Les témoins à charge, dans le procès de Simone Gbagbo, poursuivie pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, défilent à la barre de la Cour d’Assises d’Abidjan, sans donner des ‘’preuves’’ pour soutenir leurs dépositions, donnant le sentiment de venir ‘’réciter une dictée’’.
Comme, ce mercredi, les nommés Amadou Dembélé, Souleymane Soumahoro et Alassane Diomandé, comparaissant en qualité de témoin ou sachant se sont évertués à raconter ‘’comment ils ont vécu la crise postélectorale’’ sans se référer aux différents chefs d’accusation qui valent à l’ex-première Dame ivoirienne sa comparution en assises.
Amadou Dembélé a, par exemple, rapporté que son ‘’frère’’ Drissa Dao ‘’arrêté par des forces de l’ordre alors qu’il se rendait au Golf Hôtel est décédé à la MACA (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan) suite aux blessures occasionnées par la bastonnade des policiers’’. Qui a donné l’ordre aux forces de l’ordre de bastonner votre frère ?, interroge le juge Boiqui Kouadjo ? ‘’Je ne sais pas’’, répond le témoin. Pensez-vous que Simone Gbagbo est-elle capable de donner des ordres ?, relance le magistrat. ‘’ Non, c’est une maman. Je ne pense pas qu’elle puisse donner des ordres’’, déclare Amadou Dembélé.
Le président Boiqui Kouadjo revient à la charge. ‘’Est-elle liée à la mort de votre frère ?’’, interroge-t-il. ‘’Oui parce qu’il y a eu dérapage et elle a laissé faire’’, répond le témoin qui pressé par la défense, avouera plus tard ‘’que je n’étais pas là quand on l’arrêtait. C’est un frère, Souleymane Bamba, qui m’a rapporté le faits mais lui aussi, n’était pas présent’’.
Le second témoin Souleymane Bamba raconte à la barre qu’il a ‘’tout perdu’’ dans son garage à Yopougon où ‘’des hommes en armes, cagoulés sont venus nous bastonner sur une dénonciation calomnieuse. J’ai perdu un œil suite à une bouteille lancée à ma figure par l’un d’entre eux’’.
Selon lui, l’un de ses amis venu lui rendre visite, ce jour-là, a subi le courroux des ‘’agresseurs qui nous prenaient pour des rebelles. Mais mon ami a reconnu un parmi eux qui est policier du nom de Hugues Dothui’’. A la question de savoir qui a envoyé ces forces de l’ordre dans son garage, Souleymane Bamba répond sans hésiter ‘’c’est Mme Gbagbo’’. ‘’Qu’est ce qui vous fait dire que c’est elle ?’’, interroge le juge. ‘’Parce que c’est elle qui est au pouvoir. Et puis son slogan +on gagne ou on gagne+ a envenimé les choses. Donc c’est elle et elle est liée à ma blessure à l’œil’’, affirme le témoin. Comment savez-vous qu’elle est liée à votre blessure ? ‘’ C’est elle qui est au pouvoir’’, insiste-t-il.
Dans les débats avec la défense, le témoin est contredit par la déposition à l’instruction de l’un de ses apprentis. Selon ce dernier, ‘’c’est le patron (ndlr : Souleymane Bamba) même qui a alerté la police (…) et c’est un projectile dont on ne sait la provenance qui lui est tombé sur l’œil’’. Interrogé sur les propos de son apprenti, le témoin est resté stoïque.
Quant à l’étudiant Alassane Diomandé, il a rappelé les ‘’circonstances de la mort de 4 de mes condisciples de la grande mosquée de Yopougon Toits rouges et la destruction de cet édifice religieux par des hommes envoyés par Simone Gbagbo’’, malgré le groupe d’auto-défense ‘’constitué’’ pour la sécurisation de ce lieu de culte.
Mais lorsque le juge lui demande le ‘’lien de ces faits avec l’accusée’’, le témoin comme tous les autres, affirme que ‘’par le discours de haine véhicule par Mme Gbagbo, c’est elle qui a donné des ordres aux policiers militaires et gendarmes de venir attaquer notre mosquée’’.
‘’Comment savez-vous cela ?’’, interroge le juge pour se laisser entendre que ‘’c’est Gbagbo qui était au pouvoir en ce moment’’, rétorque Alassane Diomandé avant la suspension de l’audience.
APA /HS/ls
{fcomment}