Dialogue, dialogue ! Un dialogue pas comme les autres. Pourquoi en ont-ils si peur ? [Par Samari Tchadjobo]

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Habitués à régner dans l´arrogance et le mépris, rêvant même d´un pouvoir à vie, Faure Gnassingbé et ses complices sont d´autant plus surpris par le réveil du peuple togolais bâillonné. Aveuglés par le pouvoir, ils ont oublié qu´un peuple peut se plier, se soumettre pendant des décennies à toutes sortes d´abus émanant d´un régime de dictature, mais cette fibre révolutionnaire étouffée, mais toujours enfouie quelque part , finira un jour par exploser.

À tavers l´histoire contemporaine les exemples où des régimes dictatoriaux ont couvert leurs peuples d´une chape de plomd terrible pendant longtemps, sont légion. Pas moins nombreux sont également les exemples où des dictatures ont fini par tomber malgré la terreur, malgré l´arbitraire, quand les peuples ont pris conscience et se sont se levés.

Le dernier dictateur le la RDA (République Démocratique Allemande) Erich Honecker disait au début de l´année 1989, parlant du mur de Berlin: « die Mauer steht 50 und auch noch 100 Jahre » (le mur sera encore là dans 50 et 100 ans. ») Dix mois plus tard, en novembre 1989, en même temps que le mur s´écroula, Erich Honecker tomba. En politique on peut se tromper et tout peut aller très vite.

Et c´est pourquoi le mouvement révolutionnaire déclenché le 19 août 2017 par le peuple togolais risque d´emporter le régime de dictature des Gnassingbé. Tous les ingrédients sont réunis pour que cette fois-ci les efforts des togolais pour se libérer ne restent pas vains.
Les déclarations et agissements maladroits des uns et des autres au sein de cette méchante minorité de pilleurs et de tueurs trahissent la fébrilité, la nervosité et surtout montrent des signes avant-coureurs d´une fin de règne.

Du côté de l´opposition les mentalités semblent avoir évolué. Depuis le 19 août 2017 et depuis la main tendue par Tikpi Atchadam au chef de file de l´opposition Jean-Pierre Fabre, et la constitution d´une coalition de 14 partis, l´opposition parle désormais d´une voix. Même de vieux briscards de l´opposition togolaise comme Yaovi Agboyibo, taxés à tort ou à raison dans un passé récent de fossoyeurs de la lutte, ont repris du service et semblent cette fois-ci résister aux sirènes maléfiques de la part du pouvoir.

Nulle part au monde et surtout en politique il n´y a pas et il n´y aura jamais de regroupement sans dissension ou points de vue contraires; surtout dans cette situation de combat inégal entre David et Goliath, où une opposition togolaise sans grands moyens essaie d´affronter une dictature nantie de tous les moyens d´état, exerçant sur son peuple une méchanceté sans pareille sur le continent. Maniant donc le bâton et la carotte selon la nature du danger qui pourrait lui porter ombrage, le pouvoir des Gnassingbé est tel qu´il est impossible à une opposition d´engrager des succès.
Aujourd´hui, poussés par le réveil du peuple, dont la détermination semble avoir atteint un point de non-retour, les leaders au sein de la coalition semblent avoir enfin compris les enjeux, et ceux d´entre eux qui seraient tentés, par ego, par jalousie ou par simple recherche de l´intérêt personnel, par une aventure qui affaiblirait l´union, réfléchiraient par deux fois avant de faire le pas.
Si la lutte contre la dictature depuis 1990 a connu un tel tâtonnement jusqu´à aujourd´hui, c´est en partie dû aux querelles de chapelle, aux ego et à la recherche des intérêts personnels. La scission de l´opposition en deux, entre „modérés“ et „radicaux“ avait servi de brèche aux tenants de l´ordre ancien pour corrompre et débaucher des „opposants“ afin d´affaiblir la lutte. Aujourd´hui il n´y a qu´une opposition unie derrière le peuple pour mener le dernier combat libérateur, et aucune faute n´est permise, car la dernière cartouche qu´il nous reste, doit faire mouche.

Au début de septembre 2017 la naissance de la coalition des 14 partis de l´opposition fut acceuillie de la part du régime de Faure Gnassingbé par des moqueries. « Ils sont si différents pour que le mariage dure. » C´était à peu près de cette manière qu´ils prédisaient l´éclatement de la coalition pour pouvoir reprendre la main. Aujourd´hui, 7 mois après, non seulement la coalition est toujors là, mais sa solidité s´est encore renforcée et les manifestations de rue pour les réformes politiques qu´elle organise sont de plus en plus suivies. Le brassage de toutes les ethnies du Togo à travers ces manifestations est plus qu´une réalité. Ce ne sont pas des manifestants du Sud qui cherchent à chasser du pouvoir leurs frères du Nord ou vice-versa. D´ailleurs ceci n´a jamais existé. Ce sont des Togolais tout court qui demandent des réformes sincères pour que la minorité rende le Togo à la majorité et à la minorité, comme dirait Tikpi Atchadam.

Quand il arrive au régime de dictature décrié de Faure Gnassingbé d´envoyer ses ministres pour jouer leur maladroite et dangereuse comédie en accusant injustement Atchadam de djihadisme et d´avoir fait tuer des militaires à Sokodé, c´est d´une voix et comme un seul homme que des chefs de partis de la coalition font le tour des medias pour défendre leur ami politique et clouer le bec à ceux qui, par leurs mensonges, ne méritent pas la fonction de ministres qu´ils occupent. Du jamais vu de mémoire de togolais.

C´est cette union jamais réalisée de l´opposition togolaise qui fait peur autour de Faure Gnassingbé. Il y a panique en la demeure! Une panique qui risque de se muer en quelques jours ou semaines en débandade.

Leurs maladroites et éhontées tentatives pour isoler et diaboliser l´homme par qui tout a commencé, ont lamentablement échoué. Mais malgré leur jusqu´au-boutisme et surtout leur méchanceté, nous espérons qu´il leur reste quelques brins d´humanité et d´amour pour ce peuple qu´ils ont tant méprisé, pour profiter de la dernière chance qui leur est offerte pour faire amende honorable.

Le prochain dialogue opposition-pouvoir qui s´annonce pour commencer le 15 février 2018 doit être celui de la dernière chance. Et si Faure Gnassingbé et son entourage traînent les pas parce qu´ils en ont peur, c´est que ces pourparlers ne seront pas comme les autres. Ils seront ceux de la vérité.

C´est connu, un dictateur n´organise jamais d´élections s´il n´est pas sûr d´avoir mis tout en oeuvre pour truquer et « gagner ». C´est la même chose pour ce dialogue après des décennies de crise politique avec son corollaire d´élections volées, d´assassinats politiques, de dialogues et d´accords signés, mais jamais respectés.

La détermination des populations togolaises du nord au sud, de l´est à l´ouest suivie de celle des leaders de la coalition de l´opposition risque d´être le facteur qui sera décisif et qui fera en sorte que cette fois-ci leurs recettes retrogrades grâce auxquelles ils se sont accrochés au pouvoir malgré le rejet massif du peuple, ne marcheront plus.

Tous les Togolais de l´intérieur et de la diaspora retiennent leur souffle en attendant que le dialogue commence.

Faure Gnassingbé saura-t-il enfin recourir à la raison pour au moins sortir par une porte moins petite? Ou continuera-t-il à ruser et préférer le chaos pour le Togo?

Wait and see!!!!

Samari Tchadjobo
Allemagne

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