Alors qu’il est condamné au Togo pour tentative d’atteinte à la sûreté de l’État, c’est sur les bords de la Seine que le « zénéral » Assani Tidjani royalement installé se moque de ses geôliers co-accusés et du juge Abalo Pétchlélibia qui a cru bon de le condamner pour dix ans. La dernière fois que le bourreau des populations d’Aného est apparu au public togolais remonte au procès entre Gnassingbé Faure et Gnassingbé Kpatcha. Corps émacié, pratiquement au bord des larmes et menottes entre les mains comme un vulgaire bandit, il disait « cracher » toute la vérité sur l’affaire entre les frères Gnassingbé. On ne lui donnera pas cette occasion. Mieux, la justice togolaise avait tout fait pour raccourcir le procès et condamner à la va-vite ceux que Faure avait dit de prendre soin qu’ils ne soient plus jamais libres. Parmi eux, le « zéneral» Assani Tidjani. Zélé public numéro 1 au Togo. Il est celui qui a lancé le premier aux Togolais alors que le pays était à feu et à sang en 2005 de ne pas chercher du matin au soir qui doit les diriger : « Qu’il y ait élection ou pas, Faure a déjà gagné. Ceux qui envisagent de descendre dans les rues seront matés, car c’est nous qui avons les fusils». lance t-il sur une chaînes de radio locale. Il n’avait pas compris que la dictature togolaise est liberticide. Elle se nourrit de ses propres enfants. Et que les armes qu‘il disait posséder n’était pas à lui non plus. Mais à un clan, à une ethnie et à un système qui ne pardonne pas les récalcitrants, les traîtres les roublards. Il le payera très cher. Tabasser à coups de bottes et de gourdins quand il tente en 2005 de s’exfiltrer et d’aller à Bouaké donner des conseils à Guillaume Soro et à ses rebelles. Il deviendra persona non grata du système et rejaillira un matin menottes aux mains comme le prisonnier de Faure. Si l’histoire des traîtres et des zélés nous était comptée…
Faure n’est pas ingrat. La France aussi !
Quand la rébellion ivoirienne fait acte de manque de stratèges militaires, la France se rappelle qu’elle a formé une barbouze dans ses écoles de guerre. Par l’entremise de l’ami Blaise Compaoré, le « zénéral » fil droit dans le fief de Guillaume Soro à Bouaké et conseille en stratégie de guerre. On le voit aussi dans les hôtels du côté de Ouagadougou jouer au conseiller et la France se frotte les mains de son aide. Du côté, du Togo il sait que que les balafres qu’il a sur ses joues ne jouent pas pour lui pour qu’il devienne un jour président. D’ailleurs, lors du procès, il le reconnaît publiquement : « Monsieur le juge, est-ce que mon visage ressemble a celui qui peut être président au Togo » . Cet aveu qu’il ne sera jamais concurrent des Gnassingbé au pouvoir, est au Togo une forme de repentance . Après sa condamnation, une maladie est trouvée pour le « zénéral » prisonnier. Un sanctuaire est trouvé pour son exfiltration de Lomé et la France pousse Faure à le libérer afin qu’il vienne se faire soigner. Dans le fond comme dans la forme, l’argument ne tient nullement. D’autant plus que les femmes de Kpatcha et de Esso Gnassingbé tous prisonniers de Faure se sont à maintes fois plaintes sur les cas de santé de leurs maris sans jamais avoir une suite positive, on peut se demander quel est le deal qui lie le triumvirat Faure- Tidjani- France.
Ce qu’on sait par contre est que le pouvoir de Lomé a aussi laissé la femme du « zénéral » rejoindre son époux. Chose que Eyadema avait refusé à Agbéyomé Kodjo lors de son exil parisien. Ensemble, ils partagent un appartement que l’État français a bien pris soins de mettre à leur disposition. La vie est belle et le couple savoure le meilleur printemps depuis près de 40 ans en France. Le « zénéral » Tidjani quant à lui se consacre à la prière, parle beaucoup comme toujours à ses amis français et africains et n’est point gêné de marcher comme homme libre dans les rues parisiennes. Vivement qu’il comprenne qu’il a fait tuer par ses conseils de pauvres ivoiriens et de pauvres Togolais. Vivement qu’il comprenne que toute sa carrière militaire n’aura pas non plus servi les populations togolaises les peuples noirs, mais le colon, la France et ses godillots nègres.
Djima Matapari Lynx.info