Passport pour la lumière. Voici le bout de papier comme burkinabè de Ouattara qui a décimé les Ivoiriens !

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Depuis quelques jours circule sur le net une copie du passeport de notre très cher Alassane Ouattara, installé de force par la France avec la caution de  la communauté internationale, et installé en grande pompe le 21 mai 2011 à Yamoussoukro. La grande chancelière aussi faisait ses premiers pas ce jour-là, toute émue de saluer le nouveau « préfet » (sic !) de la françafrique.

Passeport ivoirien? Non. Passeport français? Cela se pourrait, puisqu’il a passé plus de trois mois en France depuis son investiture.

Ici nous sommes devant un passeport burkinabé, peut-être un faux, puisque la commission statuant sur son éligibilité en octobre 2000 ne le mentionnait pas, à moins qu’elle n’en ait pas eu connaissance… Peu importe, l’observation étant toujours pédagogique, poursuivons notre analyse du spécimen, ne serait-ce que pour arracher quelques instants à leur chagrin les Ivoiriens éplorés devant l’image de  leur président recroquevillé au fond d’un lit d’hôpital, suite à une opération au nom de code  « sciatique », alors que le cher homme se démène depuis sa prise de pouvoir, afin d’obtenir la gratuité des soins pour les plus démunis, et une meilleure prise en charge pour les autres, avec le souci d’une qualité de soins se rapprochant de celle des pays occidentaux. N’oublions pas que l’année 2013 avait été déclarée année de la santé et de la qualité de la vie : merci donc à Ouattara pour ces avancées significatives, les mamans pouvant accoucher maintenant à même le sol, sans avoir à s’encombrer de draps propres inutiles; les soins prodigués dans les infirmeries carcérales ont permis à tous les blessés des fusillades de la Maca d’être soignés, bichonnés, retapés. Aucun décès à déplorer, hormis trois accidentés de la route accueillis en urgence, et que l’équipe médicale de la prison n’a pas réussi à ranimer… Évitons donc de spéculer sur la « sciatique » qui retient notre président bien-aimé loin des siens, l’obligeant à remettre aux calendes la suite de son voyage  préélectoral dans le pays. Souhaitons que cette opération mystérieuse lui ait redonné la mobilité des muscles du visage, notamment ceux qui commandent l’expression sincère de la bonté du cœur, assurément la plus belle carte de visite de l’être humain.

A première lecture nous constatons que l’actuel président ivoirien est né au Burkina Faso, près de Ouagadougou, le 13 décembre 1941… Ce passeport établi en mai 1989 en fait bien un citoyen burkinabé −ou voltaïque− de naissance. Mais à la date où le passeport est délivré, le quidam a déjà 48 ans : il ne vient donc pas d’être adopté ou reconnu par un papa ou une maman de là bas. Il fut donc un temps, pas si lointain, où il n’avait pas honte d’être un « mossi », d’appartenir à cette terre de Haute-Volta à laquelle Thomas Sankara donna son nouveau nom : « le pays des hommes intègres ».

L’intégrité a Malheureusement plié bagage lors de l’assassinat de Thomas par Blaise Campaoré, son compagnon et collaborateur, retourné par les Français pour devenir ce préfet inamovible – jusque-là tout au moins -, de leur pré carré. Grand ami et protecteur de Dramane, il aidera la France à feindre la non-ingérence dans les affaires ivoiriennes, en passant par le canal de son obligé Blaise, maître absolu du Burkina Faso. Par la suite, le général Emmanuel Beth, ambassadeur plénipotentiaire à Ouaga du 25 août 2010 au 25 août 2013, aidera beaucoup son homologue en Côte d’Ivoire, Jean-Marc Simon, barbouze au col plus blanc, à faire son travail de préparation de l’événement médiatique majeur : la nomination d’Allassane Dramane Ouattara à la tête des destinées de la Côte d’Ivoire.

