Pourquoi Faure doit-il abdiquer ?

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En février 2005, Faure Gnassingbé a « accepté le job » que la haute hiérarchie militaire lui a offert sur un plateau, sans avoir jamais pris une ½ seconde à essayer de comprendre ce que cela voulait dire pour lui et pour le Togo. Il a naïvement pensé que s’agissant d’un « héritage » légué par son père, il ne lui suffisait que de se caler dans le fauteuil, de se faire appeler « …excellence M. le Président » et puis voilà : le reste pouvait être évidemment dirigé et orchestré par les consorts Debbasch, les généraux et l’ensemble de tous les petits cadres promus au sein du RPT.

Division Nord/Sud

Comme son père pendant 38 ans, il a d’abord compté sur la division Nord/Sud pour asseoir sa dictature. En effet, l’opposition Nord-Sud d’origine pré-coloniale, opposition accentuée par le colon allemand, récupérée et renforcée par le colon français puis par le régime politique du Président Olympio et enfin théorisée et instrumentalisée par Eyadema et son RPT.
Enfin, paradoxalement, c’est Faure Gnassingbé qui achève sa formulation politique quasi-officielle en la portant au plus près de son point culminant irréversible pense-t-il : en témoignent les violences politiques qui avaient certes démarré dès 1990, mais se sont, à partir de 2005, cristallisées sur les facteurs de la division Nord-Sud et ethniques, et plus récemment les résultats électoraux des législatives d’octobre 2007, de 2013 ainsi que les présidentielles de 2010 et 2015. Mais Faure Gnassingbé s’est contenté de regarder les cendres des incendies et a superbement ignoré les braises ardentes que celles-ci cachaient…

Quant aux oppositions intra-Nord, elles ont été soigneusement occultées, voire étouffées, interdites tout simplement d’expression ouverte, s’entourant d’une hypocrite unité de façade et de tabous mensongers et fermentant dangereusement à l’ombre de la peur et des replis identitaires larvés, subtilement déguisés. Eyadema a pu contenir tout cela grâce au « tacite pacte historique de Solidarité des Populations du Nord » né de la prise de conscience du retard collectif des populations de la Région Nord par rapport à celles du Sud. Il en a assumé la réalité et tiré les conséquences en le traduisant dans les faits à travers sa «politique d’équilibre régional», systématisée et institutionnalisée par la suite par le RPT parti-État dans le principe du «Creuset national», posé comme base de l’unité et de la concorde nationales et de la Paix.

Que sont devenus tous ces braves « aides-de-camp », civils et militaires, du Général-Président et qui ont installé le fils à la place du père ?

Faure Gnassingbé a clairement trahi le pacte de solidarité par l’exclusion et la marginalisation progressives, mais croissantes, des autres groupes ethniques et couches sociales quant à l’accès aux sources du progrès et du bien-être, à tous les niveaux et secteurs de la gestion du pays, au profit quasi-exclusif de l’ethnie Kabyé(et pas de tous les Kabyé!), car même au sein de l’ethnie Kabyé, la grande masse populaire en est exclue au profit d’une toute petite minorité oligarchique, issue du même village, voire de la même famille, repliée égoïstement sur ses hyper privilèges.
Pourtant, la région dans son ensemble continue d’accuser un taux de reproduction sociale négatif en forte croissance; en effet, tous ceux qui forment orgueilleusement aujourd’hui l’Aristocratie oligarchique (politiques, militaires, intellectuels, technocrates, économistes, financiers…etc.), tous sans exception, sont pourtant issus directement de la paysannerie pauvre du Nord et ce, il y a à peine quarante ans! Ils représentent à peine 1 % de l’ensemble de la population de la région! Or, nul n’ignore que si cette solidarité n’avait pas joué en leur faveur, peu d’entre eux seraient parvenus là où ils sont aujourd’hui.

La peur doit changer de camp

C’est bien exactement l’analyse que j’ai faite depuis des années et qui m’a poussé à me présenter à l’élection présidentielle en 2010 : briser enfin le tabou ! Le pouvoir RPT l’a parfaitement compris et c’est la seule raison pour laquelle il ne pouvait pas me laisser aller jusqu’au bout… Mais c’est trop tard, le ver était déjà introduit dans le fruit ! Le PNP, c’est la suite logique de SURSAUT et d’autres viendront encore, jusqu’à ce que ce pouvoir foute le camp et cela arrivera tôt ou tard. La peur a changé de camp : le pouvoir togolais, ses milices et son armée ont désormais PEUR ! Ce n’est que justice…

Les graves conséquences des divisions intra-Nord :

Elles ont détruit les éléments de base de toute solidarité qui justifient l’unité et la cohésion d’une communauté humaine, à savoir la reconnaissance mutuelle à la dignité, au droit à la vie et au bien-être, au travail, à la justice, à l’équité, à la sécurité …etc.

Elles ont engendré les frustrations, les ressentiments, la haine, le rejet …etc., qui empêchent la prise de conscience d’avoir des intérêts communs. Or, c’est cette prise de conscience qui devait cimenter le sentiment d’appartenir à une même communauté, l’unité et justifier en conséquence la mise en commun des énergies et des ressources dans un front commun pour un combat commun.
Elles ont poussé nos populations à rechercher partout où c’était possible, en dépit des obstacles posés par le RPT-UNIR qui les a exclus du bénéfice de l’exercice du pouvoir, des défenseurs et des protecteurs de leurs intérêts légitimes. Car elles désirent ardemment le changement, c.à.d. non pas l’alternance, mais l’Alternative au système RPT-UNIR, et peu importe dès lors, par qui et de quelle manière il adviendra.

En guise de conclusion

« La révolte des gueux » qu’a suscitée le PNP ne s’arrêtera pas ; ne s’arrêtera plus. Car c’est désormais toutes les populations du Nord du Togo qui demandent réparation et justice et RIEN ni aucune force ne pourra s’opposer à leurs justes aspirations : M. Faure Gnassingbé, vous pouvez distribuer autant d’argent que vous voulez pour convoquer, convoyer, habiller, nourrir vos aficionados…vous pouvez tuer autant de vos frères que vous voudrez ; vous pouvez arrêter et jeter dans vos geôles tous les boucs-émissaires que vous vus êtes inventés et que vous avez accusés de « meneurs »…etc.

Tout cela arrive trop tard désormais et même vos soldats refuseront de faire usage de leurs armes contre leurs propres familles.

Oui, la lutte continue et votre seule porte de sortie, c’est la négociation des conditions de votre abdication, et le plus tôt sera le mieux, pour vous-même, pour les populations du Nord et pour le peuple togolais tout entier.

Pour le Mouvement SURSAUT
Le Président,
Kofi Yamgnane 

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