La censure qui vient de l’Occident a cette faculté de vous permet- tre de pouvoir l’anticiper. Quand vous sortez un dossier, vous savez généralement que les médias ne vont pas en parler. Parce qu’il y a un consensus entre les politiques et les médias. Consensus tacite. On a vu, mais on fait comme on n’a pas vu. De toutes les façons, moins on fait la publicité, moins les gens ont la possibilité de savoir qu’il y a quelque chose. Il y a la censure qui consiste à vous at- taquer en diffamation. Parce qu’on considère que vous portez atteinte à l’honneur de quelqu’un qui n’a pas d’honneur en réalité, puisqu’il est trempé dans un dossier. Vous avez trouvé des preuves qui le com- promettent. Donc vous avez la possibilité à tout point de vue de pouvoir gérer et comprendre comment fonctionne cette censure.
On nous disait qu’il y avait des preuves à profusion. Et des preuves accablantes contre Simone Gbagbo, contre tout l’entourage du président Gbagbo. Quand Alassane Ouattara arrive au pouvoir, c’est parce qu’en été, M. Sarkozy avait décidé d’arracher, d’aller extirper Laurent Gbagbo de la présidence de la République. Donc ils n’ont pas eu le temps de cacher les preuves. Tous les crimes que le président Gbagbo a commis ou que son entourage a commis, pourquoi on ne les a pas versés immédiatement à la Cour, pour faciliter la tâche du procureur ? Pourquoi on n’a pas pu obtenir les témoins, les anciens collaborateurs du président. Puisque j’ai cru comprendre qu’un certain nombre d’anciens collabo- rateurs du président Gbagbo a travaillé avec le régime Ouattara. Pourquoi ces gens qui dé- tiennent des preuves ou qui sont des témoins importants ne sont pas appelés à témoigner à charge devant la Cour pénale internationale. C’est une véritable comédie à laquelle on assiste devant cette cour. C’est lamentable pour la communauté internationale, c’est grave pour les vraies victimes. Parce que les vraies victimes de la crise ivoirienne ne savent rien des suspects de la rébellion. Comment voulez-vous établir la justice et la vérité ? Dans une crise qui concerne deux parties, on ne poursuit qu’une partie. Quand vous travaillez sur ce genre de dossier qui met en évidence les forces occidentales, la censure se fait des deux côtés. Vous avez une censure qui vient d’Afrique et une censure qui vient de l’Occident. La censure qui vient de l’Occident, je peux dire qu’elle est facile à gérer, contrairement à ce que l’on pourrait penser.Propos retranscrits par Augustin Kouyo, Benjamin Koré et César Ebrokié
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