
Un exemple parmi d’autres: Avant même la Conférence Nationale souveraine, les partis désignent un premier ministre dit « apolitique « . Or tout initié sait que dans ce genre de circonstances, le profil du meilleur candidat doit être laissé à la dynamique des débats et des enjeux identifiés. Pour ne pas l’avoir compris, on a ouvert la porte à tous les dangers devenus dès lors incontrôlables!
3- De l’armée, parlons en deux lignes. Elle comptait indéniablement des officiers acquis à la cause de la démocratie,et ce , indépendamment de leurs origines ethniques. La conférence où elle était représentée offrait à l’opposition une occasion en or de l’associer aux décisions de la CNS , lui lier en somme les mains et lui confier le rôle de garante principale de la bonne exécution des décisions de la CNS.. Au lieu de cela, le Collectif de l’opposition démocratique du professeur Gnininvi n’aura réussi qu’à renvoyer l’armée dans les bras de son chef qui a eu beau jeu de la monter contre la CNS.
4- La communauté internationale a eu droit à ton attention,tonton Godwin! Et à juste titre! Permets-moi cette image : Quand on est commandant de navire , on a l’obligation de le conduire à bon port! Il faut pouvoir s’attendre à des récifs, à de mauvais temps et donc savoir naviguer entre les différents écueils ! La politique a ses règles et lois comme la navigation maritime ou aérienne. A cet égard, cette communauté était et reste un des éléments du puzzle togolais! Nos parents et grands-parents avaient su s’imposer à elle en leur temps.Grâce à leur savoir faire, leur union et leur détermination.
Enfin, quant aux acteurs du moment, nous continuons à nous interroger sur leur éthique, leurs motivations et convictions, clés de tout succès !
Max Dorcinville