Les déboires du beau Blaise −qui ne peut pas plus s’arranger avec l’article 37 de la Constitution de « son » Burkina Faso comme il l’aurait voulu−, ont dû également peser sur les problèmes de santé de l’homme fort de la Côte d’Ivoire. Aux dernières Informations, nous apprenons que tout le gratin officiel se serait retrouvé à son chevet. Hamed Bakayoko, qui pilotait déjà en solo, ou presque, le bateau ivoire, a dû se priver du bonheur de participer au congrès des Francs-maçons pour se rendre au chevet du patron. Quant à Soro Guillaume, il a lui aussi quitté précipitamment le Maghreb, de peur que le copain Hambak ne le double sur le fil en s’arrangeant tout seul avec les Français. N’était l’étrangeté des lieux, on se croirait à l’aéroport d’Abidjan, lors d’un de ces innombrables atterrissages ou décollages où la cour au grand complet se tient sur le tarmac, de part et d’autre du tapis rouge pour entourer le Boss… Les nouvelles sont rassurantes, « il va bien, il récupère » et madame Ouattara de ses contenter de publier sur FB, des mondanités rassurantes dans le cadre de ses engagements contre l’excision des petites filles…

Mais revenons au passeport. Il ne nous dira rien sur la filiation de son propriétaire. Nous savons seulement, grâce aux investigations de la commission d’éligibilité, que sa mère ne porte pas le même nom sur les deux certificats de naissance examinés. Alassane n’aurait donc pas eu deux épouses, mais serait né de deux mères, ce qui vous en conviendrez, est assez exceptionnel et contribue à alimenter la légende de l’Empereur de Kong. Il est malheureusement trop tard aujourd’hui pour qu’un Salomon vienne départager ces dames à la manière d’un « jugement » resté fameux.

Sur ses papiers officiels ivoiriens, Alassane Ouattara est « né le 1er janvier 1942, à Dimbokro », nous révèle Wikipédia. Pourtant si vous cliquez avec votre souris sur la date, vous découvrez un grand point d’interrogation, même dans la version officielle. Ce qui ne l’a pas empêché cette année, à l’occasion de ses supposés 72 ans, de recevoir la visite de ses chers amis Nicolas et Carla, venus par la mer pour une visite voulue « incognito »…

Pourquoi donc Dramane a t-il décidé de se faire naître un premier janvier ?  Il est vrai que faire coïncider son anniversaire avec le passage d’une année à une autre, et voir associé son nom à celui d’un pape, 33ème de la liste, Saint Sylvestre, cela présente mieux que de se poser en bénéficiaire des largesses de la sainte du 13 décembre –date figurant sur le passeport burkinabé−, sainte Lucie. Quoique, en y réfléchissant, Lucie n’est-elle pas logiquement à la fois sa patronne et la protectrice d’Abidjan, capitale des Lumières aux dires des « frères » du même nom ?… Quant à Saint-Sylvestre, mort dans son lit après un pontificat d’à peine deux ans, « béatifiable » pour avoir ressuscité un taureau et combattu un dragon, il aurait aussi, d’après une légende médiévale tardive, guéri de sa lèpre l’empereur Constantin, avant que celui-ci ne fasse du christianisme, en l’imposant à tout l’empire, une religion de béton, héritière inavouable du culte de son dieu Mithra. Autre point commun avec Dramane : courageux, mais non téméraire, appelé à sanctifier le nom de D.ieu, mais pas au point de choisir le martyre, le pape Sylvestre, fuyant la persécution, s’est caché dans une caverne. Cela nous rappelle-t-il pas certains épisodes dramatiques d’un Ado sauteur de clôtures pour se réfugier dans une ambassade étrangère, ou passager clandestin d’un taxi-blindé 100% militaire de la Licorne et de l’Onuci ?

