Panama Papers ou les documents de Panama! Sont une fuite d’environ 11,5 millions de documents confidentiels qui fournissent des informations sur plus de 214.000 sociétés offshore cotées par l’entreprise Panamienne Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore. Ce cabinet d’avocats a aussi révélé l’identité des actionnaires et des administrateurs de ces sociétés.
2,6 Téraoctets de Documents d’Archives
D’après les médias occidentaux, ce cabinet aurait créé ces centaines de milliers d’entités offshores entre 1977 et 2015. Cette voie de la triche a permis de masquer l’identité de leurs propriétaires dans 21 paradis fiscaux différents. Au total, 140 responsables politiques, dont douze chefs d’Etat et de gouvernement anciens ou actuels, sont cités dans les documents. Pour le traitement et analyse de ces 2,6 téraoctets de documents d’archives, environ 400 journalistes de 107 organisations de médias dans plus de 80 pays s’y sont penchés.
Les documents compilés avaient été fournis par une source anonyme en Août 2015 au quotidien Munichois Süddeutsche Zeitung qui n’a pas l’intention selon son rédacteur en chef, Wolfgang Krach de transmettre les fichiers dont il dispose aux autorités Allemandes. Ceci afin de ne pas mettre en danger la vie de son informateur. Pour justifier cette décision, il a déclaré, “Si nous cessons de protéger nos informateurs, le journalisme d’investigation cessera d’exister. Et alors, la deuxième partie des documents Panaméens ne verra jamais le jour.” En effet, ces archives n’ont pas livré tous leurs secrets. Le traitement n’est encore qu’en cours. Une liste complète des entreprises concernées par les évasions fiscales pourrait être rendue au début de Mai 2016. Si le tri est bien fait et la pression hors-jeu. Ce qui est peu sûr.
Encore Poutine
Le président Russe Vladimir Poutine depuis le scandale de Panama Papers est à la Une de la presque totalité des médias occidentaux. Selon ces media, le chef de l’Etat russe en personne et son entourage sont liés au scandale.
Des titres accusateurs des articles l’accablent mais ne traitent en réalité que de ses amis présumés. Dans la sphère médiatique Française, Le Monde titre, “‘Panama Papers’: la finance offshore, ‘machine à cash’ du clan Poutine” et poursuit “Vladimir Poutine et son entourage sont depuis longtemps suspectés d’être à la tête d’une vraie fortune, abritée derrière des montages sophistiqués dans les paradis fiscaux: les câbles diplomatiques Américains, révélés en 2010 par WikiLeaks, évoquaient déjà ses ‘actifs secrets détenus à l’étranger’ par le biais de prête-noms.” Ou encore “Rossia, ‘la banque des copains’ de Vladimir Poutine.”
BFMTV s’aligne par ce titre. “Panama Papers: l’immense fortune cachée de Vladimir Poutine.” Elle développe. “Vladimir Poutine aurait sorti de Russie des centaines de millions d’euros en les faisant transiter par le Panama.” L’Obs écrit, “Les documents de la société Panaméenne Mossack Fonseca révèlent qu’au moins sept sociétés offshore gérées par Bank Rossia sont liées à Sergueï Roldouguine, un vieil ami du président Russe.” Cette affaire de gros sous intéresse Europe1 pour qui “Poutine et ses copains millionnaires [sont]au cœur des ‘Panama Papers.’” Libération, comme à son habitude ne vole pas haut. Il mentionne, “Les ‘Panama Papers’ ont levé encore un peu plus le voile sur la fortune du président Russe, ses montages financiers dans les Caraïbes et, surtout, ses hommes de confiance, à commencer par son ami d’enfance Sergueï Roldouguine.” Le Vif parle du “violoncelliste qui gère les comptes offshore du clan Poutine.”
Les Echos pour qui “l’onde de choc s’est répandue en quelques heures,” croient savoir que “des proches de Vladimir Poutine [sont]impliqués par les révélations sans précédent des ‘Panama Papers”. Francetv info sous le titre « La fortune offshore de Poutine, un dossier relancé par les « Panama Papers » pose une question-affirmation qui révèle ses intentions accusatrices. « Le serpent de mer de la fortune de Vladimir Poutine se cachait-il (aussi) au Panama? ». Se demande-t-elle vicieusement. RTL établit un lien entre Poutine, sa fille, son ami, et le système dans son intitulé, « Panama Papers »: Vladimir Poutine, sa fille Ekaterina Tikhonova, son ami Sergueï Roldouguine… Le pouvoir russe au cœur du scandale.” Avant d’informer que “Les personnalités russes et organismes concernés par ces révélations gravitent avec une grande proximité autour de Vladimir Poutine.”
