Syrie. Le président Assad marque des points

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  « L’armée de Bachar, personne ne peut prédire quand cette armée sera affaiblie et défaite … Les dirigeants simplistes de l’Occident devront  trouver une boule de cristal, pour lire l’avenir dedans … et là, ils auront, peut-être, des surprises » – Robert Fisk (The Independant, Londres)

Alors que son armée marque des points face aux rebelles dans le sud du pays, l’agence officielle Sana a rapporté que le président Assad jugeait que « la situation était meilleure en Syrie grâce à la résistance du peuple syrien et son soutien à sa valeureuse armée ».

« Pas de nouveau Sykes-Picot » proclame Assad !

Réitérant des propos récemment tenus, il a de nouveau souligné son intransigeance, affirmant qu’il ne ferait « pas de compromis avec les groupes extrémistes et terroristes », auquel il assimile fort justement les pseudo « rebelles » et autres djihadistes soutenus par les USA, l’OTAN et leurs alliés saoudiens et qataris.

S’adressant à une délégation libanaise, il a également dit que la Syrie et le Liban feront « avorter ensemble les complots étrangers visant à mettre en oeuvre un nouveau Sykes-Picot », faisant référence à un accord franco-britannique conclu en 1916 en vue du partage de l’Empire ottoman.

Il ne fait pas là référence à un nébuleux « accord secret russo-américain sur un nouveau partage du Proche-Orient » évoqué à tort sur certains réseaux sociaux, pur  phantasme complotiste, mais bien à la réalité des plans américains pour le « Grand Moyen Orient » et à la Syrie fragmentée, sous domination turque et israélienne qu’ils envisagent parfois (car il y a aussi d’autres projets divergents, dont celui d’un « croissant chiite »)

L’armée arabe syrienne progresse dans le nettoyage du pays

Sur le terrain, l’armée marque des points sur deux fronts stratégiques, reconnaît l’AFP. Aux portes de Damas et dans la région de Homs, frontalière du Liban, qui relie la capitale au littoral.

Ainsi elle a pris dimanche le « contrôle total » du village de Jdeidet al-Fadl. « Les troupes cherchent à empêcher l’entrée des rebelles à Damas », une « entrée » de plus en plus problématique, en bombardant intensément les poches insurgées en périphérie.

Dans la région de Homs (centre), l’armée progressait vers le bastion rebelle de Qousseir après la prise de plusieurs villages environnants, selon Damas.

Une « opposition » désunie et en crise

Ces succès militaires de Damas servent de toile de fond à une crise sans précédent d’une opposition fantoche, éclatée entre islamistes radicaux soutenus par le Qatar et groupuscules soutenus par Washington et ankara. Mais aussi entre djihadistes et combattants de l’intérieur et « politiques » agissant à Ankara, Londres, Paris ou Washington.

Signe de ces oppositions, où apparaissent aussi les divergences des agendas de Washington, Paris, Dohad ou Riad, le « chef de l’opposition syrienne » Ahmed Moaz al-Khatib a démissionné de la Coalition qui mène désormais des tractations pour nommer un remplaçant jusqu’à des « élections » (sic) prévues le 10 mai, ont affirmé à l’AFP des sources proches de la Coalition. « Je peux confirmer que la démission d’Ahmed Moaz al-Khatib est définitive », a indiqué Marwan Hajjo, membre de la Coalition, indiquant que M. Khatib a informé l’opposition de sa décision à Istanbul. Khatib avait jeté l’éponge une première fois il y a près d’un mois, mais la Coalition de l’opposition syrienne n’avait pas donné suite.

Cette démission et cette crise font suite directement à la désignation par Washington – arrêtons de parler d’ « élections » – de Ghassan Hitto , un Frère musulman sous contrôle de la CIA, comme « premier ministre intérimaire » fantoche des territoires syriens aux mains de la rébellion djihadiste (1).

Khatib a aussi démissionné pour « dénoncer le manque d’action de la communauté internationale pour aider le peuple syrien », a indiqué M. Hajjo. « La communauté internationale, le groupe des Amis de la Syrie, doivent fournir des armes lourdes pour permettre aux Syriens de se défendre » (sic), a-t-il ajouté.

Ces radicaux islamistes que l’occident persiste à faire passer pour des « démocrates »

La personnalité de Khatib est révélatrice des extrémistes qui dirigent l ‘insurrection en Syrie même. Supposé selon l’AFM être « un islamiste modéré » (sic)  « populaire dans la province de Damas dont il est originaire » (resic), c’est en fait un radical qui a été désigné en novembre pour diriger la Coalition nationale, censée « représenter toute l’opposition syrienne ». Il a participé directement sur le terrain, jusqu’en 2012, au soulèvement armé contre le gouvernement de Bachar al-Assad, lancé en mars 2011 à l’instigation des occidentaux.

Encore ce jour même, le quotidien bruxellois La Libre Belgique, anti-assad, évoque les djihadistes qui ont rejoint « les rangs de l’opposition syrienne et ont été enrôlés dans des groupes de moudjahidines étrangers. La présence de certains groupes islamistes radicaux et le peu d’empressement de l’Armée syrienne libre de couper les liens avec ces groupes est la principale raison qu’avancent des pays comme l’Allemagne et les Etats-Unis pour refuser de livrer des armes aux rebelles syriens ».

Washington directement à la manoeuvre

C’est à Istanbul que s’est aussi tenue ce samedi une réunion du groupe des « Amis de la Syrie » durant laquelle Washington, représenté par Kerry, a annoncé le doublement de son assistance directe et la livraison d’équipements militaires défensifs, mais toujours pas les armes que l’opposition réclame avec insistance.

Significatif du recul des djihadistes made in NATO et des points marqués par Assad et son armée, Washington doit se découvrir de plus en plus ouvertement (2). Syrie. Washington va doubler son aide financière, mais ne livrera – officiellement – qu’un équipement «non létal».

Autre média de l’OTAN farouchement anti-Assad, Libération (Paris) analyse le renforcement de l’engagement US contre la Syrie ba’athiste : « La visite au Proche-Orient du secrétaire d’Etat américain témoigne d’une nouvelle phase dans l’engagement américain sur le dossier syrien. Mais il ne signifie pas pour autant que les Etats-Unis vont apporter une aide militaire significative à la rébellion, au grand désespoir de ses représentants à l’extérieur du pays. Samedi, à Istanbul, John Kerry a certes annoncé le doublement de l’aide américaine, mais celle-ci ne permettra pas pour autant aux insurgés de faire pencher la balance militaire… »

Loin de cette langue de bois américano-occidentale, le journaliste Robert Fisk (The Independant, Londres) écrit ce jeudi plus crûment : « l’armée de Bachar, personne ne peut prédire quand cette armée sera affaiblie et défaite … Les dirigeants simplistes de l’Occident devront  trouver une boule de cristal, pour lire l’avenir dedans … et là, ils auront, peut-être, des surprises » !

Luc MICHEL pour Syria Committees – Comités Syrie /

Avec AFP – SANA – Libération – La Libre Belgique / 2013 04 22 /

 

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