Des rendez-vous de l’épouse du président de la république qui auraient été annulés à la dernière minute sans justification, des audiences fermes du chef de l’Etat reportés sine die, la jeune Brenda Anasthasie -la benjamine des enfants du président- qui aurait supplié l’une de ses confidentes de prier pour son père qui va mal, des réunions secrètes de certains apparatchiks inquiets du régime qui auraient eu lieu à l’initiative du ministre de l’Enseignement Supérieur… et des #Ordinateurs PB-HEV 32Gigas =500Gigas, par ailleurs Secrétaire National à la Communication du parti au pouvoir, le RDPC…
Ces « informations » traitées au conditionnel pour des raisons de prudence journalistique apparaissent comme des signes que quelque chose ne va pas au Cameroun où, depuis quelques jours, des informations faisant état de graves difficultés de santé du président Biya, 85 ans, à la tête de l’Etat depuis bientôt 36 ans, circulent, suscitant de vives inquiétudes dans ce pays qui vit une situation politique extrêmement dangereuse, et susceptible d’exploser à tout moment.
Dans un premier temps, beaucoup ont pensé à un canular lancé comme cela par les conseillers en communication du président que l’on sait manipulateurs à souhait, question de le faire resurgir plus tard en bonne santé et de se moquer des crédules qui souhaitent sa disparition, ou de s’attirer un énorme capital de sympathie comme il arrive aux individus dont on a annoncé le faux décès. Manifestement le journal «Afrique News», serait tombé dans ce piège en annonçant le 1er février dernier, le décès de Paul Biya dans des termes qui ne souffraient aucune équivoque : «la disparition inattendue du président camerounais a déclenché une importante vague d’émotion au Cameroun et dans le reste du monde».
On a connu un scénario semblable en 2004, quand des proches de Biya avaient fait courir la nouvelle de sa mort, suscitant de la joie au sein de nombreux Camerounais, en particulier ceux de la diaspora pour qui le chef de l’Etat n’est rien d’autre qu’une « grosse malédiction ». Paul Biya était alors réapparu quelques temps plus tard, lançant à sa descente d’avion un sarcastique « Vous saluez un fantôme ». Puis, dans cette lancée de l’humour caustique, le vrai faux « fantôme » avait défié les Cassandre et autres oiseaux de mauvais augures : « Il paraît qu’il y en a qui s’intéressent à mes funérailles. Eh bien, dites-leur que je leur donne rendez-vous dans une vingtaine d’années ».
Pour les naïfs qui ignoraient tout des tenants et aboutissants de la rumeur sur la mort du grand manitou, celui-ci venait de remporter là une victoire sur ses détracteurs.
Cette fois-ci malheureusement, et quoique le président soit bel et bien vivant -jusqu’à preuve du contraire- les choses semblent plus sérieuses, et l’état de santé du président camerounais serait plus inquiétant que d’ordinaire.
Mais comme d’habitude dans les pays anciennement colonisés ou sous tutelle de la France, c’est l’Hexagone qui serait plus au fait de la situation sanitaire du président camerounais, que les Camerounais eux-mêmes, qui sont censés l’avoir élu, et qui devaient être les premiers à en être informés.
De quoi la France se mêle ? Attention, danger !
C’est ainsi que subodorant le roussi -selon notre confrère Nicolas Beau du site Mondafrique-, Paris aurait organisé rien moins que tout une réunion de son Conseil national de sécurité « compte tenu de l’état de santé préoccupant du président Biya », question « de parer à toute éventualité » relative à la sécurité des intérêts de la France et de ses ressortissants au Cameroun au cas où le président venait à disparaître.
« Le président Macron aurait donné l’ordre au porte-avion Charles de Gaulle de se positionner auprès des côtes camerounaises et d’être prêt à entrer en action. Des mirages, jaguars, hélicoptères et avions furtifs de reconnaissance français se sont prépositionnés sur les bases françaises de Djibouti et du Tchad », écrit-il, non sans ajouter que « Des forces spéciales ont été mobilisées et la plupart des éléments servant dans ces forces ont été priés de rejoindre leurs bases. Le président Macron, très préoccupé par la situation latente de crise au Cameroun a instruit à son Etat-major de lui proposer un plan d’intervention en cas de besoin. ».
Certes l’information est donnée au conditionnel par le journaliste français, qui indique par ailleurs que « Les proches de Biya et ses médecins s’efforcent de tout mettre en œuvre pour qu’il donne signe de vie pour calmer et apaiser les inquiétudes. ». Mais l’on se demande quel sale coup fourré la France se prépare a faire aux Camerounais auxquels elle a toujours préféré ses suppôts néocoloniaux placés à la tête du pays depuis le premier jour de l’indépendance factice. Cette France qui est derrière le hold-up constitutionnel ayant consacré l’avènement de l’Etat unitaire en 1972, qui a donné son onction à l’arrivée au pouvoir en 1982 de paul Biya, qui est accusée d’avoir incité le Nigeria à livrer récemment les leaders du mouvement séparatiste anglophone à leur ennemi juré Paul Biya…, pour n’évoquer que ces quelques cas saillants, serait-elle en train de préparer un autre de ses « soldats » locaux –comme il y en a à foison au Cameroun en particulier et en Afrique francophone en général- pour remplacer Paul Biya en cas d’incapacité définitive de gouverner de celui-ci ? Voilà la question qui trotte dans presque tous les esprits au Cameroun dont la vie politique semble être régentée depuis la nuit des temps par la France.
Une France qui, lâche comme à son habitude, montre à travers cette mobilisation paniquée relayée par Mondafrique qu’elle pense déjà à évacuer ses ressortissants dans la perspective que la situation pourrait dégénérer dans ce pays « ami » seulement bon à traire.
Sauf qu’il y a au tournant une équation avec laquelle Paris devrait composer : les Camerounais, dans leur immense majorité, ne sont plus prêts à laisser n’importe quel trou du cul d’andouille de soi-disant puissance internationale frelatée, leur imposer un autre Biya à la place de l’actuel, protecteur des intérêts de la France, dont ils se battent pour se démêler. C’est l’ignorance de cette donnée primordiale par les dirigeants français qui devrait vraiment inquiéter la France et ses intérêts au Cameroun, et non une disparition physique du président camerounais, qui ne saurait intervenir avant 2024, ceux qui s’intéressent aux funérailles de « l’homme Lion » ayant été priés en 2004 de revenir dans une vingtaine d’années. Autrement, la strophe « Va Debout Et Jaloux De Ta Liberté » de l’hymne national camerounais pourrait se transformer en actes.
En attendant, les Camerounais qui croient que le président Biya a des explications à leur donner sur le pourquoi et le comment il a conduit leur beau pays à la dérive, et souhaitent qu’il vive encore longtemps pour le faire, osent espérer qu’il donnera signe de vie ce samedi soir, 10 février, dans le cadre de son traditionnel discours à l’intention de la jeunesse camerounaise, en prélude à la célébration dimanche de la 53ème édition de la Fête de la Jeunesse .
Ndam Njoya Nzoméné
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