Ou bien, le choix du 1er janvier aurait-il un lien avec la grande « sœur » du FMI, née ce jour-là, Christine Lagarde ? Elle qui, en retransmission directe lors du forum ICI 2014, était encore intervenue pour lui sauver la mise en évoquant devant quelques investisseurs échaudés, l’essor fulgurant de la Côte d’Ivoire de Ouattara…

Autre hypothèse : depuis 1968, à l’initiative du pape Paul VI, cette date est retenue comme la journée mondiale de la paix. Est-ce cette considération qui a ému l’héritier autoproclamé d’Houphouët Boigny ?

Et puis, Saint Sylvestre, c’est avant les 12 coups de minuit… Ensuite, comme dans l’histoire de Cendrillon, on ne sait pas comment le bal s’est terminé… Le 1er janvier, on ne sait plus trop à quel saint se vouer : homme ? Femme ? C’est la Vierge Marie qui arrive en tête, suivie de quelques autres candidats; je n’en retiendrai que sainte Euphrosyne, alias Émeraude, cette pierre dont la valeur peut dépasser celle du diamant, et comme telle au plus près des convictions du couple Ouattara. Relevons au passage l’ironie de ce vert Emeraude, vert du Faso, vert de la Côte d’Ivoire. Brutus Blaise a assassiné son père, tout en gardant le drapeau symbole « formé de deux bandes horizontale, une rouge au-dessus et une verte au-dessous. Au milieu se trouve une étoile jaune à cinq branches. Le rouge représente la couleur de la révolution socialiste et le vert la richesse agricole du Burkina Faso. La couleur jaune de l’étoile représente la lumière qui guide la révolution ». Quoiqu’ils fassent, la cupidité finira toujours pas céder devant la vérité.

Alors Ouattara, éligible ou non? Question dérisoire, au vu de ce vieil homme sur son lit d’hôpital, seul face à lui-même, enfin dépouillé de son costume trois pièces façon communauté internationale. L’heure est venue pou lui  de faire le bilan de sa vie : oui, il aura gagné beaucoup d’argent; oui, il aura enrichi une épouse, une rébellion, la France et la meute gloutonne de quelques affairistes sans foi ni loi; enfin oui, il aura été est l’ami de Nicolas Sarkozy… Autant d’enfants, de beaux enfants prêts à reprendre l’héritage!

En attendant que son retour soit envisageable, les siens défilent, tout sourire derrière leur anxiété, car pour l’instant son avenir est aussi le leur. Mais quel bilan authentique pourrait-il sortira du flot de paroles doucereuses prononcées par son entourage ? Tout çà pour çà ? Tous ces milliers de morts, de disparus, d’exilés, d’affamés, d’orphelins, de veuves, de malades, toutes ces vies brisées, ces destins fauchés, depuis plus de 10 ans déjà. Un pays en ruine, une économie en ruine. Tout cela en moins de trois ans de règne… Jusqu’à la fin les bourreaux de la nation affirmeront qu’ils n’ont voulu que le bonheur de leur chère Côte d’Ivoire, qu’ils ne comprennent pas pourquoi Gbagbo s’est cramponné de la sorte, en s’opposant si catégoriquement au verdict des urnes, alors que lui Ouattara avait la légitimité internationale avec lui…

Que va-t-il sortir de tout cela ? 2015 paraît bien loin maintenant; il faut d’abord que le malade recouvre ne serait-ce qu’un semblant de santé. Et ce ne sont pas quelques communiqués diplomatiquement optimistes qui le remettront sur pied. Cet homme en mal d’amour qui a pu se croire plébiscité pour ses connaissances, son intelligence, son carnet d’adresses, combien de temps encore sera-t-il courtisé ? Juste le temps de lui trouver un remplaçant, tout aussi servile, tout aussi (in)efficace, mais aux bagages de rébellion moins lourds, moins chargé de crimes, plus neutre, extrait si possible du camp des victimes : ce sera quelqu’un qui aura beaucoup pleuré, mais que les grands patrons sauront consoler par leurs petits cadeaux, leurs compliments, « On s’est trompé sur Ouattara, c’est sur vous que nous aurions dû miser… Nous comptons sur vous, nous allons vous aider » « Vous ferez dans le social comme Mr Obama, nous nous chargerons du reste, nous vous aiderons à vous débarrasser des FRCI, des com’zones encombrants, quant aux amis de l’Historien emprisonné pour un bon bout de temps encore, laissez-nous faire le ménage, concocter quelques accidents, quelques maladies, quelques vraies fausses implications dans des coups d’état. » « Rassurez-vous, le compteur restera bloqué sur 3 mille morts, les « autres » seront des Burkinabés et des Maliens qui ne voulaient pas rentrer chez eux… »

