Rejet du projet de loi sur le mandat présidentiel. Tel père tel fils !

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En fait, Faure Gnassingbé est à l’image de certains de ses pairs africains, surtout francophones qui, après plusieurs décennies au pouvoir, ne s’imaginent pas une vie en dehors du pouvoir. Et pourtant, du Sénégal au Bénin en passant par le Ghana, des présidents ont cédé le pouvoir sans y être contraints.

Le Togo risque de rentrer dans une zone de turbulences les jours à venir. En effet, l’Assemblée nationale togolaise a rejeté, le 30 juin dernier, un projet de loi prévoyant la limitation du nombre de mandats présidentiels. Proposé par le gouvernement, ce projet de loi comportait 6 réformes de la Constitution que l’Opposition togolaise réclamait à cor et à cri, dont celle prévoyant une élection du président « au suffrage universel direct et secret pour un mandat de 5 ans, renouvelable une fois ».

Le rejet de ce projet de loi risque de détériorer davantage le climat sociopolitique

En votant contre cette réforme, les députés de l’Union pour la république (UPR), parti au pouvoir, ouvrent un boulevard au président Faure Gnassingbé pour un règne à vie. Chose à laquelle l’Opposition est farouchement opposée. D’ailleurs, ses principales formations que sont Le collectif « Sauvons le Togo » et la Coalition Arc–en-ciel ont battu le pavé trois jours durant, la semaine dernière, pour exiger la limitation du nombre de mandats présidentiels avec effet immédiat. C’est dire si le rejet de ce projet de loi risque fort de détériorer davantage le climat sociopolitique déjà délétère. Il faut même craindre que cette décision des élus de la majorité ne plonge le Togo dans un cycle de violences. Car, il s’agit là d’un jeu de dupes. En soumettant ce projet de loi à la Représentation nationale, tout indiquait qu’il serait rejeté puisque le parti au pouvoir y est majoritaire avec 62 députés sur 91 au total. Il s’agissait donc pour l’UPR de jouer le jeu en faisant croire à l’opinion nationale et internationale que c’est la légalité qui a triomphé dans la mesure où c’est la majorité qui n’a pas voulu de ce projet de loi. Or, tout observateur avisé de la scène politique togolaise sait dans quelles conditions ces députés ont été élus. Ce n’est pas demain la veille que le peuple togolais réalisera l’alternance

L’Opposition a pris part aux législatives malgré elle.

Toutes ses réclamations relatives aux irrégularités qu’elles a dénoncées lors des votes, sont restées lettre morte, ou du moins, ont été royalement ignorées par les instances chargées de les examiner.

Comment peut-on, dans un tel contexte, parler de démocratie? Comme l’avait relevé Léon Gambetta, « ce qui constitue la vraie démocratie, ce n’est pas de reconnaître des égaux, mais d’en faire. » Visiblement, Faure Gnassingbé est en train de se donner l’image d’un homme très peu rassasié de pouvoir. Après deux mandats, il n’est toujours pas prêt à quitter les affaires. Il est sur les traces de son père. Il semble bien parti pour régner ad vitam aeternam. En tout cas, si la Constitution de son pays reste en l’état, ce n’est pas demain la veille que le peuple togolais réalisera l’alternance, si l’on s’en tient aux fraudes, aux achats de consciences et autres maux qui affectent généralement les élections en Afrique en général et au Togo en particulier. Que vaut une démocratie sans alternance ? Rien. En fait, Faure Gnassingbé est à l’image de certains de ses pairs africains, surtout francophones qui, après plusieurs décennies au pouvoir, ne s’imaginent pas une vie en dehors du pouvoir. Et pourtant, du Sénégal au Bénin en passant par le Ghana, des présidents ont cédé le pouvoir sans y être contraints. Pourquoi les autres refusent-ils de faire autant? C’est que, hélas, beaucoup de gouvernants africains ont un très mauvais rapport au pouvoir d’Etat : ils ne veulent ni ne doivent le céder volontairement ; c’est pour eux, un privilège à conserver par tous les moyens. Ainsi va l’Afrique !

Dabadi ZOUMBARA

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