Les media Allemand et anglo-saxon ne sont pas en reste. Pour Reuters, pas aucun doute. “Vladimir Poutine est impliqué dans le scandale d’ampleur inédite des ‘Panama Papers.’” Le quotidien Américain Times établit une connexion entre “l’entourage de Poutine avec des comptes offshore de deux milliards de dollars.”
Acharnement Expliqué
A part ces titres sensationnels, les photos chocs, quelques lignes dans le corps des articles, les commentaires et analyses, ont fait du président Poutine le personnage central du scandale de la finance offshore. Ce que dénonce Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, pour qui, “bien que Vladimir Poutine n’y figure pas expressément et que d’autres pays et leaders soient, eux, impliqués, il est évident que la principale cible des publications est ‘Poutine,’ surtout dans le contexte des élections parlementaires à venir… et des élections présidentielles dans deux ans… Ainsi que, globalement, la stabilité politique dans notre pays.” Donc cette campagne “cible le public intérieur,” Russe afin de créer les conditions de déstabilisation de leur pays.
En fait, la croisade de calomnie occidentale contre Poutine n’a jamais cessé depuis qu’il a mis au pas les oligarques qui avaient volé presque tous les biens publics et dont certains s’apprêtaient à les brader à des sociétés Américaines. Les victoires diplomatiques et/ou militaires Russes en Ukraine et en Syrie, le retournement magistral des sanctions Européennes contre les populations de l’UE, sont autant de raisons qui poussent l’occident à vouloir saper la stabilité de la Russie.
On comprend pourquoi ces media sont muets au sujet des leaders politiques comme le président Ukrainien Piotr Porochenko, le chef de l’Etat des Emirats Arabes Unis et l’émir d’Abu Dhabi, Khalifa bin Zayed bin Sultan Al Nahyan, et la première famille d’Azerbaïdjan. Ce silence couvre surtout Ian Cameron le père du premier ministre Britannique David Cameron, lui-même détenteur d’une participation dans une société créée dans un paradis fiscal par son père Ian. Silence de plomb aussi sur les activités maffieuses de l’ancien ministre du budget Français Jérôme Cahuzac, ou de la sœur de l’ancien roi d’Espagne Pilar de Bourbonne.
Le Monde Complice des Offshoriens
Dans le style qui est le leur, ces media ont jeté en pâture le Front National. Confondant à dessein les actes des individus et le parti. “Un grand parti politique Français y est impliqué” disait le rédacteur chef du Le Monde. En fait, de “parti politique impliqué,” il s’agit de deux proches de Marine Le Pen, qui sont concernés pour avoir investi la somme de 316.000 Euros-Seulement-dans une société basée en Asie. Argent qui aurait servi par la suite à investir dans une autre société au Luxembourg. Entre les deux transactions, une holding au Panama.
Obstination politique démesurée injustifiée dans la mesure où à côté de ces miettes, “le trésorier de campagne de Hollande a aussi investi non des centaines de milles d’euros, mais des millions, voire des dizaines de millions d’euros” en suivant le même schéma. Curieuse contradiction du Le Monde qui “dénonce mais ne relève rien de délictueux ni trace de blanchiment, ni preuve d’évasion fiscal contre le Front National-FN.”
S’accrocher à la seule ceinture du FN cacherait bien de choses quand L’Alsace pense que le scandale du Panama Papers constitue un “Tsunami de boue” dont les chiffres révélés “rien que dans l’Hexagone, donnent le tournis” d’après L’Est Républicain. L’accusation sélective du Le Monde le met sur le même palier que “tous les petits malins qui, selon La Presse de la Manche se croyaient à l’abri, à l’autre bout du monde.” Alors qu’en traquant tous ces tricheurs, ce quotidien corrompu dit de référence, aurait donné à Bercy selon Ouest-France « une occasion inespérée de remplir, les caisses, vides, de l’Etat ».
Le Monde, borgne dans ses révélations justifie son appartenance au monde opaque et parallèle des puissants. Et navigue en toute impunité dans la même barque que ceux qui, s’ils “avaient consenti à prendre part à l’effort national, de nombreux déficits publics seraient comblés, de nombreux programmes sociaux seraient plus aboutis? Et l’imposition serait peut-être aussi moins forte,” comme le pense La Nouvelle République du Centre-ouest.
