C’est finalement entre le président de la transition Michel Kafando et son homologue togolais Faure Gnassingbé que ce point a été réglé
Le président togolais Faure Gnassingbé est intervenu auprès de son homologue burkinabé Michel Kafando pour obtenir la satisfaction de la principale condition posée par le général Gilbert Diendéré avant de se rendre jeudi après-midi aux autorités de la transition.
Il fallait l’accord du Nonce apostolique Pergiorgio Bertoldi et du général Diendéré, cerveau de la tentative du coup d’Etat du 17 septembre, pour que celui-ci quitte l’ambassade du Vatican à Ouagadougou. Si le Nonce était pressé de se débarrasser de l’encombrant général, arrivé là un peu par hasard, (la Nonciature étant située à 700 mètres du Camp Naaba Koom II), le général Diendéré avait précisé, pour sa part, aux négociateurs, parmi lesquels le Cardinal Philippe Ouédraogo, l’ancien chef de l’Etat Jean-Baptiste Ouédraogo, ses deux principales conditions. Il exigeait des garanties pour sa sécurité mais surtout l’exfiltration vers l’étranger de son épouse Fatou Diendéré.
Le sort de Fatou Diendéré
Les autorités de la transition s’étaient très rapidement engagées à garantir l’intégrité physique de l’ancien chef d’état-major particulier du président Blaise Compaoré. En revanche, les négociations avaient achoppé sur le sauf-conduit à délivrer à Mme Diendéré, réfugiée à l’ambassade des Etats-Unis à Ouagadougou, pour quitter le pays. C’est finalement entre le président de la transition Michel Kafando et son homologue togolais Faure Gnassingbé que ce point a été réglé. Ce n’est que lorsqu’il a obtenu l’assurance que son épouse est arrivée à Lomé que le chef des putschistes a quitté jeudi après-midi les locaux de la Nonciature pour être emmené au camp Paspanga de la gendarmerie nationale.
Boîte à pandore
L’ancien bras doit de Blaise Compaoré devrait, à présent, s’expliquer sur la tentative de coup d’Etat du 17 septembre. Les enquêteurs vont certainement chercher à savoir si la conspiration dépassait les milieux militaires pour associer des civils, notamment des responsables du pouvoir balayé par l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. La justice burkinabé va également profiter de la nouvelle donne pour entendre le général Diendéré sur d’autres affaires emblématiques tels que l’assassinat du journaliste Nobert Zongo et la mort de Thomas Sankara. S’il acceptait de « se mettre à table », le général Diendéré pourrait livrer les plus lourds secrets des 27 années du régime de Blaise Compaoré. Il connait dans les plus petits détails le rôle du Burkina dans la rébellion ivoirienne, dans les différentes libérations d’otages, dans la guerre civile au Liberia et en Sierra-Leone. Les révélations de cet homme des missions difficiles de Compaoré pourraient finalement embarrasser bien au-delà du seul Burkina Faso. Le Premier ministre de transition Yacouba Isaac Zida, qui a travaillé sous ses ordres au RSP, lui avait proposé au tout début de la transition le poste d’ambassadeur à La Havane. Il avait refusé le strapontin pour se retrouver finalement derrière des barreaux.
Seidik Abba
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