Quand le cas Blé Goudé devient un os dans la gorge de Ouattara

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La CPI, dans un communiqué rendu public le Lundi 02 Décembre dernier, vient de réitérer sa volonté de voir transférer Charles Blé Goudé à la Haye au plus tard le 13 Janvier 2014 délais de rigueur.

Face à cette injonction de la CPI, le pouvoir d’Abidjan, ne sait que faire. Faut-il transférer Blé Goudé ? Plusieurs raisons peuvent expliquer les hésitations et l’embarras du pouvoir Ouattara :

Le cas Blé Goudé n’est pas différent du cas Simone Gbagbo pour lequel la Côte-d’Ivoire s’est dite avoir les juridictions compétentes en la matière, demandant ainsi à la CPI de se déclarer incompétente pour le cas de l’ex première dame ;

un transfèrement vers la CPI de Blé Goudé ne fera qu’exposer davantage le régime d’Abidjan, avec tout ce que cet orateur hors pair, à l’image de son « père » Laurent Gbagbo, pourrait révéler à la face du monde, en disant sa part de vérité sur cette page sombre de l’histoire de la Côte-d’Ivoire. Sans compter sa côte de popularité qui va inévitablement monter davantage dans l’opinion nationale et africaine et partout dans le monde. Car, aujourd’hui plus qu’hier, malgré toutes les manœuvres pour le discréditer, l’image et la cote de popularité de Blé Goudé sont restées intactes ;

beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et le régime Ouattara se rend compte chaque jour qui passe, que Blé Goudé, contrairement à tout ce se dit pour le salir, est un facteur déterminant dans le processus de réconciliation nationale qui bat déjà de l’aile ;

Le transfèrement de Blé Goudé soulèverait une levée de bouclier de l’Union Africaine contre le régime d’Abidjan, au moment où cette institution a décidé de se dresser contre cette cours qu’elle juge partiale et raciste ;

par ailleurs, le gouvernement voit en cette demande pressante de la CPI un véritable piège qui lui est tendu et cela pourrait se retourner contre lui. Le dossier Blé Goudé est le dernier verrou qu’elle veut sauter pour obliger Alassane Ouattara à livrer les hommes de son propre camp. C’est tout cela que redoute Abidjan qui n’a pas du tout envie de se faire hara-kiri en se mettant à dos les responsables civiles et militaires de l’ex rébellion.

Quant à la CPI, qui sait elle aussi que Blé Goudé n’est pas le criminelle que l’on tente de présenter au monde, surtout que jusque là aucune preuve n’a été trouvée contre le « Père du fils », elle use de stratégies pour amener Abidjan à se résoudre à transférer à la Haye tous ceux qui sont soupçonnés par la cours d’avoir joué un rôle controversé dans la crise ivoirienne. Pour cela il faut s’assurer de la pleine collaboration de la Côte-d’Ivoire, à quelques jours d’une autre audience devant statuer sur la possibilité d’une mise en liberté provisoire sous condition du Président Laurent Gbagbo. Le cas Blé Goudé revêt ainsi un enjeu stratégique pour la CPI qui, par ailleurs, doute de la capacité du régime d’Abidjan à respecter les droits de Blé Goudé. C’est le lieu de relever que détenu au secret, Blé Goudé n’a toujours pas droit à des visites régulières, à une assistance juridique et médicale. Enfermé 24H/24, il ne voit pas la lumière du jour et est coupé de tout contact avec l’extérieur.

Au total, Blé Goudé est devenu un os dans la gorge du Chef de l’Etat et de son gouvernement ; ils ne savent plus quoi en faire.

Le leader de la jeunesse ivoirienne lui, malgré le traitement inhumain auquel il continue d’être soumis pour simplement l’amener à se renier, à trahir Laurent Gbagbo et son combat, a accepté de porter sa croix en restant digne et égal à lui-même. Au point où, selon des indiscrétions émanent de certains de ses proches qui étaient en contact avec lui avant son arrestation, si son avis devait compter, il surprendrait tout le monde en préférant faire face à la CPI. Mais nous n’en sommes pas encore là, puisque personne n’a accès à lui, ni même ses avocats.

Le Temps

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