Bien sûr, tout ceci n’est qu’une fiction, une de plus imaginée par ces Blancs qui vous veulent du bien. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la plupart des occidentaux ne livrent bataille que par le truchement de jeux vidéo où le héros, fort de plusieurs vies ne meurt jamais. Sur les théâtres d’opérations, les vrais soldats ne sont plus les appelés du contingent; ce sont des salariés, serviteurs de la paix côté jardin, mais côté cour, mercenaires à leur insu de décideurs invisibles, condamnés au silence quant aux dessous peu glorieux et souvent traumatisants de l’ingérence humanitaire et du sauvetage des civils.

N’en doutons pas, l’après Ouattara a déjà été pensé, prévu, organisé. Mais pour les Ivoiriens, les Africains, ce qui se joue en coulisses n’a malheureusement rien d’une fiction informatique pour accros désœuvrés : c’est leur vie; c’est leur avenir, et ils n’en ont qu’un. Le développement virtuel, très peu pour eux; ce n’est pas une « émergence 2020 » pensée dans les bureaux capitonnés des affameurs de la planète qui va les nourrir; les femmes ne pilent pas le béton des chantiers pour préparer leurs plats. Le bateau ivoire ne rapporte pas de poissons dans ses filets. Les disparus sont bien disparus, et les enfants d’aujourd’hui restent le bien le plus cher. A défaut de pouvoir remonter le cours du temps pour redonner vie aux foules des morts, qu’au moins l’avenir ait un sens pour tous les rescapés, pour les jeunes, pour les enfants.

Face à des occidentaux concevant l’Afrique comme leur dernier Eldorado, les Ivoiriens ne se contenteront plus des miettes laissées par ceux qui ont tout dilapidé. Ils veulent la vie qui leur revient, une vie bâtie sur le refus du compromis, le refus des pots de vins, le refus des rattrapages quels qu’ils soient. Une vie où enfin tout sera possible : vivre de son travail, se marier et fonder une famille sans trembler pour demain; voir le pays se développer, produire sa propre électricité, revendre son propre chocolat à des Français dont c’est devenu la drogue; retrouver le goût du poulet bicyclette. Est-ce trop demander à ces européens entrés de force et installés en maîtres, de repartir maintenant et de refermer la porte derrière eux : les Ivoiriens, les Africains n’ont que trop senti se prolonger dans leur bouche le goût du pain de l’esclavage. Il est temps de refermer définitivement la parenthèse coloniale, et si les matons de cette moderne Égypte ne veulent pas le comprendre, ils le comprendront à leurs dépens. La manifestation pour soutenir et encourager le FPI le 23 février à l’Espace Ficgayo de Yopougon nous donnera la température ambiante. Si le gouvernement peut empêcher des manifestations de moyenne envergure, pourra-t-il endiguer une marée humaine comme celle qui a manifesté son soutien à l’appel de Blé Goudé les 15/16mars 2011 ? Il semble que les Ivoiriens n’ont plus peur des monstres. Auront-ils le courage d’affronter ce jour-là leurs gardes-chiourmes ? Affi N’Guessan et ses amis auront-ils suffisamment de foi et de charisme pour arracher le peuple à Pharaon et ses ténèbres ? Tout est possible. En attendant, que chacun s’examine et se prépare en son âme et conscience à marcher vers son destin : celui d’un peuple libre sur une terre libérée.

Shlomit Abel, 11 février 2014

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