Quand un pays ruse avec ses principes [Par Jean-Claude DJEREKE]

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Début juillet 2020, Yodé et Siro mettaient sur le marché du disque l’album intitulé “Héritage” qui avait pour titre-phare “Président, on dit quoi ?”.
Ce titre attirait l’attention sur le fait que “le pays a besoin de tous ses enfants pour la vraie réconciliation, qu’on ne se réconcilie pas en mettant les gens en prison et qu’il faut se méfier d’un peuple qui ne parle plus”.
Tout le monde se doutait bien que les deux monstres du Zouglou pouvaient être arrêtés à tout moment à cause de cette chanson. Peu de temps après, effectivement, Yodé et Siro furent inculpés pour “outrage à magistrat et diffusion d’informations mensongères à relent racial et tribal”.
La France et les autres pays occidentaux qui se vantent d’être des démocraties ne levèrent pas le petit doigt. Leur silence me parut aussi inacceptable que le colonialisme à propos duquel Jean-Paul Sartre en visite à Alger en 1956 déclarait : “Le colonialisme est notre honte, il se moque de nos lois ou les caricature ; il nous infecte de son racisme…; il tente de se défendre en suscitant un fascisme jusque chez nous, en France. Notre rôle, c’est de l’aider à mourir. Non seulement en Algérie, mais partout où il existe.” 
Macron, Le Drian, les “intellectuels”, médias et guides religieux français, qui s’étaient émus de la décapitation de l’enseignant Samuel Paty, se montrèrent indifférents à celle de l’Ivoirien Toussaint Koffi N’Guessan par des miliciens proches de Ouattara.
Quelques jours plus tard, Macron dénonçait le troisième mandat d’Alpha Condé alors qu’il avait justifié celui de Ouattara comme s’il y avait, d’un côté, les bons violeurs de Constitution et les mauvais violeurs, de l’autre.
Le comportement de la “patrie des droits de l’homme“ soulève une question et une seule: Comment peut-on se revendiquer de l’humanisme et refuser de reconnaître l’humanité des Africains? C’est à croire en définitive que la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée à Paris le 10 décembre 1948, ne concernerait que les Blancs. Devant un tel deux poids, deux mesures, devant une indignation aussi sélective, on ne peut que donner raison à Sartre qui écrivait ceci : “Notre humanisme n’était qu’une idéologie menteuse, l’exquise justification du pillage. Ses tendresses et sa préciosité cautionnaient nos agressions. Il s’agit d’un humanisme raciste puisque l’Européen n’a pu se faire homme qu’en fabriquant des esclaves et des monstres. Nous sommes les ennemis du genre humain.” (cf. sa préface à ‘Les Damnés de la Terre’ de Frantz Fanon).

Jean-Claude DJEREKE

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