Gbagbo dans Panama Papers
La firme Panaméenne Mossack Fonseca, chargée de créer et domicilier des sociétés basées dans des paradis fiscaux a parmi ses clients des Africains. Des personnalités politiques. Bruno Jean-Richard Itoua, ancien ministre de l’Energie et de l’Hydraulique et actuel ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation technique du Congo-Brazzaville; Abdeslam Bouchouareb, député et ministre Algérien de l’Industrie et des Mines; José Maria Botelho de Vasconcelos, ministre Angolais du Pétrole; Jaynet Désirée Kabila Kyungu, députée et sœur jumelle de Joseph Kabila, président de la RDC; Kalpana Rawal, vice-présidente de la Cour suprême du Kenya; le général de brigade Emmanuel Ndahiro, directeur de l’agence Rwandaise de renseignement de 2004 à 2011; et les Sénégalais Pape Mamadou Pouye et Karim Wade, fils du despote Abdoulaye Wade, déjà condamnés au Sénégal.
Aucune personnalité politique Africaine de premier plan ne figure dans ces archives de Mossack Fonseca. Mais Jeune Afrique a la tournure qu’il faut pour les rapprocher du lieu du crime. Elle accuse. “Des responsables Africains sont également cités, même si aucun chef d’Etat en exercice ne l’est personnellement.” Formule simple et subtile qui sous-entend que “si ce ne sont pas eux, ce sont leurs proches.” Parmi ces proches, il cite, Clive Khulubuse Zuma, neveu du président Sud-Africain Jacob Zuma; Mamadi Touré, l’une des épouses du defunt president Guinéen Lansana Conté; Mounir Majidi, le secrétaire particulier du roi du Maroc; Alaa Moubarak et John Addo Kufuor respectivement, les fils aînés des anciens présidents Egyptien Hosni Moubarak et Ghanéen John Kufuor.
Mais un nom manque à l’appel. Celui de Laurent Gbagbo, le président Ivoirien incarcéré à La Haye. Jeune Afrique trouve le moyen de l’impliquer dans le coup. Il écrit “Jean-Claude N’Da Ametchi, banquier, ancien proche du président Laurent Gbagbo et aujourd’hui proche de Charles Konan Banny détiendrait selon les documents du ICIJ, des actifs dans une société offshore et un compte à Monaco.”
Accuser le président Gbagbo était prévisible. A la CPI, l’équipe du couple Bensouda-Mc Donald est en difficulté et la justice de Ouattara en Côte d’Ivoire peine à convaincre. Les media qui ont développé les thèses de contestation et d’affrontement en Côte d’Ivoire, en faveur des rebelles et du RDR, en donnant à Alassane Ouattara les arguments du crime, se sentent dans l’obligation de fournir à l’accusation du grain pour sortir ce patin du sable mouvant dans lequel ils l’ont précipité.
Transparency International Arrosée
Les révélations de Panama Papers contredisent aussi les supposées enquêtes de Sherpa, Transparency International, et Amnesty International. Ces organisations et medias occidentaux qui ont toujours traité les chefs d’Etats Africains de corrompus, de meilleurs clients des paradis fiscaux—et traqué pour biens mal acquis(?) certains d’entre eux comme Sassou Nguesso, Obiang Nguema, et Theodorin Obiang, le deuxième vice-président de Guinée Equatoriale, tous absents de la liste jadis secrète de Mossack Fonseca—devraient non seulement avaler leurs rapports, plumes, et micros, mais aussi revoir leurs méthodes d’enquêtes, et surtout réviser leurs notes sur les techniques d’investigations.
Ces documents contestent également dans la pratique l’objectif théorique de Transparency International qui serait d’“arrêter l’abus de pouvoir, la corruption et des accords secrets.” Avec pour vision d’avoir “un monde exempt de corruption.” Cette ONG-comme de nombreuses ONGs occidentales, souvent nourries par les Etats et des fondations privées-est devenue l’outil de propagande du camp du “Bien”, incarné par les puissances occidentales, triomphant sur l’axe du “Mal” représenté par le reste du monde.
Arguer du nécessaire respect du droit des citoyens par la lutte anti-corruption par ces ONGs est très incertain. Le Panama Papers montre que ces chasseurs de corrupteurs/corrompus sont eux-mêmes corrupteurs/corrompus. Non pas à la petite échelle. Ces documents archives de Mossack Fonseca révèlent que Gonzalo Delaveau, avocat et juriste, président de la représentation Chilienne de Transparency International est lié à au moins cinq sociétés offshores-Turnbrook Corporation, DK Corporation, Heatlhey International Inc, Turnbrook Mining Ltd et Vizcachitas Ltd. Toutes enregistrées dans les îles Vierges Britanniques.
