Panama Papers : Le pétrole du Congo détourné par la famille Nguesso

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Récemment réélu à l’issue d’élections plus contestées qu’opaques, le Président congolais Denis Sassou Nguesso voit de nouveau son nom associé à un scandale financier de portée mondiale. Selon les dernières révélations des Panama Papers, la « dynastie » Nguesso confisque une partie de la rente pétrolière congolaise via des sociétés offshores domiciliées dans plusieurs paradis fiscaux.

Le Congo-Brazzaville est l’un des pays d’Afrique qui détient le plus de richesses dans son sous-sol. L’exploitation de son pétrole assure 75% des revenus de l’État et pourtant plus de la moitié des congolais vit toujours sous le seuil de pauvreté. Rien d’étonnant si on se fie au dernier scandale impliquant la famille dirigeante, au pouvoir depuis plus de 30 ans. En effet, selon les révélations de nos confrères du quotidien Le Monde ainsi que 108 autres rédactions de 76 pays, les Nguesso blanchissent une bonne partie des revenus issus du pétrole via des intermédiaires comme Lucien Ebata, 47 ans et proche ami de Denis-Christel Sassou Nguesso, le fils du Président congolais.

Les dirigeants de Forbes Afrique impliqués

Lucien Ebata, trader pétrolier congolais, est également le fondateur et PDG du magazine Forbes Afrique, toujours élogieux à l’égard du régime de Sassou. L’homme a fondé en 2004 la société Orion Oil, établie en Suisse et immatriculée au Seychelles depuis 2009 par la firme Mossack Fonseca. Par ailleurs, l’associé d’Ebata, Philippe Chironi, un français vivant en Suisse, est dans le viseur de la justice française dans l’enquête sur les biens mal acquis. Le cofondateur d’Orion Oil et administrateur de la société Forbes Afrique Media Holding est soupçonné « d’avoir participé à des opérations de blanchiment de détournement de fonds public au profit de la famille Sassou-Nguesso ». Orion Oil est spécialisée dans le commerce physique de pétrole brut et de produits raffinés (diesel, fuel). Elle compte parmi ses clients la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), dont Denis Christel Sassou-Nguesso, est directeur général adjoint. La SNPC a été crée par des proches du clan Sassou lorsque ce dernier est revenu au pouvoir en 1998 à la fin de la guerre civile. Parmi eux, Bruno Jean Richard Itoua, actuel ministre de la recherche scientifique qui a été mêlé à d’importants détournements de fonds via des sociétés fictives, selon une enquête de la Cour fédérale américaine. Les documents révélés par les Panama Papers l’impliquent également dans la direction de deux sociétés, Denvest Capital Strategies et Grafin Associated SA, enregistrées par Mossack Fonseca au Panama et aux îles Vierges britanniques.

Denis-Christel Sassou Nguesso, le dénominateur commun

Selon les Panama Papers, le fils du président a mandaté Mossack Fonseca dans les années 2010 pour créer une société domiciliée aux îles Vierges britanniques, la Phoenix Best Finance Ltd. Denis-Christel Sassou Nguesso, par ailleurs député au parlement congolais, est aussi dirigeant de l’unique raffinerie du pays, la Congolaise de raffinage (Coraf), en plus de sa position à la tête de la SNPC. Il serait en relation directe avec une nouvelle génération de négociants en pétrole et consent à les laisser s’enrichir par les commissions perçues sur chaque transaction. Contacté à Brazzaville par Le Monde, il nie en bloc : « Je ne connais ni Mossack Fonseca ni Phoenix, ni ces traders [de pétrole congolais]soi-disant proches de moi. » Pourtant, son nom apparaît dans des documents de Mossack Fonseca à côté de celui du négociant de pétrole Jean-Philippe Amvame Ndong, fondateur de la société de négoce Philia SA. Selon l’ONG suisse La Déclaration de Berne, Philia SA aurait bénéficié de contrats avantageux pour acheter aux sociétés publiques congolaises des produits pétroliers à des prix inférieurs à ceux du marché.

Marie-Hélène Sylva

 

 

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