Avec la perspective de la présidentielle de 2010, les Etat-major de partis politiques sont en ébullition, les ambitions présidentielles s’annoncent de part et d’autres. A côté, des candidatures sont officiellement déclarées. Il s’agit tout d’abord du Franco-Togolais Kofi Yamgnane qui a tout récemment annoncé publiquement être portant pour la course. On citera aussi Gilchrist Olympio et Me Yawovi Agboyibo qui ont été choisis par leur parti respectif l’Union des Forces de Changement (UFC) et le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) lors de leur congrès pour être leur porte-flambeau à cette compétition. Le patron de l’Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire (OBUTS) Gabriel Agbéyomé Kodjo a également à maintes reprises déclaré compétir.
La Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA) est aussi dans la dynamique, et sans aucun doute si le parti devra présenter de candidat, ce sera sans doute Léopold Gnininvi. D’autres menus fretins dont Augustin Hospice Coco et un certain pasteur se signalent aussi. Il manque visiblement un nom, celui du Président sortant Faure Gnassingbé. Pourquoi donc un tel silence sur sa probable candidature ? Une chose est sûre, sauf miracle, Faure Gnassingbé sera candidat à sa propre succession. Mais il y a une certaine hésitation sur l’annonce de sa candidature. Ce qui porte à croire qu’il reste des détails à régler. Comme par hasard depuis quelques temps, des indiscrétions font état de candidature indépendante de Faure Gnassingbé. Ce qui traduit que le « Leader nouveau » ne briguerait donc pas la course au nom du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), son parti naturel. Si les rumeurs circulaient depuis plusieurs mois déjà, elles se font de plus en plus persistantes au fur et à mesure que l’échéance se rapproche. Et il y a bien de faits qui poussent à donner foi à ces allégations.
Valse d’associations pro Faure
Depuis un certain temps, il ne se passe plus de semaine ou jour où on n’apprenne la création d’une association soi-disant de soutien pas au RPT, mais à Faure Gnassingbé. La précision en vaut la peine. A côté des associations à vocation nationale, des regroupements régionaux de jeunes se créent. Association de soutien à Faure (AssoFaure), Mouvement de soutien à Faure (MSF), Jeunesse Unie pour les Initiatives de Faure (JUIF), la liste est longue. Ces associations dépasseraient la centaine, puisqu’il a été récemment porté sur les fonts baptismaux le G100, un regroupement de 100 associations disant soutenir le candidat Faure Gnassingbé. Et elles continuent de se créer. Il ne se passe plus de semaine où on ne signale une de ces associations sur le terrain menant des activités pour soutenir le candidat Faure Gnassingbé. Des séminaires, ateliers et autres journées de réflexion sont organisés pour vanter les mérites de l’« Esprit nouveau » et appeler ouvertement les électeurs à voter pour lui le moment venu. Toutes ces agitations juste pour lui garder une certaine visibilité sur le terrain.
La construction d’un QG
L’information a été ébruitée entre-temps par le confrère français « La lettre du Continent » et nous l’avions reprise avec d’autres précisions. Un imposant immeuble est en construction à Cacaveli. Le bâtiment devrait servir de siège de campagne de…Faure Gnassingbé. Pourquoi un siège de campagne pour l’«Esprit nouveau » malgré l’existence du siège du parti ? Cette question, beaucoup de Togolais se la sont posée des l’annonce de ces révélations et continuent de s’interroger. Des inquiétudes fort bien légitimes quand on sait que c’est le siège du parti qui a toujours été utilisé comme le quartier général de campagne du ou des candidats du RPT. Faure doit bien avoir des raisons de débourser des centaines de millions pour se construire un siège de campagne à lui, pas au RPT. Ici aussi la précision est troublante.
Black-out sur le congrès du RPT
Avec l’avènement de l’échéance électorale de l’année prochaine, c’est l’ébullition dans les partis politiques, disions-nous. Les grosses écuries ont déjà organisé leurs congrès pour choisir leur porte-étendard. On veut nommément parler de l’UFC et du CAR. C’est à ces rencontres que les militants ont désigné Gilchrist Olympio et Me Yawovi Agboyibo pour les représenter. D’autres partis de moindre acabit ont aussi tenu leur congrès pour plancher sur le sujet. On citera ici la CDPA et l’Union des Démocrates Socialistes du Togo (UDS-Togo). Mais le RPT, le plus grand parti du Togo (sic) n’a toujours pas organisé le sien pour désigner son candidat. Ce qui surprend beaucoup l’opinion. Pire, c’est le silence total sur le sujet. Aucune date n’est annoncée pour le congrès. On se rappelle une intervention du ministre Pascal Bodjona laissant entendre que le candidat naturel du parti devrait être sans doute Faure Gnassingbé. Ce qui suppose que le choix était d’ores et déjà fait et que le reste ne serait qu’une formalité. Le bon sens n’arrive donc pas à comprendre qu’on éprouve encore des difficultés à organiser un congrès pour annoncer la bonne nouvelle et qu’un black-out soit observé sur le sujet. On susurre que par cette option de faire cavalier seul, Faure Gnassingbé veut s’affranchir du joug du RPT, nommément des anciens collaborateurs de son feu Père qui ne lui laisseraient pas les coudés franches pour conduire les destinées du pays. Est-il vraiment prêt à se mettre à dos le parti et tout ce beau monde sur qui il s’était appuyé en 2005 pour monter au pouvoir ? La question reste posée.
Tino Kossi