Suite à ce scandale, Transparency International au lieu d’investiguer dans sa cours infestée d’individus corrompus qui cachent leur argent dans les offshores et les trusts, ou qui font le chantage auprès de certaines autorités politiques pour se remplir les poches, a plutôt appelé les dirigeants du G20 à interdire les offshores dans le monde entier et à faire de la transparence des registres de propriété une norme internationale. Et à décréter des sanctions contre les pays qui ne respecteraient pas ce principe légal.
L’organisation a également exigé l’établissement des registres d’État publics des propriétaires bénéficiaires de toutes les compagnies pour empêcher les corrompus de dissimuler leur fortune dans les offshores et les trusts par personnes interposées, au nom desquelles le droit de propriété est enregistré.
Une fuite en avant qui démontre que ceux qui font exploser la bombe de corruption ne sont pas plus vertueux que ceux qu’ils dénoncent.
Suspect
A ce premier stade de l’affaire il y a de quoi se poser des questions. D’abord sur l’absence des politiques Américains dans la liste éclose. Les États-Unis serait-il pur, bon et incorruptibles? Philippe Béchade, analyste macro à “la bourse au quotidien,” ne regarde pas dans ce sens. Ce qui est “étonnant” selon lui c’est “qu’un pays qui possède les plus puissantes multinationales, le nom d’aucunes d’entre elles n’apparaissent dans le recours à des cabinets d’avocat Panaméens, des îles Vierges, Singapouriens, Caïmans,…” Mais il a sa petite idée. “Les ‘fuites’ ont été orchestrées par un syndicat de journalistes d’investigation Américain lui-même inspiré par le Centre Américain pour les bonnes pratiques fiscales.” Par conséquent, “on ne sort pas de noms de fraudeurs Américains.” Conclut-il.
L’expert allemand en matière de finances, Ernst Wolf, estime pour sa part que cette ‘fuite’ serait « un maillon de la stratégie Américaine » pour rediriger ces flux financiers depuis les zones offshores vers les Etats Unis. Il soutient qu’“il y a entre 30 et 40 milliards de dollars stockés dans ces entités offshores. Et les Etats-Unis, souhaitent bien sûr que ces fonds soient redirigés vers leur propre pays.”
Pour d’autres, la conclusion en 2010 d’un accord entre le Panama et les Etats Unis qui a mis fin aux tentatives de riches Américains de trouver un refuge fiscal dans ce pays, expliquerait l’absence dans le Panama Papers de noms de citoyens US qui ont acquis illégalement leurs gains. Mais cette explication passe mal.
Pour réparer cette injustice et rééquilibrer un peu l’information, Gerard Ryle, directeur du Consortium International des Journalistes d’Investigation-CIJI- envisage de rendre publics “de nombreux noms d’Américains.” Il a toutefois nuancé que son organisation ne disposait pas d’informations compromettantes sur des hommes politiques Américains.
Ces derniers seraient-ils les plus “moraux” du monde? Le New York Times a une explication. “Les Américains n’ont pas besoin de se rendre à Panama. Il existe un véritable paradis offshore aux Etats-Unis. Ce paradis est tout aussi confidentiel que partout ailleurs.” En effet, les Etats du Nevada, du Dakota du Sud, du Delaware et du Wyoming, sont de véritables paradis fiscaux.
Par ailleurs, à quoi servent les noms qu’on lâche au public après que la tempête soit passée?
Trouver ce qu’on Veut Chercher
En définitive, « ce qu’on trouve dans les millions de fichiers qui composent les archives du cabinet Mossack Fonseca, c’est avant tout ce qu’on va y chercher ». Mais pas ce que ces fichiers révèlent réellement. Par conséquent, “c’est à dessein qu’on a dû y aller chercher les implications russes” ou Africaines dedans, en y impliquant à tout prix le président Gbagbo. Un fait qui confirme que les medias occidentaux, et plusieurs ONG anti-corruption à l’instar de Transparency International, sont en fait des sociétés écrans. Ils représentent “le côté obscur du système financier mondial.” Ils sont aussi les lanceurs d’alerte de déstabilisation des Etats.
On comprend aisément pourquoi les analystes occidentaux du Panama Papers “mélangent affaires personnelles des proches et des familles des hommes politiques et affaires d’Etat.”
Dr Feumba Samen
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