C’est aujourd’hui vendredi 15 janvier 2010 à minuit que la procédure de dépôt des candidatures pour la présidentielle togolaise, prévue pour le 28 février prochain, sera clôturée. Sans surprise, Faure Gnassingbé est officiellement candidat à sa propre succession sous la bannière du Rassemblement du peuple togolais (RPT). Cependant, il a de fortes chances de ne pas avoir en face de lui un challenger de taille.
La candidature du principal opposant, le président de l’Union des forces de changement (UFC), Gilchrist Olympio, étant, jusqu’à hier, au moment où nous tracions ces lignes, hypothéquée. Car ce dernier, actuellement au pays de l’Oncle Sam, « souffre d’un mal de dos l’empêchant de se présenter au siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à Lomé pour « se soumettre aux formalités et examens de candidature qui exigent sa présence physique ».
Comme l’exige l’article 62 de la Constitution togolaise qui dispose que “nul ne peut être candidat aux fonctions de président de la république s’il ne présente un état général de bien-être physique et mental dûment constaté par trois médecins assermentés, désignés par la Cour constitutionnelle”.
Aussi Gilchrist Olympio a saisi la CENI pour s’engager à lui produire, à toutes fins utiles, « un certificat médical attestant sa bonne santé ». Mais comment pourrait-il le faire du moment où cet examen doit être fait, selon la loi fondamentale togolaise, par « trois médecins assermentés désignés par la Cour constitutionnelle » ? En tout cas, ce serait pour la CENI aller contre les textes que d’accepter des documents établis aux Etats-Unis d’Amérique.
Mais cette attitude de la part d’un opposant de la trempe de Gilchrist Olympio est, on ne peut plus, étonnante. Car, on ne peut s’empêcher de se demander ce que ce dernier est allé chercher au pays de l’Oncle Sam à la veille d’un scrutin présidentiel auquel il est censé prendre part. N’est-ce pas là une fuite de responsabilité qui ne dit pas son nom ?
C’est peut-être aussi une façon pour lui de se dédouaner aux yeux de l’opinion togolaise et internationale, après avoir vainement revendiqué, avec Maître Yawovi Agboyibo, le président du Comité d’action pour le renouveau (CAR), le mode de scrutin à deux tours dont il faisait une condition sine qua non pour prendre part à la présidentielle ! Si c’est le cas, il se serait ridiculisé en n’allant pas jusqu’au bout de sa logique et en déclarant simplement le boycott. Voilà donc une situation qui vient remettre encore en cause le sérieux du président de l’UFC qui, jusque-là, bénéficiait d’une certaine crédibilité de la part de nombre d’observateurs de la scène politique togolaise.
Mais par cette attitude, Gilchrist Olympio risque de donner raison à ceux qui pensent qu’il fait de l’amateurisme politique. Ce qui est sûr, ils ne seront pas nombreux, ceux qui lui pardonneront cette forfaiture de s’être laissé surprendre par le délai de clôture de dépôt des dossiers de candidature. Pour un prétendant à la magistrature suprême d’un pays, ça ne semble pas sérieux.
Car comme on le dit, ce n’est pas à la veille d’un combat qu’on se met à harnacher son cheval. Il n’a donc qu’à s’en prendre à lui-même d’être mis hors de la course au fauteuil présidentiel du Togo. En tout cas, Gilchrist Olympio persistait dans sa pression sur la CENI pour un report de la date de clôture de dépôt de candidatures, il donnera raison à Faure Gnassingbé qui refuse de modifier la Constitution pour un scrutin à deux tours.
Il l’aura bien voulu de prêter le flanc à son adversaire Faure qui préférerait avoir affaire à un autre candidat de l’opposition. A cet effet, il revient qu’à défaut de son président, l’UFC se préparerait à proposer son secrétaire général, Jean Pierre Fabre, à la course à la présidentielle. Eh bien ! Gilchrist Olympio, par cette attitude, conforte les chances de remporter l’élection de Faure, qui n’étaient déjà pas minces avec le mode de scrutin à un tour.
Hamidou Ouédraogo